Togo-Les propositions des FDR contre le terrorisme, la vie chère et la décrispation du climat politique

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Les Forces démocratiques pour la République (FDR) ont rencontré les médias ce mercredi 10 août 2022 à Lomé pour donner leur point de vue sur les actualités du Togo. Leurs responsables ont abordé tous les sujets brûlants de l’heure et fait également des propositions.

DECLARATION LIMINAIRE

Depuis novembre 2021, notre cher pays le Togo est confronté au phénomène du terrorisme qui a déjà entrainé plusieurs morts parmi les Forces de Défense et de Sécurité (FDS) et au sein des populations civiles dans les préfectures de Tône et de Kpendjal.

Le parti Forces Démocratiques pour la République (FDR) saisit cette occasion pour réaffirmer avec force et vigueur sa condamnation de ces attaques barbares dont notre pays a fait l’objet, et salue la mémoire des éléments des forces de défense et de sécurité tombés au champ d’honneur et des civils tués de façon effroyable.

Ces attaques ont plongé nos frères et sœurs de la région des savanes dans une désespérance totale, parce que obligés de vivre désormais la peur au ventre à cause de la hantise permanente d’un possible retour de ces groupes terroristes ; ce qui a contraint certains d’entre eux à fuir leurs maisons pour se réfugier dans d’autres localités.

Le phénomène est si alarmant et si préoccupant que le Chef de l’Etat a enfin compris qu’il est indispensable de créer une cohésion nationale pour une meilleure riposte contre ce fléau qui fait des ravages dans la sous-région.

C’est dans la recherche, semble-t-il, de cette cohésion nationale que le Ministre de l’Administration Territoriale, de la Décentralisation et du Développement des Territoires a convié les partis politiques à une réunion d’information qui s’est tenue à la Primature le jeudi 04 Août 2022.

Le parti FDR soutient avec force la mobilisation de tous les Togolais contre cette nébuleuse qui risque de saper le fondement même de notre Nation.

Mais, à voir la manière dont le problème est abordé, la grande question est de savoir si nos gouvernants ont réellement pris conscience que le tissu social dans notre pays est en lambeaux et qu’il faudra engager des actions vigoureuses et courageuses pour le recoudre en vue d’une vraie cohésion nationale qui en elle-même est tout un programme, un processus à multiples facettes.

La cohésion nationale ne se décrète pas. Ce n’est pas une question de slogans. Ce n’est pas non plus par une incantation qu’on la crée.

La cohésion nationale est en effet la résultante d’une série de comportements suscités par une forte volonté politique des gouvernants avec l’adhésion des gouvernés pour promouvoir un réel vivre ensemble, facteur de progrès et de vrai développement.

Malheureusement au Togo, la cohésion sociale n’est qu’un mirage depuis des décennies et les tenants du pouvoir n’en font état que pour bluffer. Les journées de réconciliation armée-nation annoncées à grands renforts médiatiques n’ont été que des farces. Le vivre ensemble est foulé au pied par nos gouvernants qui, pour des raisons de conservation du pouvoir, posent des actes qui sont aux antipodes de la cohésion nationale qu’ils recherchent aujourd’hui frénétiquement.

Ces actes de mépris, de violations des libertés, accompagnés par des violences souvent gratuites, ont atteint beaucoup de nos concitoyens dans leur chair et dans leur âme et ont entrainé de profondes frustrations politiques et sociales dont les séquelles auront du mal à disparaitre.

Or, les frustrations politiques répétées en matière électorale qui amènent les populations d’un pays à penser que les scrutins ne servent plus à rien, les violations flagrantes de leurs droits et libertés, les inégalités sociales criardes qui créent une fracture de plus en plus béante entre une minorité corrompue qui s’enrichit de manière insolente et une majorité constituée de couches déshéritées qui s’appauvrit de jour en jour, constituent un terreau fertile pour l’extrémisme violent et le terrorisme.

Face à la gravité de cette situation sécuritaire que traverse actuellement notre pays, le parti FDR pense qu’il est temps de créer les conditions susceptibles de mettre tous les Togolais en ordre de bataille contre le fléau du terrorisme qui risque d’entrainer des conséquences désastreuses pour nous tous si nous n’y prenons garde.

Mais pour y arriver, il faut d’abord commencer par une décrispation du climat politique dans notre pays et s’attaquer ensuite courageusement à toutes les autres sources de frustrations politiques et sociales pour créer les conditions d’une vraie cohésion nationale.

