Togo : La peur d’une fin de règne au long cours

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« Il y a dans le pouvoir sans bornes une sorte de vertige qui saisit le génie comme la sottise, et les perd également l’un et l’autre » (Mme de Staël). Friand de voyages, Faure Gnassingbé est malheureusement cloué au sol depuis quelque temps sans qu’on ne sache véritablement les raisons de ce sédentarisme présidentiel peu habituel.

Le jeune président, on le sait, a toujours été regardant sur son image et une reconnaissance à l’international. De ce fait, en éternel globe-trotter, sa silhouette est aperçue partout dans les conférences et autres grands rendez-vous internationaux. Mais subitement, il est devenu casanier comme s’il souffrirait d’un terrible mal de l’air.

La semaine dernière, Faure Gnassingbé a brillé par son absence fort remarquée à la 77ème Assemblée générale des Nations Unies à New York où tout l’aéropage des chefs africains était présent et trônait aux premières loges aux côtés des décideurs du monde. A ce rendez-vous de VIP et de grandes personnalités du monde, le chef d’Etat togolais, en quête de visibilité, normalement ne devrait manquer sous aucun prétexte.

C’est le moment privilégié pour avoir, en marge de cet évènement, des entrevues avec ses pairs africains et rencontrer diverses personnalités du monde politique et économique occidental. Surtout qu’il cherche à s’imposer désormais comme incontournable dans la résolution des crises au Sahel et sur le continent.

Faure Gnassingbé a également manqué ces dernières semaines d’autres rendez-vous importants où il s’est fait représenter soit par la présidente de l’Assemblée nationale Yawa Djigbodi Tségan, soit par son ministre des Affaires étrangères, Robert Dussey, deux peronnalités du sérail qui prennent désormais plaisir à fendre les airs.

Concernant la session de l’Assemblée nationale de l’ONU, dans certains milieux diplomatiques, on croit savoir que sa forte promixité avec les nouvelles autorités maliennes et son approbation de leurs exigences, seraient vues d’un très mauvais œil par plusieurs capitales africaines et occidentales.

Il est utile de rappeler que depuis le début du putsch au Mali, le chef de l’Etat togolais s’est démarqué en prenant fait et cause pour les jeunes officiers maliens. Un soutien affiché qui a agacé le syndicat des chefs d’Etats de la CEDEAO.

Faure Gnassingbé serait-il lâché par ses soutiens ? Ce serait trop dire, même si le discours incisif de Robert Dussey à la tribune des Nations Unies est révélateur que quelque chose s’est brisée. Généralement, lors de ces grandes messes diplomatiques aux Nations Unies, le Togo adopte une posture de subordination. Mais cette fois, notre pays s’est distingué par sa liberté de ton vis-à-vis de l’occident. « L’Afrique ne veut plus s’aligner sur les grandes puissances quelles qu’elles soient. L’Afrique veut rester elle-même », a martelé Robert Dussey.

Les dirigeants togolais n’ayant pas été mandatés ou n’étant pas habilités à parler au nom des autres pays du continent, il faut lire derrière cette envolée lyrique, une manière pour notre pays de vouloir prôner sa liberté vis-à-vis des grandes puissances.

Le Togo disposerait peut-être d’une civilisation démocratique forte et ancrée dans la conscience publique ou d’une force diplomatique qui pèse dans l’orientation du destin continental qu’on comprendrait peut-être ce discours teinté de panafricanisme. Mais pour l’une des plus vieilles dictatures en Afrique, cette position est assez étonnante. Certains pensent que le régime togolais aurait en réalité une peur bleue d’une fin de règne au long cours…

Médard Ametepe

Source: Liberté / libertetogo.info

Source : 27Avril.com