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Togo : les bouviers sur le fil du rasoir dans le Nord

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La fin d’année fut douloureuse pour certains concitoyens dans le grand nord. Non seulement ils ont eu maille à partir avec les militaires du camp de Nioukpourma, mais une vingtaine de têtes de leur bétail a été abattue et gravement blessée de façon inexpliquée. Et pourtant, ce sont des bouviers sédentaires vivant en permanence sur le territoire national.

Dans la nuit du 26 au 27 décembre 2022, des incidents évitables se sont produits et qui auraient pu être gérés autrement, surtout en ces temps sensibles où les forces de défense et de sécurité ont plus que besoin de la participation des populations autochtones pour circonscrire la menace terroriste qui menace le nord, et donc tout le pays.

Préfecture de Tône. A quelques kilomètres du camp de Nioukpourma, des bœufs ont été abattus et d’autres grièvement blessés par balle. Que s’est-il vraiment passé ? Nous avons rencontré un parent de victimes qui a accepté de témoigner.

A l’en croire, des bouviers locaux de la préfecture de Cinkassé, plus précisément en provenance du canton de Timbou avaient l’habitude de déplacer leurs troupeaux vers la préfecture de Bombouaka, à la recherche de pâturage. Et ce n’est pas cette année que cette forme de migration a commencé.

Mais sur le chemin vers Bombouaka, et surpris par la tombée de la nuit, ils devaient passer la nuit dans la zone de Nioukpourma. Sauf que les habitants du milieu ne seraient pas d’accord pour les héberger cette nuit-là. Ce qui les aurait contraints à poursuivre leur chemin. Alors qu’un couvre-feu a été instauré pour juguler les attaques terroristes.

Le camp de Nioukpourma n’étant pas très loin de leur position, les bouviers se seraient retrouvés nez à nez avec des militaires. « On ne sait pas si les militaires avaient été informés ou non de leur passage », nous confie-t-il. Mais toujours est-il qu’ils ont été interpellés par les forces de défense après qu’ils ont tenté de fuir. Au nombre de cinq, le plus âgé aurait 36 ans et les plus jeunes, 13 et 9 ans.

Que reproche-t-on aux bœufs ?

Les bêtes ont-elles commis un crime ? Après que les cinq personnes ont été arrêtées, les militaires s’en seraient pris aux animaux. Quatorze ont été abattus sur place, neuf gravement atteints et irrécupérables, ce qui a obligé les propriétaires à les vendre à vil prix dès le lendemain ; treize autres seraient légèrement touchés. D’autres animaux se sont éparpillés dans la nature. « Contrairement à l’information selon laquelle il y aurait eu des échanges de tirs, il n’en est absolument rien, c’est archi faux. C’étaient des enfants et aucun d’entre eux ne portait d’arme », déclare notre source.

Des militaires ont aidé à retrouver quelques animaux

Le lendemain, des militaires ont aidé à retrouver certains bœufs dispersés dans la nature. Les propriétaires ont ensuite récupéré les bœufs abattus pour en faire ce qu’ils pouvaient en faire.

Lorsque l’information est parvenue au village, deux jeunes s’étaient rendus à moto sur les lieux où les animaux gisaient encore au sol. Et à la vue des militaires au loin, ils auraient tenté de fuir, comme leurs frères la veille. Un coup de feu serait parti et l’un d’entre eux a été atteint à l’abdomen, sans causer de dommages irréversible. Aux dernières nouvelles, tous les jeunes ont été relaxés.

Cet incident ne se serait pas produit si les bouviers avaient passé la nuit à Nioukpourma, si les habitants du milieu ne les avaient pas rejetés, et s’il n’y avait pas une situation d’insécurité qui a obligé les autorités à décréter le couvre-feu dans la région.

Notre interlocuteur a souhaité que les relations entre militaires envoyés dans la zone et les populations soient assises sur des bases saines. Parce qu’il y aurait des comportements quelque peu déplorables de la part de certains et qui ne seraient pas du goût des habitants de la localité. S’agissant spécialement de relations interhumaines entre gens de sexes différents. Pour lui, cette situation ne serait pas de nature à tisser des liens solides pouvant permettre une union sacrée contre l’ennemi commun. A qui veut comprendre, demi-mot suffit.

Avec Liberté

Source : Togoweb.net