I- La décrispation du climat politique

Dans leurs dérives autoritaires, les tenants du pouvoir se sont fixés comme objectifs à atteindre vaille que vaille pour la conservation du pouvoir, de faire disparaitre toute opposition à leur règne despotique.

C’est à ces fins qu’ils ont décidé d’étouffer toute contestation en utilisant la peur caractérisée par la terreur dont les manifestations les plus visibles sont les menaces et intimidations, les violences physiques et verbales, les arrestations arbitraires suivies de condamnations iniques.

Dans leur propension à balayer toute résistance sur leur chemin de gloire imméritée, ils se prennent pour des dieux ayant un droit de vie et de mort sur les autres Togolais.

Aujourd’hui, des responsables et militants de partis politiques et de la société civile croupissent en prison ou sont contraints à l’exil. De simples syndicalistes qui réclament uniquement de meilleures conditions de travail sont traqués comme des criminels, radiés de la fonction publique et certains mis en prison. Des journalistes ne sont pas épargnés.

Comment les mêmes gouvernants peuvent-ils logiquement feindre d’ignorer le grave climat de terreur qu’ils ont institué et déployé contre ceux qu’ils ont invités, et qui ne sont pas des ennemis, encore moins des criminels à abattre, pour leur parler de cohésion nationale ?

Le parti FDR pense que la première mesure à prendre par le Chef de l’Etat pour la décrispation du climat politique dans notre pays en vue d’un début de cohésion nationale est une loi d’amnistie pour permettre à tous les prisonniers venant des partis politiques, de la société civile et des syndicats de sortir de leur détention et à tous les exilés de rentrer au bercail.

II- La révision profonde du cadre électoral

Les crises profondes que connait notre pays depuis que nous sommes entrés dans ce qu’on peut appeler l’ère du multipartisme sont les élections, organisées tout le temps dans la fraude avérée en s’appuyant sur une loi fondamentale édulcorée et un cadre électoral taillé sur mesure. Ces élections sont toujours contestées avec leur cortège de répressions sauvages et d’arrestations arbitraires comme réponse des tenants du pouvoir.

Le parti FDR n’a cessé depuis un moment d’attirer l’attention de nos gouvernants sur le fait que beaucoup de Togolais perdent de plus en plus foi en des élections et en la chose publique et qu’un pays dans lequel les citoyens ne croient plus aux élections comme mode de dévolution du pouvoir est un pays en danger.

Pour créer un climat apaisé dans le pays, les gouvernants doivent impérativement rétablir l’équité dans l’organisation des élections pour donner une égale chance à tous, équité qui passe nécessairement par la révision profonde du cadre électoral et le renoncement à la fraude, à la tricherie et la manipulation des résultats des votes, sources réelles de frustrations.

III- Le respect des libertés fondamentales Après la présidentielle de février 2020, le pouvoir a confisqué tous les espaces d’expression des libertés fondamentales. Cette violation des dispositions constitutionnelles s’est renforcée avec l’apparition de la pandémie du covid-19 puis exacerbée depuis quelques mois par le contexte sécuritaire qui prévaut dans notre pays.

En effet, au motif de lutter contre la propagation du coronavirus, le gouvernement a interdit depuis plus de deux ans déjà toutes les manifestations des partis politiques de l’opposition et de la société civile dans le pays, alors que dans les pays de la sous-région, l’apparition de cette pandémie n’a pas remis en cause le bon fonctionnement de la vie politique et associative. Actuellement, c’est derrière le phénomène du terrorisme qui frappe la région des savanes que le gouvernement se réfugie pour poursuivre les violations des libertés individuelles et collectives des citoyens.

Et paradoxalement, au moment où il en ressent la nécessité, le même gouvernement demande aux partis politiques d’aller sensibiliser leurs militants à collaborer avec les forces de sécurité et de défense.

Le parti FDR invite instamment le gouvernement à être conséquent avec lui-même en levant les interdictions des activités des partis politiques et de la société civile pour le retour à une vie politique normale au Togo.

IV- La lutte contre la pauvreté

Les populations de plusieurs régions de notre cher pays et plus particulièrement celles des savanes connaissent une pauvreté endémique, caractérisée par des difficultés réelles de subvenir à leurs besoins les plus élémentaires, notamment se nourrir, se vêtir, se soigner, avoir une éducation, etc…

C’est un secret de polichinelle que cette situation qui pousse beaucoup d’entre elles à la désespérance, surtout les jeunes qui n’ont plus de perspective d’avenir, est le résultat d’une gouvernance calamiteuse de notre pays depuis plusieurs décennies.

