« LIBERTÉ! LIBERTÉ! LIBERTÉ! »
Le discours du 18.08.2022 du leader du PNP fait débat au sein des activistes politiques togolais.
Komla KPOGLI, fin analyste et jeune panafricaniste de premier plan, affirme sur Radio Avulete, Débat Citoyen du 19 Août 2022 que « le discours est très bien. » A-t-il raison ?
« LIBERTÉ ! LIBERTÉ ! LIBERTÉ ! »
Dans sa sortie, Tikpi ATCHADAM invite le peuple togolais à conquérir définitivement sa liberté.
« LIBERTÉ ! LIBERTÉ ! LIBERTÉ ! » tonne-t-il et cet appel réveille au fin fond du Togo, la voix du président Sylvanus Olympio :
« Ablodé ! Ablodé ! Ablodé ! »
Cette indépendance acquise de haute lutte se trouve plombée à la suite de l’assassinat du 13 janvier 1963.
13 janvier 1963 : une référence historique, la date la plus funeste; le père de l’indépendance, un panafricain de première heure qui ambitionne de faire de la Terre de nos Aïeux l’or de l’humanité, est froidement tué par les tenants de l’esclavage, de la colonisation, de l’exclusion et de l’exploitation de l’Afrique.
Dès lors, le Togo traverse un désert au pas d’une dictature caniculaire qui devient finalement le « virus » qui tue à petit feu.
Tikpi ATCHADAM le dit clairement : « Tu connais très bien ton problème. Il n’est autre que la dictature militaire imposée par la force des armes dans le sang depuis la date du 13 janvier 1963 et qui marque la confiscation de ta liberté, ton indépendance et ta souveraineté conquise de haute lutte. »
Sous le poids de ce « régime de type colonial » selon KPOGLI, le peuple togolais ne courbe pas l’échine.
L’auteur situe le 19 Août 1997 dans cette éprouvante lutte de libération, un « jour hautement historique dans la longue et héroïque lutte du peuple togolais. »
L’histoire lui donne amplement raison, car en ce jour du 19 août 1997, une manifestation monstre a failli emporter le pouvoir en place.
Aujourd’hui encore, elle bouleverse la politique togolaise.
La gouvernance politique que l’auteur nomme « dictature » est toujours d’actualité.
Il appelle logiquement le peuple qui pour lui est seul maître de son propre destin, d’y mettre fin.
« Sur cette terre, la décision n’appartient à personne d’autre. Elle n’appartient qu’à toi et à toi seul. » ATCHADAM.
La liberté retrouvée du peuple togolais étant le but ultime du discours, il le rappelle : « Tu connais la solution idoine. Il te faut reconquérir ta liberté. »
Les théoriciens politiques de renom n’ont pas encore théorisé la dictature militaire de type colonial.
Komla KPOGLI dans ses écrits et vidéos, tente de boucher le trou.
Ainsi, ajoute-t-il à la dictature militaire classique, un vernis colonial, c’est-à-dire un régime militaire qui réduit fortement les libertés fondamentales des citoyens et contrôle les quatre pouvoirs à savoir le législatif, l’exécutif, le judiciaire et la communication et piloté de l’extérieur.
En substance consistante, le régime militaire de type colonial est « un contrôleur contrôlé » un Léviathan , lui-même aux ordres d’un maître.
Les peuples qui vivent un tel système politique n’ont ni indépendance, ni liberté et cette réalité est clairement peinte dans la sortie du 18.08.2022 : la « dictature des Gnassingbé » « maintient les otages politiques dans les geôles, persécute la presse à la plume droite et la diaspora. »
Après avoir parlé de la maltraitance que réserve le pouvoir aux Togolais dans leur ensemble, l’auteur aborde dans une clarté objective, le sort que subissent son parti à visée panafricaine et les panafricanistes qui osent se dresser sur son chemin :
« Il exécute un plan d’extermination totale des panafricanistes à travers la persécution d’État soutenu contre le Parti National Panafricain son ennemi juré à abattre, que la prison politique est remplie de panafricanistes parmi lesquels (…) emprisonnés pour la participation du PNP aux manifestations de Bamako (…) Il a toujours sur les mains, le sang des panafricanistes comme Tavio Ayao Amorin et Yakou Moutawakilou. »
Contre la dictature presque septentenaire, il faut livrer la bataille décisive ; et alors comment ?
Le discours du 18.08.22 en donne clairement la réponse : le peuple.
ATCHADAM appelle le peuple à « l’impérieuse nécessité de se lever et de se dresser comme un seul homme. »
On l’aura d’ailleurs remarqué : son appel est fondamentalement lancé à l’endroit du peuple togolais qu’il considère comme le seul instrument de sa propre libération.
