Togo : La Réalité du Réel au Pays des Damnés

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Inflation et misère au Togo

Le temps déroule, peinard, son almanach de souffrances. D’une puanteur toxique, comme du jus pourri qui suinte d’un sac poubelle. Les gens de profile modeste suffoquent puis, s’eteignent. En grand nombre. Nous sommes au pays du grand Ayatollah* des crimes d’etat, des meurtres gratuits. Sous lui, beaucoup ont péri, sans coup férir. Par balle ou de faim. Leur sort couvert par un silence résigné, par l’epouvantail du geôle. La plupart, avant de tendre l’ultime souffle de vie a leur créateur, sont défigurés jusque dans l’âme, déchus de toute fierté, réprouvés, condamnés aux peines de l’enfer.

Le mal est grand, le supplice lourd. Cette peau de chagrin qui sert de pays a huit millions d’âmes, chaque jour, pourrit. Sans répit salvateur. Du haut vers le bas, se désintègre à plusieurs endroits, emportant tout dans sa lourde dégringolade. Il s’agit de la terre des damnés, des morts ambulants. On croirait l’atypique pays sous l’emprise d’un karma cruel, d’un destin maléfiques qui le putréfie. La-bas, rien de joyeux à regarder. Tout est douleurs et ténèbres: veillées funèbres à profusion, bars de fortune et églises de faux dévots. Abonde aussi, dans des séminaires bidons retransmis par des journalistes rondement fripés, la transe débile de la clique, sous la houlette d’une prêtresse vodou débarquée du néant, sur ordre du Kim Jon IL du Golfe de Guinée. Que dit-elle de ragoutant, la coterie foireuse? Toujours les mêmes couplets vieillis, les mêmes éloges redondants, truffés des mêmes resolutions d’ivrogne. Plaire au tout puissant bienfaiteur du haut d’en haut, cela, la-bas, tient lieu de projet de société.

Au bas mot, c’est l’empire de Satan, totalement possédè par les esprits de la mort, un bled qui a vu plus que doubler sa population de crétins. Tout y est terre à terre. Alors, tout le monde a l’air consentant. Les jeunes, faute de mieux, épuisent leur vie dans la débrouille, le Zem. Certains, ceux qui n’ont rien, sombrent dans l’alcool, le frelaté. Juste de quoi dévier les soucis qui mènent à la corde du suicide. Le schéma est ahurissant: tête de cuvée Laurent-Perrier pour le clan dominateur, ses sbires et adjacents, la corde du désespoir pour les sujets misérables. Au milieu des deux extrêmes, une horde de profiteurs de tout acabit: Libanais, Chinois, Français, Pakistanais, Indiens… Le pays en question est un desert de génies, telle une Colonie qui refuse de s’emanciper, vendue au rabais, aux premiers enchérisseurs, blancs, noirs et jaunes. Un bled médiocre qui se dresse contre la marche du temps, ses valeurs tordus en brèche, ses cerveaux chassés jusque dans leurs murs porteurs. Naturellement, la gouvernance s’identifie à un plan qui cache à peine Machiavel: un plan macabre. La règle, qui ne dit pas son nom, se dévoile aisément: tant que le peuple galère, le pouvoir est sauf et échappe à toute atteinte! Tous les projets sont fanfaronade et bourrage. Des elephants blancs colossaux, nés sans vie, ou alors ravagés par les gangs d’état jusqu’à la première pierre. Pas de hauts faits. Donc aucune écriture de fierté sur le tableau. Au total, un bazar fantôme. Citer un seul grand homme vivant qui inspire, qui incite, c’est de la mer à bouillir! L’homme simple a tout compliqué. Et pourtant, avant, il y avait des figures qui servaient de repères, d’idoles. En grand nombre.

A l’ère actuelle, sur cette terre, la sécheresse a tari les puits. C’est un psychodrame atroce, cruel. Faute d’être le reflet de sa devise Travail-Liberté-Patrie, ce pays-là ne peut qu’avoir le visage pitoyable qu’il a, qui résume sa hiérarchie à une organisation secrète de type mafieuse. N’est il pas vrai que lorsqu’une nation ruse avec ses principes fondateurs elle devient une nation moribonde, vouée à une extinction certaine? La régence en est consciente. Bel et bien. Ne sachant plus où donner de la tête et ayant épuisé toutes ses reserves de mensonges, elle se trouve une plus grosse arnaque pour éblouir la masse: la piste du Commonwealth! La conference islamique ne répondant plus aux naïves attentes, ou ne payant plus. Quel errement! Quelle vadrouille! Que lui faut-il faire pour quitter l’ornière, ce pays? Il doit parler avec lui-même. Un soliloque à theme unique: la Patrie. Sans aucune marge d’erreur! Seuls ces états généraux de l’Etat constituent la solution, l’unique. Toute chose qui se fera sans ce rendez-vous de la renaissance aboutira au même désastre. Aussi le pays continuera t-il à se mordre la queue et ses fils et filles, à se mordre le nez. Jusqu’à quand? Grande inconnue! Ce qu’on peut dire sans être l’Americain Billy Graham ou, plus loin, le Français Michel Nostradamus, c’est que la tragédie du pays en question a trop duré pour que la fin soit sans tumultes. Le citoyen ordinaire, épuisé, ruiné, n’a d’énergie que pour dire « Mawulawoè ». Quelle fatalité! Voilà ce qu’est devenu ledit pays, le TOGO, dont la souveraineté a été acquise de haute lutte avec d’immenses espoirs pour ses enfants. Quelle horreur! Quels gâchis!

Kodjo Antoine Epou

Source : 27Avril.com