Préambule de la constitution Togolaise : « Nous peuple Togolais, nous plaçant sous la protection de DIEU »
La Nation est en effet, avant tout une idée que se font les hommes de la collectivité qu’ils prétendent former.
Selon la célèbre formule de RENAN : « La Nation est une âme, un principe spirituel, (…), c’est l’aboutissement d’un long passé d’efforts, de sacrifices et de dévouements, avoir des gloires communes dans le passé, une volonté commune dans le présent, avoir fait de grandes choses ensemble, vouloir en faire encore, voilà les conditions essentielles pour être un peuple. »
Togolaises, Togolais, tu es aussi important(e) que les autres et même si tu n’as rien, n’oublie jamais que tu as toujours toi-même et avec toi-même, tu peux faire des choses extraordinaires. Tu es ton premier moyen, tu es ta première richesse et par-dessus tout tu es ta plus grande richesse.
Nous avons besoin les uns des autres ; comme le dit FRANTZ FANON « chaque génération doit dans une relative opacité découvrir sa mission, l’accomplir ou la trahir. »
Ma mission est de réconcilier mon pays (notre pays) le Togo.
L’heure n’est pas à la justice établissant les responsabilités des uns et des autres. Car il va sans dire que les hommes du pouvoir se sont rendus coupables de crimes, de détournements de deniers publics pour lesquels ils doivent rendre compte.
Quant à la réconciliation nationale, qui se veut une politique de dépassement des années de braise et de sang, elle est décrétée d’office alors que toute la réconciliation ne peut être que l’aboutissement d’un processus engageant les différents acteurs parmi lesquels les victimes et leurs familles, pour leurs permettre de panser leurs blessures, mais d’établir la vérité et d’obtenir dans le respect de la dignité des personnes concernées. Or les victimes sont tenues à l’écart et réduites à réagir au déni de leurs souffrances auquel elles font sans cesse face. Ce grand mérite des familles de disparus est d’avoir pendant des années et jusqu’à nos jours refusé d’ensevelir leurs douleurs dans l’abdication et le mensonge.
Ce sont ces familles qui nous rappellent le drame que vit un pays entier avec ses torturés et ses massacrés. Ce sont elles qui hantent les consciences des pourvoyeurs de l’impunité. Il n’y a que la volonté de faire la lumière sur ce drame et d’en établir les responsabilités qui permettra aux victimes d’imiter le pénible chemin de la réconciliation.
En évoquant le droit à la vérité, j’engage la responsabilité de l’Etat. Il y a deux sortes de responsabilités ; la constitution Togolaise fait obligation à l’Etat d’assurer la sécurité des citoyens dans leurs personnes et dans leurs biens. Les disparus sont des citoyens dont l’Etat n’a pas assuré la sécurité, donc l’Etat a failli à la mission dont il est responsable.
Une responsabilité civile mais pas pénale. Il doit reconnaître qu’il a failli à sa mission. Cette responsabilité reconnue, il faut tenir alors une responsabilité sur un double principe. L’Etat est responsable des agissements illicites de ses agents ? C’est dans le code civil, et donc l’Etat doit réparer, matériellement le préjudice causé aux familles, les indemniser si celles-ci le demandent.
Bien sûr, le pouvoir doit révéler au cas par cas, cela fait partie du droit à la vérité. Il n’y a rien de déshonorant à reconnaître ses fautes, mais l’essentiel est de s’amender et de ne pas recommencer. C’est ce qui est important. Présenter, s’il le faut des excuses solennelles à l’adresse de la population qui a souffert à ces agissements des agents de l’Etat et promettre que de tels agissements ne se renouvelleront plus.
Nous devons rassembler tous nos moyens, notre intelligence, notre volonté, notre adresse pour l’accomplissement de ce noble dessein « réconcilier le Togo et aimer notre Togo).
