La Chine semble devenir de jour en jour l’un des plus grands prédateurs des richesses de l’Afrique à la suite des Occidentaux. Sous le vocable pompeux de « partenariat gagnant-gagnant », le géant asiatique investit tous les secteurs en Afrique et suscite de plus en plus de méfiance dans certains pays.
Au Togo, la présence chinoise remonte à plusieurs décennies et s’est renforcée ces dernières années. Ils sont présents un peu partout dans les travaux publics par la construction des routes, des immeubles publics, au port avec 50% des actions de LCT, le port privée de Lomé, dans les mines, dans les télécoms, à l’aéroport où ils ont installé des entrepôts pour traiter le fret aérien en provenance de l’Asie, etc. Ce partenariat souvent célébré avec faste lors des inaugurations d’ouvrages, se fait en réalité au détriment des pays africains, le Togo y compris.
Les milliards de dettes contractées auprès de la Chine par les régimes obscurs africains sur fond de corruption participent à assombrir davantage l’avenir des peuples du continent. Les scandales touchant les réalisations chinoises au Togo sont légion. Les fameux contournements de Bafilo, Aledjo estimés à plus de 17 milliards réalisés approximativement par des entreprises chinoises sont une preuve tangible. Ces deux tronçons qui ont englouti ces milliards sont à leur troisième replâtrage, mais personne du côté chinois et togolais n’a encore été mis en cause.
Et pourtant il s’agit d’un cas de haute corruption. Togotelecom en faillite aujourd’hui et qui continue par payer ses dettes est aussi un cas parmi tant d’autres. Sous la direction du DG d’alors, Sam Bikassam dont la gestion a été des plus scabreuses, un contrat aux contours assez obscurs a été signé avec la société Huawei pour la livraison du matériel. Des sources évoquent 30 millions de dollars pour un matériel totalement défectueux. Une grande partie de cette bagatelle a servi à nourrir les circuits mafieux. La nouvelle direction qui continue de payer cette dette énorme a été obligée de retirer certains produits issus de ce contrat de la circulation. Les responsables véreux de cette société Huawei dont le siège se trouve à la cité OUA et leurs complices togolais se la coulent douce.
Le cas Huawei fera l’objet d’un autre dossier. Enfin, l’aéroport présenté comme l’ouvrage du siècle au Togo dont le budget est passé du simple au double alors que certains compartiments prévus lors de la présentation de la maquette comme l’hôtel ont disparu de la réalisation. Sur les chantiers, les accrochages et les grèves sont souvent signalés entre les ouvriers et les responsables chinois.
Vente sans traçabilité de gravier à quelques mètres de la Présidence
Les abords du palais de la nouvelle Présidence sont un lieu des plus sécurisés. Un camp militaire, le siège de l’ANR, la plus tristement célèbre des agences de renseignements du Togo, et enfin les dizaines de loubards et autres agents doubles qui écument les lieux pour détecter n’importe quelle menace. C’est cet endroit donc que les Chinois ont choisi pour stocker leur gravier. Le site de stockage se trouve derrière le CHR-Lomé commune et est à moins de 300 m du palais de la Présidence.
Ces Chinois dont la société est difficile à identifier seraient les mêmes qui ont construit le lycée scientifique, selon des sources. A la fin des travaux, certains ne sont pas rentrés. Ils ont acquis des hectares de terrain à Agbélouvé dans la préfecture de Zio sur lesquels ils exploitent du gravier. Ce gravier est ensuite acheminé sur le site de Kegué non loin de la Présidence.
Dans un premier temps, le site a été baillé auprès des propriétaires terriens et du gouvernement pour une durée de 5 ans et ce bail vient d’être prorogé pour 20 ans. Sur ce site, se déroule un véritable business, loin des regards et même des fameux radars de la Présidence et de l’ANR. Les Chinois livrent des milliers de tonnes de gravier concassé aux autres sociétés chinoises en charge de la réalisation des routes, mais aussi aux entreprises togolaises, étrangères et aux particuliers.
Les clients payent cash et n’obtiennent aucun reçu des vendeurs. Un tour sur le site accompagnant un client a permis à la Rédaction de se rendre compte des faits. Aucun reçu n’est délivré quel que soit le coût de la marchandise. Tout se fait sans trace. Ce business juteux qui génère des dizaines de millions FCFA par mois échappe au contrôle de l’OTR dont les agents s’acharnent sur les petits commerçants dans les rues.
Les sous ainsi engrangés sont partagés avec les complices togolais qui sont aux deux ministères, ceux des Mines et de l’Energie ainsi que des Transports et Travaux publics, au détriment des caisses de l’Etat.
Voilà comment la gouvernance hasardeuse et catastrophique a mis tous les secteurs vitaux du pays en coupe réglée. Le gravier concassé est devenu depuis quelques années la chasse gardée des libanais et des chinois arrachent aux paysans de l’intérieur du pays plusieurs hectares de terres. Nos richesses sont ainsi bradées aux étrangers qui se font des milliards sur le dos du peuple togolais tout en prenant soin de rapatrier systématiquement ces fonds dans leurs pays d’origine.
Source : L’Alternative No.718 du 13 juillet 2018
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