C’est pour lutter contre cette pauvreté et permettre à toutes les localités de se prendre en charge que la Constitution togolaise a créé les collectivités territoriales pour s’administrer librement par des conseils élus au suffrage universel, avec pour mission la programmation et l’exécution des actions de développement d’intérêt local de leur ressort territorial.

En 2019, sous la pression des partenaires en développement, le régime en place a fini par se résoudre à organiser les élections municipales, trois décennies après l’avènement du multipartisme.

Du processus exécrable ayant caractérisé ces élections à l’inexistence totale de moyens pour les communes en passant par les révisions en cascade de la loi sur la décentralisation, on comprend aisément les desseins inavoués du pouvoir RPT-UNIR d’avoir une décentralisation en coupes réglées, en totale contradiction avec les règles et principes en la matière.

1. La création du District Autonome du Grand Lomé (DAGL)

Le 26 juin 2019, soit quatre (04) jours avant la tenue des élections municipales, le gouvernement, en catimini, a fait adopter par l’Assemblée Nationale, la loi créant le District Autonome du Grand (DAGL).

Cette forfaiture a été entérinée par la loi Nº 2022-001 du 8 mars 2022 portant création, au titre des collectivités territoriales, de cinq (5) régions dans la perspective des élections régionales. Il s’agit des régions des Savanes, de la Kara, Centrale, des Plateaux et la Région Maritime amputée du Grand Lomé (Golfe et Agoè-Nyivé).

La création du DAGL dont le conseil est composé de membres à moitié nommés et à moitié élus est une violation flagrante de la constitution qui dispose en son article 141, alinéa 4 que : « Les collectivités territoriales s’administrent librement par des conseils élus au suffrage universel dans les conditions prévues par la loi ».

La création du DAGL illustre sans ambiguïté le refus notoire du régime en place d’une vraie décentralisation et surtout sa volonté de soumettre les conseils municipaux du Grand Lomé à l’autorité d’un exécutif nommé et agissant sur injonctions du gouvernement à travers le Ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et du Développement des territoires.

Par ces manœuvres sordides, le pouvoir instaure une confusion et un cafouillage monstre dans la gestion du Grand Lomé. En effet, comment les populations du Grand Lomé pourraient-elles exiger des comptes au Conseil Exécutif du DAGL qu’elles n’ont pas élu ? Le Conseil Exécutif du DAGL rendra plutôt compte au Gouvernement et non aux administrés. Il s’agit là d’une grave violation du droit des administrés et une véritable entorse à l’exercice de la décentralisation.

En excluant des millions de concitoyens de la participation à la gestion des affaires publiques locales, participation qui ne peut être possible que si les collectivités territoriales sont dirigées par des organes élus, le gouvernement confirme sa volonté manifeste de bafouer les principes de base de l’Etat de droit et de la démocratie, gage de développement.

2. Le refus de respecter les prérogatives des communes et la volonté de soumettre les maires

Le 30 juin 2022, l’Assemblée Nationale, à la demande du gouvernement, a adopté une nouvelle modification de la loi sur la décentralisation dans le seul but de dépouiller les conseils municipaux du Grand Lomé de leurs prérogatives, notamment celles relatives à l’adressage des rues.

Cette nouvelle modification de la loi sur la décentralisation a été adoptée après que le Conseil municipal du Golfe 4, usant de ses compétences propres au titre de l’article 82 de ladite loi, a décidé, suite à une délibération votée par la majorité des conseillers municipaux, de procéder à l’adressage de certaines rues de la commune d’AMOUTIEVE.

Devant le conflit qu’il a artificiellement créé entre lui et le Conseil municipal du Golfe 4, le Gouvernement, conscient de l’illégalité de son acte, n’a pas voulu solliciter l’arbitrage du juge administratif comme l’exige la loi sur la décentralisation, mais a eu, sans scrupule, recours à ses députés pour la charcuter, créant ainsi deux catégories de maires dans le même pays en violation, une fois encore, de la Constitution.

Le régime en place montre ainsi clairement à l’opinion nationale et internationale que les lois de la République ne signifient absolument rien à ses yeux et qu’elles peuvent être constamment violées et charcutées au gré de ses intérêts partisans.

Par ailleurs, l’obligation désormais faite aux maires d’obtenir l’autorisation du Ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et du Développement des territoires avant toute sortie du territoire national, au risque d’être destitués, illustre à suffisance la volonté du régime de placer les élus locaux sous la tutelle du gouvernement au mépris de l’article 22 de la constitution qui dispose en son alinéa 2 que : « Aucun Togolais ne peut être privé du droit d’entrer au Togo ou d’en sortir ».

