Il faudra un jour écrire l’histoire de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) sous les Gnassingbé. D’un assemblage hétéroclite, les membres qui se succèdent dans cette institution et travaillent tous pour pérenniser le régime cinquantenaire.
De Tozim Potopere au nouveau président Ayassor Tchambago, la CENI se révèle une aile marchante du système RPT/UNIR. Ses présidents et ses membres ont toujours avalisé les résultats frauduleux des élections présidentielles et législatives. Le scrutin législatif du 20 décembre 2018 est l’exemple le plus récent. Malgré le boycott massif des électeurs, la commission électorale est parvenue, à travers ses alchimies, à trouver un taux de participation de plus de 50%. Avec la nomination de nouveaux membres de la CENI, on s’achemine encore vers les mascarades électorales sous la bénédiction de la commission électorale toujours incapable d’un sursaut d’orgueil.
« La Commission électorale nationale indépendante (CENI), sous la conduite du bureau d’âge, a adopté lundi 1er avril 2019, son règlement intérieur. Cette adoption fait suite aux travaux de la première séance plénière débutés le 30 mars 2019. Dans la poursuite de ses travaux, la CENI a procédé le 03 avril 2019, à l’élection des membres de son bureau exécutif », lit-on dans un communiqué rendu public. Le communiqué indique aussi que la « CENI a également élu, ce même jour, les membres des bureaux des différentes sous-commissions ». Parmi les membres, le nouveau président Ayassor Tchambago ne passe pas inaperçu. Son CV renseigne qu’il a occupé la fonction de Commissaire de la CEDEAO chargé de l’Agriculture, de l’environnement et des ressources en eau. Ayassor Tchambago a également été conseiller technique auprès du ministre togolais de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche et Directeur général de la défunte Société togolaise de coton (SOTOCO). C’est surtout sous la bannière d’acteur de la société civile qu’il accède au poste de président de la CENI. Un label dont le régime cinquantenaire se sert pour duper ses partenaires économiques.
« Dis qui tu fréquentes, je te dirai quelle société civile tu es ». Cet adage sied bien à un genre de société civile qui s’est compromis avec le régime cinquantenaire au détriment des aspirations profondes du peuple togolais. Au Togo, la population connaît les acteurs de la société civile qui font le jeu du pouvoir. Ces derniers ne sont inquiétés de rien. Alors que ceux qui sont favorables à la cause du peuple sont souvent interdits de manifestations. En témoignent les nombreuses interdictions de Payadowa Boukpessi à leur égard. Mais la société civile qui pactise avec le pouvoir est sollicitée pour colorer la CENI afin de lui donner un visage « immaculé » et acceptable auprès des bailleurs de fonds. Ce manège qui consiste à flouer l’opinion internationale s’appuie sur certains membres qui font carrière à la commission électorale.
Kolani Lardja, ce nom revient toujours à chaque processus électoral. Il paraît indéboulonnable. Il en a vu d’autres passer, mais lui, reste toujours pour des missions certainement tordues qu’il rend à la dynastie des Gnassingbé. Si le remords pouvait tuer! Kolani Lardja porte la lourde responsabilité devant l’histoire d’avoir cautionné les différentes mascarades électorales.
D’autres aussi, à l’instar de Jean-Claude Yao Homawoo, font figure de carriéristes à la CENI. Il y en a qui change de couleur selon qu’il cède aux sirènes de la commission électorale lors de sa quête d’hommes et de femmes pour son attelage brinquebalant. Il s’agit de Tchakondo. Tantôt il est à la CENI sous la bannière du Comité d’action pour le renouveau (CAR), tantôt c’est avec les Forces démocratiques pour le rénouveau (FDR) ou avec une organisation de la société civile. Tous ces membres hétéroclites ont trouvé moyen de se remplir les panses en sacrifiant le désir d’alternance exprimé par la majeur partie des Togolais. Ils font le jeu du pouvoir en répondant à chaque fois à ses sollicitations. Et le scénario se répète à la veille de chaque campagne électorale.
Ce sont de parfaits portefaix du pouvoir qui les gratifie après service rendu. Un travail qui leur réussit. Et c’est pour quoi on prend presque les mêmes personnes et le cirque des Gnassingbé sous les tropiques recommence.
Source : L’Alternative No.789 du 05 avril 2019
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