Ce mercredi, démarre dans plusieurs villes du Togo dont Sokode, Bafilo et Mango, la série de manifestations prévues par la Coalition des 14 formations politiques (14), dans la perspective d’une remobilisation de ses troupes. Sauf que cet exercice se fera sans le Parti National Panafricain (Pnp) qui s’est désolidarisé de la démarche, pour des raisons de principes. Cette réalité, quoique moins rassurante, ne devra néanmoins pas faire perdre de vue aux partis membres de cette coalition, la finalité de leur lutte, parvenir à réaliser l’alternance politique à la tête du pays.
Reprise des activités de la C14 sans le PNP
A compter de ce mercredi, la Coalition des 14 formations politiques (C14) se réduira spécialement à 13, et ce jusqu’au 29 juillet prochain. Et pour cause. Le Parti National Panafricain (Pnp) au cœur de la contestation populaire du pouvoir de Faure Gnassingbé depuis le 19 août 2017, se désolidarise de la série de manifestations qui démarrent ce jour, allant de visites aux detenus aux meetings d’information et de sensibilisation. C’est en substance l’annonce faite, le samedi dernier et notifiée à la Coalition par son Conseiller, Ouro Dikpa Tchatikpi.
Depuis lors, cela enivre les discussions au point d’efleurer des soupçons sur d’éventuelles bisbilles au sein de la coalition. Mais la Coordinatrice, questionnée sur le sujet, n’en voit rien de craintif, au regard des motifs avancées par le parti membre de la coalition pour expliquer sa désolidarisation temporaire. «Ils ne veulent pas se joindre aux meetings parce que le régime est susceptible de semer des troubles et les mettre sur le dos du PNP », a indiqué Brigitte Kafui Adjamagbo, hier mardi, sur Radio Victoire Fm. Et d’inviter les autres leaders de la coalition à rester solidaire au parti de Tikpi Salifou Atchadam. « Se montrer solidaire, c’est d’accepter qu’ils ne puissent pas s’associer à ces manifestations, quand vous avez tout fait pour les convaincre et que vous alliez de l’avant dans la mesure où cela ne mette pas en cause ce qui vous unit fondamentalement : obtenir l’alternance et mettre ce pays sur les rails de la démocratie », a-t-elle notamment souligné.
Attention aux intérêts particuliers et guerre de leadership
Bien que cette union de conviction, fut-elle circonstancielle, soit salutaire, le sujet interpelle cependant à une prise de conscience collective au sein de la coalition. Ceci, quand on sait que des velléités de démarcation sont légion au sein des regroupements de partis politiques. On se rappelle de la guerre froide que d’aucun qualifie de «conflit de leadership», toujours perceptible entre l’Alliance nationale pour le Changement (Anc), parti de Jean-Pierre FABRE, le Chef de file de l’opposition et le PNP de Salifou Atchadam, l’homme par qui la révolution du 19 août est née. A plusieurs reprises, l’on a assisté à des déclarations et piques croisées qui ne sont pas de nature à asseoir l’harmonie au sein de la coalition.
En déclaratant «Je ne trouve pas extraordinaire que des partis développent des compétitions. Ce qui est important, c’est que ces aspirations partisanes ne doivent pas nous empêcher de développer l’objectif commun », Brigitte Kafui Adjamagbo a bien fait de recadrer le débat et surtout, faire dissiper le doute au sein de l’opinion, notamment des militants, sympathisants et tout esprit épris du changement. Toutefois, il urge de rappeler à chaque composante de ce regroupement politique à ne point se tromper se cible qui se veut le régime cinquantenaire, ni à perdre de vue, leur objectif final qu’est d’œuvrer pour donner corps à l’alternance politique dès 2020.
Ne pas perdre de vue, l’objectif
Aujourd’hui, il convient à la C14 de rester toujours vigilante sur la suite que donnera à la crise la Cedeao le 31 juillet prochain. Le plus important pour Jean-Pierre Fabre et ses camarades est de savoir se ressourcer de leurs failles du passé qui leur finalement préjudiciables par la suite, notamment son engagement à surseoir momentanément aux marches, dans la perspective du dialogue politique. Un argument dont se sera, par la suite, solidement saisi le gouvernement pour réprimer systématiquement toute tentative de regroupement.
De façon spécifique, la portion de la C14 qui entre en manifestation ce jour et le PNP doivent restés figés qur leur objectif final. Autrement, savoir qu’ au-delà de leurs intérêts de chapelles politiques, chacune de leur démarche devra être soigneusement pensée et mûrie au point de garantir, à l’arrivée, l’alternance politique au sommet de l’Etat qu’appelle de tous ses voeux, une grande majorité de Togolais.
Cyrille Pessewu
Source : Fraternité No.278 du 18 juillet 2018
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