3. Le refus de doter les communes de moyens financiers et techniques conséquents

La loi sur la décentralisation prévoie que l’Etat transfère des moyens financiers et techniques aux communes. Les six milliards (6.000.000.000) de francs CFA affectés aux 117 communes à travers le Fonds d’Appui aux Collectivités Territoriales (FACT) ne constituent que des miettes au regard des nombreux besoins d’investissement et de fonctionnement de ces communes.

Comment dans ces circonstances, les communes dont la plupart ne disposent pratiquement pas de ressources propres peuvent-elles mener à bien leurs actions de développement en faveur des populations ?

Plus grave, le Gouvernement, à travers l’Agence Nationale du Développement à la Base (ANADEB) à qui revient le droit de gérer pour les communes une partie des dotations affectées aux investissements, interfère de manière outrancière dans la gestion de ces fonds.

Et c’est au moment où le gouvernement reconnait son incapacité à doter les communes en ressources financières et matérielles conséquentes pour répondre aux préoccupations majeures de leurs administrés, qu’il se prépare à organiser des élections régionales qui pourraient coûter aux contribuables togolais près de 16 milliards de FCFA selon l’association ‘’Veille économique’’, dans la seule et vraie perspective de la mise en place d’un Sénat qui n’apportera rien au développement de notre pays, bien au contraire.

Au regard de tout ce qui précède, le parti FDR fait constater que la décentralisation est en péril dans notre pays et invite instamment le pouvoir à mettre fin à l’infantilisation des maires, à toutes les manœuvres qui hypothèquent dangereusement l’avenir de la décentralisation dans notre pays.

Le parti FDR voudrait saisir cette occasion pour interpeller les partenaires en développement qui accompagnent le processus de décentralisation au Togo à intervenir auprès du gouvernement afin de faire cesser ces dérives autocratiques qui risquent d’annihiler tous les efforts consentis.

V- Trouver des solutions urgentes à la vie chère

Notre pays, depuis plus deux ans, est confronté au phénomène de la vie chère, caractérisé par la hausse exponentielle des prix de nombreux produits de première nécessité tels que le riz, le maïs, l’huile de cuisine, le sucre etc.

Cette situation a affaibli gravement le pouvoir d’achat des populations dont le plus grand nombre d’entre elles était déjà affecté par la pauvreté, les plaçant encore un peu plus dans l’impossibilité d’assurer leurs besoins fondamentaux élémentaires.

Au lieu de prendre de véritables mesures susceptibles de soulager la souffrance des populations confrontées à la misère, le gouvernement prend plutôt des décisions économiques qui menacent dangereusement la survie de la majorité de nos concitoyens. Il s’agit entre autres, de la double hausse du prix du carburant en l’espace de quelques mois, l’augmentation excessive des tarifs de péage avec des répercussions négatives sur les frais de transports des produits de grande consommation.

Le parti FDR pense que c’est un devoir pour tout Etat sérieux d’apporter assistance à ses citoyens quand ils sont confrontés à des difficultés comme c’est le cas actuellement avec le phénomène de la vie chère.

C’est pourquoi il formule les propositions suivantes :

– la suspension provisoire des tarifs de péage ou, à défaut, leur réduction de moitié ;

– la réduction conséquente de la Taxe sur les véhicules à moteur (TVM)

– le relèvement de la subvention des produits pétroliers, ce qui entrainera la baisse du prix du carburant à la pompe ;

– la baisse des taxes à l’importation sur les produits de premières nécessités ;

– le relèvement du Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti (SMIG) comme l’ont fait d’autres pays de la sous-région ;

– l’augmentation des salaires des travailleurs de tous les secteurs ;

– la réduction du train de vie de l’Etat ;

– la lutte contre la corruption à travers des mesures concrètes.

Le parti FDR exhorte les gouvernants à prendre en compte toutes les observations et propositions qui précèdent pour récréer entre les acteurs politiques, la société civile, les forces de sécurité et de défense et l’ensemble des populations, un nouveau climat de confiance, seul susceptible de provoquer une vraie réconciliation, en leur faisant observer que s’ils continuent de marginaliser et de mépriser l’opposition, d’utiliser la violence et les intimidations pour étouffer toute contestation, de refuser la transparence des élections, de poursuivre une gestion économique opaque du pays avec ses corolaires de corruption et de pillage, d’appauvrir les populations, ils auront du mal à créer les conditions d’une réelle cohésion nationale.

 Fait à Lomé, le 10 Août 2022

 Forces Démocratiques pour la République (FDR)

Source : icilome.com