Togo : Le régime Faure Gnassingbé affiche ses intentions avec le vrai faux dialogue à venir.

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Pour la première fois depuis le début de la crise, en dehors des sorties liées aux manifestations, le gouvernement avec des ministres en fonction, a organisé le jeudi 07 décembre dernier une conférence de presse pour se prononcer sur la situation qui prévaut au Togo. Autour de la table face à la presse, on a aperçu Gilbert Bawara de la Fonction Publique, Boukpessi Payadowa de l’Administration Territoriale, Pius Agbetomey de la Justice et Yark Damehame de la Sécurité.

Togo : Le régime Faure Gnassingbé affiche ses intentions avec le vrai faux dialogue à venir.

Pour le gouvernement, toutes les dispositions sont prises pour le démarrage effectif du dialogue. Dans la foulée, M. Bawara a recensé une série de dix mesures : La levée des restrictions temporaires qui avaient été décidées pour limiter les marches et les manifestations publiques en semaine.

  • La mise en place d’un dispositif concerté à l’issue des discussions avec la coalition des 14 partis et des autres partis politiques du pays afin d’encadrer les manifestations publiques et de prévenir les risques de débordements et d’incidents qui sont préjudiciables à l’ordre public.
  • La restitution des engins à deux (02) qui avaient été saisis à Lomé le 07 septembre 2017 alors qu’une manifestation s’est déroulée et s’est poursuivie au-delà des heures réglementaires.
  • La libération suite à une mesure de grâce présidentielle de 42 personnes, membres de la coalition des 14 partis qui avaient été interpellées, jugées et condamnées à des peines de prison ferme pour des délits divers commis en marge des manifestations publiques. Il en est de même pour le secrétaire général du PNP.

Des mesures supplémentaires sont encore envisagées en faveur d’autres personnes qui ont été jugées et condamnées pour des faits similaires.

Les personnes interpellées et dont les dossiers sont en cours d’instructions, notamment le cas des imams de Sokodé et Bafilo, des mesures sont envisagées en leur faveur et ce, dans le respect des règles de la procédure pénale. [Les deux imams sont libérés vendredi]
-Concernant les personnes inculpées dans l’affaire des incendies des marchés, la justice a procédé à la levée de la procédure de contrôle judiciaire à laquelle était soumis M. Jean Pierre Fabre. Les autres personnes en détention provisoire dans la même affaire des incendies, la procédure d’instruction est quasiment bouclée et des mesures de clémence pourraient être envisagées à l’issue du procès.

-L’allègement du dispositif sécuritaire déployé à Sokodé, Bafilo et Mango est aujourd’hui chose acquise. Des mesures qui ont été prises avec effet immédiat suite à la visite à Sokodé par le Chef de l’Etat pour favoriser la normalisation des activités dans cette localité. (Retrait des forces de défense qui y étaient déployés, et le déploiement en retour du plan sentinelle afin de renforcer la sécurisation des lieux et des édifices publics).

  • La prise en charge par le gouvernement des personnes blessées lors des manifestations publiques.
  • La disponibilité du gouvernement à étudier avec les partis politiques, les conditions et les modalités pouvant permettre une reprise progressive des manifestations publiques dans les villes de Sokodé, Bafilo et Mango.

Ces mesures sont liées au comportement responsable des partis politiques qui doivent s’abstenir des appels à la haine et à la violence.

La disponibilité constante du gouvernement à prendre toute mesure de sécurité et de protection au profit des leaders des partis politiques qui en font officiellement la demande auprès des services compétents de l’Etat. L’objectif étant d’éviter les mesures de sécurité ou de protection qui seraient prise à l’initiative du gouvernement, sans la demande et la volonté des personnes concernées et qui pourraient être interprétées en diverses manières.

A l’aune de ces mesures énoncées, Bawara estime que « toutes les conditions sont réunies pour permettre le démarrage effectif du dialogue ».
Des invitations seront adressées aux principaux partis politiques afin de les convier à des consultations visant à recueillir leurs suggestions concernant le format et les modalités du dialogue.

A la suite de Bawara, Payadowa Boukpessi avance que l’organisation du dialogue n’hypothèque pas la tenue du référendum constitutionnel. « Le Référendum aura bel et bien lieu et la commission électorale travaille sur les préparatifs. Il n’y a aucune contradiction entre dialogue et référendum », dit-il. Le lendemain vendredi, le Président de UNIR retourne sur le twiter et dit appeler officiellement au dialogue. « Puisse les mesures d’apaisement et le climat de décrispation créés par le gouvernement constituer les bases solides pour les discussions sincères et fécondes. J’invite tous les acteurs politiques de toutes obédiences à un sursaut national qui permettra aux différents composants de se retrouver autour d’une table. L’une de nos plus grandes qualités, sur la terre de nos Aïeux, reste le dialogue. Je nous invite donc à un dialogue au Togo », a déclaré Faure Gnassingbé pour appuyer ses ministres.

Les réelles intentions affichées

La coalition des 14 partis politiques au-devant de la lutte ne s’est pas fait prier pour « recadrer » le gouvernement. La Coalition tient à faire part de son étonnement face à l’intention exprimée par le gouvernement d’adresser des invitations aux principaux représentants des partis politiques afin, dit-il, « de les convier à des consultations visant à recueillir leurs suggestions concernant le format et les modalités du dialogue ». Nous estimons que le régime qui inclut le Chef de l’Etat, le gouvernement et le parti RPT-UNIR au pouvoir, est l’un des deux protagonistes de la crise et ne peut par conséquent, s’ériger en juge alors qu’il est partie », a indiqué la coalition en conférence de presse vendredi.

A y voir de près, il s’agit d’un vrai faux dialogue annoncé par le gouvernement. Les mesures d’apaisement exigées par l’opposition sont connues du gouvernement et du chef de l’Etat.

Ils savent tous qu’elles ne sont pas encore réunies mais pourquoi déclarer de façon péremptoire que toutes les conditions sont réunies cache mal sa mauvaise foi. Ensuite, de quelles mesures d’apaisement parle-t-on quand le ministre de la Justice Agbetomey annonce que les personnes détenues dans l’affaire des incendies passeront au procès bientôt ? Surtout que ces personnes ont déjà passé bientôt cinq ans de leur vie gratuitement en prison.

Par ailleurs, lorsque l’éternel ministre Boukpessi [ministre depuis 1992] avance que le référendum est toujours d’actualité, cela montre que le pouvoir qui dit que toutes les conditions sont réunies, a déjà son plan caché pour faire capoter les discussions afin de retourner à son fameux référendum qui n’est aucunement la solution.

Autre détail, lorsqu’un chef d’Etat, après près de quatre mois de crise avec plus d’une vingtaine de morts, refuse de s’adresser au peuple et annonce le dialogue par twiter, c’est un élément fondamental du peu de sérieux qui caractérise la gouvernance au Togo.

Il revient aux forces démocratiques de rester constamment éveillées pour sauver le peuple du désastre.

Kokou Agbemebio

Source : Le Correcteur No.795 du 11 décembre 2017

27Avril.com