Nous devrons assumer ! Chaque fois qu’un conseil extérieur nous conduit à mal faire, nous sommes coupables et nous devons assumer. Chaque fois qu’une manipulation nous pousse à la faute, nous sommes coupables, nous devons assumer. Chaque fois que nous opérons un choix qui se révèle peu conforme aux intérêts supérieurs de la nation Togolaise, nous sommes coupables, nous devons assumer.
L’heure qui a sonné est aussi celle de la parfaite revendication de nos actes et de leurs effets par nous-mêmes. Fini les atermoiements, les hésitations, les compromissions que nous étalons à la face de l’autre pour pouvoir ensuite mieux accuser l’autre. L’histoire nous a certes maltraités, malmenés, nous le savons, nous devons toujours y penser sans en devenir victimes.
« Togolaise, Togolais, Lève –toi et sors de ton infériorité, de ton incapacité imaginaire pour reconquérir toi-même, pour redevenir toi-même, pour enfin croire en toi-même. Sois toi-même, cesse d’imaginer que tu seras l’autre, cesse de singer le Blanc, lève-toi de ton inertie et romps avec cette personnalité aliénée et incapable. Tu es un « anthropos » c’est-à-dire l’Homme, l’être qui regarde devant lui, qui regarde en haut, donc qui espère et qui est différent de l’animal (zoo) qui ne regarde qu’en bas. Tu dois regarder devant toi, ouvres tes yeux et regarde vers l’avenir, cesse d’être myope, cesse d’être nombriliste ? Cesse de regarder que ton ventre, lève ta tête et sois dans l’avenir.
L’heure de nous-mêmes a sonné, cela implique de ne pas tout expliquer par notre histoire, mais de travailler d’arrache-pied pour nous propulser vers l’avenir, car l’avenir appartient à ceux qui sont capables de s’y projeter.
Refaire la république doit être pour nous l’entreprise politique la plus ambitieuse qu’ait connue notre pays depuis son accession à la souveraineté. Elle constitue elle-même une réponse aux conflits politiques et aux crises internes et externes qui ont ruiné notre pays. L’entreprise passe avant tout par la réconciliation nationale. Aucun fils ou fille digne de
Notre pays ne peut prétendre résoudre seul la crise de confiance, de méfiance, etc.… que traverse notre pays.
La révolte du corps et de l’esprit devant les massacres, les enlèvements nocturnes, les tortures, la misère, l’oubli de toutes les valeurs et de toutes les vertus humaines de la vie, du respect de la vie, et donc de l’espoir. C’est pourquoi la réconciliation nationale qui peut paraître comme un évènement où la victoire et la défaite se mêlent , où chacun compte et pleure ses morts , en oubliant parfois de s’émerveiller que de ces morts soit née la prise de conscience de ce qu’une nation peut faire , et ce qu’elle ne doit pas faire , de ce que l’avenir attend et de ce qu’il interdit , cette réconciliation nationale donc doit précisément être le moment d’une prise de conscience qui va changer le cours de notre histoire.
Togolaise, Togolais ! Arrêtons – nous et changeons le cours de l’histoire de notre patrie.
L’unité ne se démontre pas, elle se sent ; elle se ressent. Elle est du domaine de l’intuition, et la supériorité de la vision intuitive sur la connaissance discursive est pour nous essentielle.
Le développement nécessite le consensus, ce n’est point une question d’opposants, ni de mouvances. Avec ce combat de tous les jours qui nous dévore et qui nous classe dans un camp ou dans l’autre, quel héritage laisserons-nous à nos générations montantes et futures ?
Quel Togo laisserons-nous ?
Quand on parle de la politique au Togo, c’est ce qui choque les Togolais. POURQUOI ?
Dans la politique politicienne du Togo, les acteurs se considèrent comme des ennemis réciproques à abattre. En politique, les acteurs ne sont pas des ennemis, ils sont plutôt des adversaires. L’ennemi est celui qu’on doit tuer car entre ennemis c’est la mort qui est absolument visée. L’adversaire est celui qu’on doit vaincre car entre adversaires c’est la victoire qui est visée et ils s’embrassent à la fin du combat car ils ne sont pas des ennemis.
