« Quand la perversion narcissique est au pouvoir, réprimer ses opposants est le seul chemin que sa duplicité sait emprunter » (Patrick Louis Richard)
A l’occasion des 10 ans du parti UNIR célébrés avec faste à Atakpamé, Charles Kondi Agba, le président des « sages » du parti présidentiel, a lancé un appel aux formations politiques de l’opposition à jouer leur rôle et à être constructives. « On ne peut pas danser et s’apprécier à la fois et c’est le rôle de l’opposition de critiquer afin de permettre à ceux qui sont au pouvoir de corriger. C’est ce qui se fait dans tous les pays, une opposition constructive qui applaudit quand c’est bon et désapprouve quand c’est à améliorer. Et cela permet aux gouvernants de voir qu’ici ils pourraient faire mieux, mais si devant vous, il n’y a vraiment rien, c’est une situation dangereuse », déplorait Charles Kondi Agba.
Curieusement, au même moment où le vieux sage de l’UNIR lançait cet appel, une escouade de la soldatesque de Faure Gnassingbé a encerclé le siège de la CDPA où devrait se tenir une réunion de la Dynamique Monseigneur Kpodzro (DMK), une coalition dont le parti de Brigitte Adjamagbo-Johnson est membre, empêchant responsables et militants d’y avoir accès. Comment peut-on comprendre ce paradoxe ? Comment l’opposition peut-elle jouer véritablement son rôle quand le régime lui mène la vie dure et l’empêche de mener librement des activités politiques?
Si ces actes d’un autre siècle ont encore cours à Lomé, on peut aisément imaginer ce qui peut se passer dans les villes à l’intérieur du pays qui constituent des républiques dans la République où les préfets et sous préfets se livrent à des dérives et abus de toutes sortes. Il va de soi que ces potentats locaux qui se sont toujours distingués dans des actes d’intimidation, de harcèlement et d’entraves à l’exercice des activités des partis politiques de l’opposition, devraient interdire l’accès de leurs localités à l’opposition.
Cette attitude dénote de la fourberie et des dérives liberticides qui ont toujours caractérisé le régime despotique de Faure Gnassingbé. Un Etat policier et une dictature féroce, hostile à toute évolution et aux valeurs de démocratie.
Le « sage » Agba Kondi peut-il expliquer aux Togolais par quel moyen on pourrait construire ensemble un pays s’il n’y a pas de diversité d’opinions ? Ou comment peut-on avoir une opposition constructive alors qu’on observe une forte restriction de libertés d’expression, d’association et de réunion ?
Ce que l’ancien ministre de la Santé feint d’oublier est que son régime s’est toujours attelé à détruire l’opposition au Togo. La preuve, les formations politiques de l’opposition, bien que légalement constituées, sont interdites d’activités. De plus, le régime qui a érigé la force et la peur en mode de gouvernance depuis 55 ans, traque les opposants qui sont contraints à l’exil, d’autres arrêtés et jetés en prison pour avoir simplement usé de leur droit de liberté d’opinion. Plusieurs militants des partis d’opposition arrêtés lors des manifestations populaires de 2017 ou dans l’affaire dite « Tigre Révolution » sont toujours maintenus en détention dans des conditions inhumaines et dégradantes. Les arrestations et détentions arbitraires des militants de l’opposition et activistes continuent de plus belle.
Par ailleurs, le régime a fortement verrouillé le jeu politique et restreint les espaces de liberté. Depuis deux ans, au mépris de la Constitution et des lois en vigueur, les manifestations publiques sont interdites. Dans ces conditions, il est illusoire d’espérer des adversaires politiques de jouer leur rôle d’opposition « constructive ». Charles Kondi Agba est censé le savoir. On ne peut pas demander l’impossible à ses opposants.
Médard Amétépé
Source : Liberté / libertetogo.info
Source : 27Avril.com