Les sciences politiques disent clairement que tout régime autoritaire court deux risques principaux : le conflit entre le citoyen et les dirigeants et le conflit au sein des membres de l’appareil autocratique.
Le premier conflit conduit au soulèvement populaire qui est en dernier lieu, est l’arme capable de souffler n’importe quelle autocratie.
En appelant les Togolais dans leur ensemble d’agir contre la dictature, le chef du PNP s’inscrit dans une démarche scientifique d’une lutte de libération.
Il ne parle pas de révolution armée qu’il rejette d’ailleurs catégoriquement et tord du coup le cou aux intentions « jihadistes » que le pouvoir en place prête à son parti : « On n’éteint pas le feu par le feu. »
La lutte qu’il préconise est clair et limpide, celle « basée sur la non-violence » qui pour lui « est d’une efficacité sans pareille. »
Il en détaille les contours : « La force réside dans le nombre » et les Togolais doivent « inonder les forces de répression. » « Lomé, la capitale sort avec tous ses quartiers. Dans toutes les villes, dans tous les villages, dans toutes les fermes du pays, femmes, hommes, jeunes, tout le monde sort. (…) Partout dans la diaspora sur tous les continents que toutes les Togolaises et tous les Togolais manifestent. (…) Ils recevront un appui remarquable des panafricanistes en lutte. »
Cette approche ressemble à tous points de vue au « Tsunami populaire » que propose Moltra comme stratégie de mise au ban des régimes dictatoriaux africains « de type colonial. »
Revisitant la longue lutte de libération du peuple togolais, tirant toutes les leçons des échecs répétés et des expériences liées à la participation aux élections, c’est d’une logique implacable qu’il appelle le peuple à faire le « deuil des élections. »
« La lutte de libération du Togo vers de jours radieux annoncés par le père de l’indépendance Sylvanus Olympio n’est retardée que par l’approche électoraliste portée par les participationnistes, animant le système politique de contribution, de collaboration et de participation CCP » établit-il.
« Au bout d’une expérience de vingt-neuf années allant de 1993 à 2022, tu ne peux pas dire que tu n’es toujours pas convaincu que l’élection n’est pas la voie pour mettre fin à une dictature militaire » relève-t-il.
« Tu ne peux pas non plus soutenir (…) que tu n’as pas encore compris que la révolution électorale qui est une sous-traitance politique avec le système, relève simplement d’une escroquerie politique. »
« Décide-toi de faire le deuil des élections au Togo. » répète-t-il
« La participation aux élections sous la dictature est un sabotage de la lutte qui relève de la haute trahison. » assène-t-il.
Le premier responsable du PNP, fut membre de la CENI et de longues années, l’un des acteurs qui avaient inscrit le peuple Togolais dans la logique des élections.
« Depuis 1993, la classe politique togolaise a clairement inscrit le peuple togolais dans une logique d’élections.
Cette logique a comporté des phases d’appel de l’opposition au boycott, comme ce fut le cas de l’élection présidentielle de 1993 et des phases d’appel de cette même opposition à la participation, en référence aux élections présidentielles de 1998 et de 2005.
Dans les deux cas de figure, le résultat est resté le même : manifestation – victoire contestée– répression – négociation – semblant d’un partage du pouvoir – éclatement de l’opposition sur
fond de disputes et le cycle recommence. » (Asafo, 2015)
Les élections n’ont apporté que destruction de l’opposition institutionnelle de sorte qu’un dignitaire du régime déclare qu’ « il n’y a pas d’opposition au Togo. »
Les Togolais veulent innover en pratiquant la révolution par les urnes, pratique que les sciences politiques n’ont pas encore théorisée.
S’il est bien d’innover, il est encore mieux de tirer les leçons de la faillite des innovations.
ATCHADAM en fait le bon bilan et c’est avec beaucoup de lucidité qu’il martèle que la voie des élections pour le peuple togolais en lutte est sans issue.
« On ne renverse pas une dictature de type colonial par des élections » ne cesse d’entonner KPOGLI.
ATCHADAM semble savourer la suavité de cette chanson.
Un discours politique a comme objectif notamment de proposer par l’expérience et de faire faire, c’est-à-dire motiver le peuple à agir pour son bien.
À partir de son propre vécu politique et de celui des Togolais, ATCHADAM propose la voie de la révolution populaire pacifique.
Au lieu de se perdre dans des polémiques inutiles, les activistes gagneront en énergie et en temps, s’ils cueillent le bon fruit de cette semence et s’en servent pour arracher leur liberté.
« La liberté, ça s’arrache !» rappelle sagement Feu Gnassingbé Eyadema.
Se O. Togoata ASAFO
Source : icilome.com