Au Togo, malheureusement les acteurs politiques sont en train de transformer le jeu politique en combat de gladiateurs, nous devons rompre avec la politique de voir l’autre comme l’ennemi à abattre. En réalité, l’enjeu de la politique est uniquement le développement de notre maison commune le Togo. La nation est à nous tous, elle n’appartient pas à quelqu’un plus qu’un autre.
Togolaises et Togolais, nous devons rompre avec toute forme de politique visant l’autre comme un ennemi à abattre, bannir l’arrogance, l’invective, nous sommes tous des adversaires pour la même cause le développement de notre chère nation le Togo.
Que cesse alors tout acte ciblant qui que ce soit comme ennemi. Soyons des grands hommes, soyons des grandes femmes. Respectons –nous réciproquement pour qu’ensemble nous sortions notre pays de la précarité ambiante.
Ouvrons nos yeux autrement et considérons l’autre comme notre aide, notre future opportunité ; même si l’autre est un problème, notre capacité à le percevoir autrement l’influence et l’amènera à se transformer pour devenir notre opportunité. Et c’est réciproque. Osons et nous verrons les résultats encourageants.
Valorisons les femmes Togolaises et nous serons surpris du progrès extraordinaire que nous ferons. Elles sont égales à nous les hommes en toute chose, changeons de perception et nous serons étonnés du rôle positif de la femme dans notre développement.
POSONS LE PROBLÈME D’AMNISTIE
Si l’élection reflète la volonté de la population Togolaise, alors le problème de l’amnistie ne peut être que la suite logique de la paix au Togo.
Lorsqu’on aborde un problème aussi sérieux et crucial que celui de l’amnistie, très important pour le présent et l’avenir du pays, il faut aller au fond des choses avec courage et lucidité, avancer ne pas avoir le temps de s’asseoir, car rester immobile c’est reculer. Les opinions sont comme les clous plus on les frappe plus elles s’enfoncent. La paix va-t-elle, après quatre décennies de violences, reprendre ses droits ?
L’amnistie ne peut être que la suite logique de la paix. Elle nécessite des convictions longuement élaborées, approfondies, mûries, pour résister aux nombreux écueils qui viennent de partout, surtout d’un marécage humain où l’essentiel fond, se dérobe, coule où se décompose. La plus forte des idées force de la société est la paix. La première des urgences est de la rétablir. Il faut peser sur les évènements pour les faire évoluer vers la paix.
L’arrêt de l’effusion de sang est une question stratégique. Que les armes cessent de parler, sue la violence fratricide cesse. Il y a trop de malheurs dans notre pays, trop de sang versé, trop de larmes, trop de veuves, et d’orphelins, trop de misère, trop de destructions, il faut y mettre fin.
Le Togo doit tourner la page pour se libérer et affronter les vrais problèmes qui sont ceux du développement, ceux du chômage des jeunes, de la démographie, des personnes âgées abandonnées, des handicapés de la vie et des problèmes sociaux connus. Tous ces problèmes –là si nous ne les traitons pas sérieusement, auront pour effet celui de faire naître la haine, soulignons –le, les mêmes causes produisent les mêmes effets.
Il ne saurait y avoir de justification, de prescription ou de pardon pour ceux qui ont nié à leurs semblables leur condition de personne humaine au point de les vouer à la mort. Il faut réhabiliter le politique.
L’opposition vient de la rue, car elle ne trouve pas son expression dans les formes normales de notre vie politique. Le pouvoir est fermé et ceux qui ne font pas partie du sérail vivent dans le ghetto. Il n’écoute pas la voix des humbles et la règle est « encaisse et tais –toi », « seules les relations bien placées constituent le sésame ouvre-toi » des carrières de responsabilités. C’est à l’Etat de refléter la volonté du peuple et non au peuple de se plier à la volonté de l’Etat.
