Jadis réservée aux personnes aisées, la chicha est entrée aujourd’hui dans le quotidien de plusieurs togolais principalement les jeunes. Dans les maisons, bars, restaurants ou encore boîte de nuit, la chicha est présente. C’est tout simplement, la nouvelle tendance à Lomé.
Pipe à eau très répandue dans les pays arabes et récemment dans les pays occidentaux, la Chicha est utilisée pour arroser des soirées entre des amis ou collègues. Aujourd’hui cette pratique est à la mode à Lomé. Jeunes, vieux, femmes tous sont devenus accros à la Chicha.
Un phénomène sociétal…
Quartier Zongo, dans la préfecture d’Agoé (15 km du centre-ville de Lomé), devant une maison, quatre jeunes sont assis sur un banc. Devant eux, une bouteille contenant de l’eau aromatisée, liée à un tuyau. La bouteille est couverte d’une plastique non inflammable capable de supporter du charbon. Non loin d’eux, il y a un foyer contenant du feu de charbon de bois. « On met le feu sur le plastique qui est au bout de la bouteille et on laisse chauffer un peu. Puis, on aspire la fumée à travers le tuyau. L’eau qui est dans la bouteille contient de l’arôme ce qui donne un certain parfum à la fumée. C’est agréable. Mais des fois on peut mettre aussi de l’alcool pour donner plus de puissance à la fumée », nous explique Aziz, 20 ans environ. Très concentré sur sa préparation, le jeune homme a commencé à prendre la Chicha depuis une année.
Dans ce groupe de jeune, il est presque considéré comme un novice. Après un temps de réflexion, Dodji, habillé d’un t-shirt blanc, sur un Jeans noir, une casquette portée à l’envers, assis à l’extrême gauche du banc demande à ses copains de lui envoyer la Chicha. Il aspire deux coups et dixit, « j’ai commencé cela fait longtemps. Je ne fume pas mais avec la Chicha je me sens bien ». De même que Dodji, les deux autres jeunes sur le banc sont habitués à la Chicha depuis des années. Et dans le quartier, ils passent presque inaperçus. Puisque sur la plupart des habitants du quartier qui passent devant ces jeunes, personnes ne leur a rien dit. « Si c’est qu’on fumait de la cigarette. Ils allaient rapidement appeler nos parents. Aujourd’hui nous ne sommes pas nombreux. Parfois, il y a des gens qui viennent se joindre à nous ». Ces jeunes ne sont pas les seuls férus de la Chicha.
A Lomé, plusieurs bars et restaurants font désormais de la présence de la Chicha sur leurs tables, un atout pour attirer plus de clients. Dans un restaurant, situé sur le Boulevard du 13 janvier, une jeune femme, cheveux courts teintés en jaune, pantalon stretch assorti de baskets lumineuses ne passe pas inaperçue. Son accent parigot haut perché, autant que le sourire qu’elle laisse fuser de temps en temps, est comme une affiche : ‘‘arrive tout droit de Paris’’. Elle tire depuis maintenant quelques minutes sur la Chicha posée devant elle sur la table. A son voisin qui lui demande de faire tourner, elle lance dédaigneuse : ‘‘mon pote, je ne partage pas. Si tu veux fumer, demande qu’on t’en apporte une autre. On ne va quand même pas se partager nos salives’’. Derrière le comptoir du bar, une dizaine de Chicha sont alignées dans un coin. En une soirée, elles pourront servir toutes, si le restaurant est au complet car les abonnés au tabac parfumés ne peuvent plus s’en passer. « Au début, nous n’avions que deux Chichas, mais nous avons eu tellement de demandes que le patron a décidé de s’en approvisionner. Là, nous avons des chichas qui coûtent 2 500 à 3000 FCFA », explique une serveuse. De nos jours à Lomé, il est de bon ton de commander une Chicha, quand on est assis à la terrasse d’un restaurant ou au bord de la plage. Une attitude qui ne manque pas souvent d’attirer les regards, parfois envieux ou curieux des autres. « Ça fait classe de fumer une Chicha, confie un adepte. Beaucoup de gens ne connaissent pas ou n’ont jamais goûté à la Chicha et ils sont curieux quand ils vous regardent ». Même dans l’attitude des fumeurs de Chicha, on sent bien cette envie de se faire remarquer.
Comme le tabac, un danger pour la santé…
Le tabac est un danger pour la santé. Et les fumeurs le sa posée vent bien. C’est pourquoi certains se tournent vers la Chicha pour étayer leur besoin en nicotine. Mais ce que ces consommateurs ignorent sûrement, c’est que cette alternative à la cigarette n’en est pas vraiment une. En voulant se mettre à l’abri du grand taux de nicotine contenu dans la cigarette, tout simplement, on tombe dans un piège parfumé, mais tout autant dangereux, sinon plus. Des études scientifiques montrent qu’une séance de Narguilé expose le fumeur à une quantité de fumée plus grande que pour les fumeurs de cigarette. Alors que le fumeur consomme généralement une cigarette en 5 minutes (entre 0,5 et 0,6 litre de fumée), le fumeur de Narguilé fume pendant 20 à 60 minutes et inhale entre 50 et 200 bouffées de 0,5 à 0,25 litre chacune. Faites le calcul ! C’est dire qu’une séance de Narguilé expose le fumeur à un volume de fumée correspondant à plus de 100 cigarettes par session. Alors avis aux adeptes de la Chicha.
Source : Le Canard Indépendant
27Avril.com