Les infrastructures sanitaires au Togo sont dans un état de délabrement avancé. Des Centres Hospitaliers Universitaires aux Centres Hospitaliers Régionaux en passant par les Unités de Soins Périphériques, tout manque. Au CHU Sylvanus Olympio, le plus grand centre hospitalier du Togo, c’est la catastrophe. Même le scanner est un luxe là-bas.
Face à une situation de ce genre, un gouvernement responsable doit y faire face car la santé n’a pas de prix. Logiquement, s’il faut redonner vie au CHU Sylvanus Olympio, il faut s’attaquer aux différentes unités de soins où on va jusqu’à prescrire des seringues et cotons aux patients.
Malheureusement, la grande réforme annoncée par le ministre de la Santé et de l’Hygiène Publique a commencé par la morgue.
Morgue du CHU SO à nouveau opérationnelle
Fermée le 15 juillet 2018 par le gouvernement togolais pour trois mois, la morgue du CHSO n’a été rouverte que le jeudi 1er août dernier soit plus d’un an après. A l’époque, il a été annoncé que « des travaux de réhabilitation de la morgue vont démarrer le 16 juillet 2018 pour une durée de trois (3) mois », avait promis Mustafa Mijiyawa, ministre en charge de la Santé, à travers un communiqué rendu public le 03 juillet 2018.
L’infrastructure rénovée est composée de 304 places contre 194 auparavant, en plus d’une salle d’autopsie équipée pour les besoins de la médecine légale.
Les travaux de réhabilitation ont également permis la séparation des flux entrants et sortants, la création d’une zone de pré-nettoyage des corps accidentés, la mise en place de deux zones de conservations. Il s’agit des chambres de réfrigération pour les conservations de moins de 3 mois dotées d’une capacité de 272 places et les chambres de congélations réservées pour les conservations de plus de 3 mois. Ces dernières sont d’une capacité de 32 places.
Les travaux ont été financés à hauteur de 524 millions 555 mille francs CFA. A la cérémonie de la réouverture, les nouveaux tarifs ont été rendus publics.
« Lorsqu’on a un corps et qu’on le garde moins longtemps, on paie moins cher. Pour une période allant du 1er jour au 8ème jour, on paie un forfait de 14.000 FCFA pour la conservation. A partir du 8ème jour, c’est par jour, et c’est 6000 FCFA ainsi de suite », a déclaré le Lieutenant-Colonel Wiyaou Adom, Directeur du CHU SO.
Une absurdité provocatrice
En quoi la réfection de la morgue à plus de 500 millions est une urgence au CHU SO ? Si le pouvoir de Faure Gnassingbé se préoccupe du bien être des Togolais, il n’allait pas avancer dans cette absurdité provocatrice.
S’il y a quelque chose d’urgent et vital, c’est de faire en sorte que les conditions de travail soient améliorées au sein de ce grand centre de santé. La simple démonstration est que même en l’absence de cette morgue, aucun cadavre n’a été abandonné dans la rue par ses parents. Les gens se sont débrouillés pour enterrer leur mort.
Mais combien de Togolais ne sont-ils pas morts faute de minimum de conditions au CHU SO pour sauver leur vie ? On ne fait pas l’expérience avec la mort. Par ailleurs, cette réfection devait se faire dans un délai de trois mois. On est dans le 13ème mois avant que les travaux ne s’achèvent. Et le ministre de la Santé Moustapha Mijiyawa n’a pas jugé nécessaire d’informer la population des raisons du retard accusé dans la réalisation des travaux qui a occasionné la création de morgues sauvages à travers le pays. Que de mépris ! On ne gère pas un peuple comme on conduit des troupeaux au pâturage. Malheureusement au Togo, c’est la marque désastreuse de la gouvernance.
Kokou Agbemebio
Source : Le Correcteur
27Avril.com