Les manifestations de l’opposition n’ont pas eu lieu hier, les militaires ayant été positionnés aux différents points de départ. On a enregistré à Lomé et dans plusieurs autres villes des actes de violence de la part des militaires. Un cortège de l’opposition a essuyé des tirs sur la route d’Adidogomé. La Coalition a décidé de porter plainte pour tentative d’assassinat. Les populations sont appelées à descendre dans la rue aujourd’hui et samedi.
Bè, Totsi, Agoè, Akodesséwa, Adidogomé, etc. Plusieurs quartiers de Lomé ont vécu hier une situation qui rappelle les sombres moments de la répression des manifestations populaires au Togo. Cette répression a été également vécue dans les villes de Kpalimé, Tchamba, Sokodé, Bafilo, Mango, Sokodé et Anié où les militaires s’en sont pris à tous ceux qui tentaient de se rassembler pour les manifestations auxquelles a appelé la Coalition de l’opposition.
Pour faire le bilan de cette première journée, les responsables de l’opposition ont convié les médias à une conférence de presse au siège de la Convention démocratique des peuples africains (CDPA). Dans la présentation faite par le député Jean Kissi, il était question de la situation des différentes localités qui ont connu la violence militaire. Dans les localités du nord du pays, Tchamba, Bafilo et Sokodé sont à l’avant-garde de la contestation. Très tôt, tout attroupement a été dispersé. L’on a signalé des courses poursuites et des tirs de grenades lacrymogènes. Quatre blessés ont été enregistrés à Kparatao, idem à Sokodé où les voies d’accès à la ville ont été bloquées par les militaires.
A Anié, les premiers rassemblements des militants ont commencé à la mi-journée. Selon les responsables de la Coalition, les responsables du Parti national panafricain (PNP) et de l’Alliance nationale pour le changement (ANC) ont été pris en chasse par les militaires, « mais ont pu se mettre en lieu sûr grâce à la détermination des militants ».
A Kpalimé, les premières échauffourées ont commencé peu après 8 heures du matin. Des arrestations ont eu lieu entre 11 heures et midi. Mais la Coalition rapporte que la manifestation a pu se faire un court moment à la faveur de l’épuisement de la cargaison de grenades lacrymogènes dont disposaient les forces de répression.
La situation à Lomé était tout aussi tendue, sinon plus que dans les villes de l’intérieur. En lieu et place des policiers et gendarmes, c’étaient les militaires qui étaient à l’œuvre. Armes aux poings pour certains, grenades lacrymogènes pour d’autres, ils ont sillonné les points de départ de la manifestation et pourchassé les manifestants. A certains endroits de la ville, toute personne habillée en rouge ou à l’effigie des autres partis politiques étaient systématiquement prise pour cible.
Mais des faits plus graves ont été enregistrés. « Nous sommes partis aux points de départ pour constater de visu comment les choses se passaient. A Sancta Maria, des femmes étaient venues saluer Jean-Pierre Fabre à notre arrivée quand les tirs de gaz ont commencé », dénonce Jean Kissi. La suite est encore plus inquiétante. La Coalition a souligné que les militaires ont attenté à la vie des responsables politiques. Après avoir dépassé le Supermarché Le Champion en direction du centre-ville, le cortège de l’opposition qui arrivait d’Adidogomé a été coupé en deux par les militaires qui ont fait usage de leurs armes. « Les véhicules de Jean-Pierre Fabre, Nicodème Habia et de gardes ont été encerclés. Ils ont cassé les pare-brise avec les crosses des fusils. Un militaire se positionnait pour tirer quand un véhicule l’a frôlé », a décrit Jean Kissi.
Face à ces faits, l’opposition a décidé de porter plainte pour tentative d’assassinat. « Il y a eu une volonté délibérée de réprimer et d’assassiner. Nous estimons que c’est une tentative d’assassinat et la Coalition va porter plainte », a averti Mme Brigitte Adjamagbo-Johnson, Coordinatrice de la Coalition.
Pour Jean-Pierre Fabre, ce qui s’est passé ne peut pas manquer d’avoir des suites sur les discussions. « C’est de la sauvagerie », a-t-il déploré en rappelant que le 28 décembre 2017, son véhicule a essuyé des tirs à balles réelles.
Le bilan provisoire du jour fait également état de plusieurs arrestations ainsi que 25 blessés dont notre reporter, Géraud Afangnowou qui a été touché à la cuisse droite par une grenade lacrymogène tirée en sa direction.
Malgré les violences militaires, l’opposition a décidé de poursuivre les manifestations aujourd’hui et samedi, comme prévu. « Nous continuons les manifestations demain et samedi comme annoncé. J’appelle les Togolais à résister. Nous sommes dans une Coalition solide avec un peuple déterminé », a conclu Nathanaël Olympio, leader du Parti des Togolais.
Il faut rappeler qu’alors que nous suivions les barbaries au Carrefour du marché de Bè, un militaire a appelé ses camarades à revenir la nuit pour poursuivre la répression. « On va revenir à 4 heures pour les taper », a-t-il promis. La responsabilité des ministres de la Sécurité et de l’Administration territoriale est engagée.
G.A.
Source : Liberté No.2654 du 12 Avril 2018
Vidéo : iVT
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