Il faut préparer l’avenir ; la réconciliation nationale par l’assainissement du passé et du présent par la justice, sans céder à la tentation de justicier. La société à la justice qu’elle mérite, mais il appartient à la justice de se mettre à l’heure de l’Etat de droit et de mériter le respect des citoyens.
Là où il n’y pas de magistrats indépendants, il n’y a que des délégués du pouvoir qui ont des réflexes et des comportements en harmonie avec le pouvoir qui les a désignés.
Faut-il tronquer la justice pour la paix ?
Faut-il choisir entre le droit et le pardon ?
Faut –t-il lutter contre l’oubli et préserver la mémoire agressée ?
Tel est le dilemme ?
JE SUIS CONVAINCU ET JE CROIS QUE NOUS POUVONS Y ARRIVER AVEC HUMILITÉ ET SAGESSE
LA Responsabilité incombe à nous tous.
Comment assurer la sécurité de chacun dans ce nouveau Togo que nous Nous parlons tous de la paix et de la sécurité ; nous voulons tous vivre libres et en toute quiétude. Une telle ambiance ne découle pas du hasard et ne constitue pas un don gratuit ; c’est au contraire la résultante d’un ensemble de comportements responsables ; la volonté délibérée d’accepter et de respecter l’autre ; la capacité de nous comporter envers autrui comme nous aimons qu’on se comporte envers nous. La démocratie est à ce prix, la décrispation du climat social aussi.
Face à la pandémie Covid-19
Nous sommes en face de défis qui exigent des sacrifices de nous tous. Ne demandons pas toujours ce que le Togo peut faire pour nous, mais ce que nous pouvons faire pour le Togo. Inutile de rappeler qu’un pays quel que soit son potentiel, ne peut se développer dans un climat d’incertitude, d’insécurité et de méfiance mutuelle. Arrêtons la suspicion, la méfiance et la haine. Regardons l’avenir avec espoir.
Le développement d’un pays ne dépend pas seulement de l’apport extérieur aussi important-il, mais et aussi et surtout des efforts propres de ces citoyens. Et ceci se confirme par cet adage togolais qui dit que ‘quand tu lèves le doigt accusateur à l’endroit de ton voisin, les autres t’accusent. »
Nous pouvons responsabiliser l’extérieur de nos difficultés, mais la responsabilité de notre devenir demeure avec nous -mêmes. Personne ne viendra de l’extérieur construire le Togo à notre place. La construction de notre pays est l’affaire de toutes togolaises et de tous les togolais. M’adressant aux responsables politiques, le respect de l’autre est un facteur important de la cohésion nationale. L’insulte ne fait pas partie du programme de développement dont a besoin un peuple. C’est en réalité une faiblesse pour celui l’utilise puisqu’elle ne construit pas.
Apprenons à écouter l’autre, pour nous informer. Mais au même moment, faisons appel à notre esprit critique, essayons de tout analyser, de démêler le vrai du faux et de déterminer en quoi des discours peuvent proposer ou non des solutions réalistes à l’ensemble des problèmes auxquels notre pays est confronté.
Avant de poser, un acte, essayons par exemple d’envisager la réaction de nos amis ou nos interlocuteurs surtout quand ceux-ci ne sont pas de la même sensibilité que nous. Dans ce sens, ne perdons pas de vue que toute action délibérée de provocation et de violence en appelle d’autres, de même nature, d’amplitude parfois et même souvent plus grande et déclenche une logique infernale de destructions avec tout le cortège de souffrances et de rancœurs, que l’on peut aisément imaginer. Devenons donc plus raisonnables, plus responsables et plus courageux chers compatriotes afin que, dans une communion de pensée et dans un même élan patriotique, nous puissions mettre en commun notre force et nos compétences pour que le Togo demain soit meilleur et prospère.
Le plus beau cadeau que nous pouvons offrir à notre cher pays, à sa brave population et à ses enfants à l’orée du 21e siècle, c’est un Togo réconcilié, uni et paisible. Que Dieu bénisse le Togo.
FORSON Kue
–
Source : icilome.com