Togo- Jean Pierre Fabre aux hommes en uniforme : « L’heure est venue de vous défaire de cette servitude »

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Message à mes Compatriotes à l’occasion de la commémoration de l’indépendance de la nation togolaise

Togolaises, Togolais,

Mes chers compatriotes,

Je vous adresse mes salutations fraternelles et patriotiques.

Je le fais avec gravité, en ces temps de grandes incertitudes que nous subissons de la part de ceux qui nous gouvernent. Je salue avec respect et humilité la terre de nos aïeux, cette terre qui nous a vus naître, cette terre qui nous abrite et qui a vocation à nourrir généreusement toutes ses filles, tous ses fils. Je salue les mânes de nos ancêtres qui nous protègent.

En votre nom à tous, je voudrais m’acquitter d’un devoir de reconnaissance pour saluer la mémoire des pères de l’indépendance et fondateurs de notre nation. Je rends hommage à tous ceux qui, des plus humbles aux plus illustres, ont œuvré pour faire de notre pays une terre libre, un espace de vie fraternelle et de joie. Tous ceux qui ont travaillé à relever notre pays sous tutelle pour en faire un Etat indépendant.

Je salue le choix héroïque du peuple togolais le 27 avril 1958, jour du grand défi historique, qui a ouvert la voie vers l’indépendance de notre pays, proclamée solennellement le 27 avril 1960.

En effet, la victoire des patriotes togolais lors des élections générales de 1958 marque la naissance du Togo libre, tel que rêvé par les combattants de la liberté et de l’indépendance, ceux qui ont gravé en lettres d’or, dans la mémoire de toutes les générations, la proclamation solennelle et inaltérable que nous lisons sur l’une des façades du monument de l’indépendance du Togo :

‘’Peuple togolais

Par ta foi, ton courage et tes sacrifices

La nation togolaise est née’’

Que cette journée soit pour nous une réappropriation de cette invite à l’espérance et un moment d’introspection.

Mes Chers Concitoyens et Concitoyennes,

Notre pays est à une nouvelle étape décisive de son histoire. 66 ans après le 27 avril 1958, qui célèbre le libre choix du peuple togolais de quitter la sujétion, 61 ans après l’assassinat du président Sylvanus Olympio, crime que n’ont jamais eu le courage d’assumer ses véritables instigateurs, mais qui a laissé le peuple togolais otage d’un système de2 terreur dont l’épicentre reste hélas les forces de défense et de sécurité. Une situation qui contraint le peuple togolais à vivre, à son corps défendant, un véritable drame au regard des attentes légitimes du rêve togolais du début des années 1960.

Que sont alors devenues, les grandes promesses du 27 avril 1960 ? Qu’ils nous le disent ces gouvernants qui ont confisqué le pouvoir d’Etat depuis 61 ans ! Qu’ont-ils fait de notre indépendance ? Qu’ont-ils fait de notre souveraineté ? Qu’ont-ils fait de la prospérité et du bien-être du peuple togolais pendant toutes ces décennies ? Le respect des libertés publiques, des principes de l’Etat de droit, de la démocratie et de la bonne gouvernance n’ont-ils plus droit de cité au Togo ? La quête de la souveraineté du peuple ne doit-elle pas rester pour nous tous un devoir citoyen absolu ? Et pourquoi ces tenants du pouvoir au Togo se croient-ils obligés de recourir à la violation systématique de la Constitution et des lois, à la fraude électorale systématique, à la brutalité policière et à la répression sanglante avec l’usage d’armes de guerre, pour se maintenir indûment et indéfiniment au pouvoir ?

Mes Chers Compatriotes,

Le 29 avril prochain est jour de vote, jour de choix pour les citoyens togolais.

Saisissons cette occasion pour sanctionner dans les urnes les candidats de ce pouvoir qui ne pense qu’à s’accaparer des richesses nationales au détriment du peuple togolais. Qu’ils soient dans les couleurs du RPT/UNIR ou cachés derrière les masques des candidats prétendument indépendants.

Notre arme, l’arme au service du citoyen respectueux des lois justes de son pays, est et reste le bulletin de vote. Faisons-en bon usage, en l’occurrence, un vote sanction contre tous les errements du régime RPT/UNIR, singulièrement, le dernier en date, la forfaiture de la constitution non promulguée.

Comme avant nous les pères de l’indépendance et fondateurs de la nation togolaise, en 1958, votons pour la libérer notre pays de l’oppression et pour refonder notre nation.

C’est le lieu de rappeler à ceux qui organisent la fraude électorale, ceux qui l’exécutent et ceux qui la valident au sein des institutions en charge de l’organisation des élections dans notre pays, qu’ils doivent cesser leur basse besogne. Je les appelle à accomplir leurs missions dans la loyauté et dans le respect rigoureux des lois de notre pays. Qu’ils sachent qu’ils ne seront pas protégés indéfiniment par ceux qui les utilisent pour assouvir des intérêts pervers. Le temps de la justice passera lorsque le peuple togolais souverain en décidera. Une justice indépendante, rayonnante, triomphante !

Peuple togolais,

Ouvrons les yeux sur notre monde, sur la gestion de notre pays, sur les difficultés que nous vivons et qui doivent prendre fin.

Aux idéaux et aux promesses de grandeur et de prospérité pour tous, nés de l’indépendance, a succédé un pays, objet de satisfaction des caprices d’un homme et de son clan.

Au lieu de travailler à rassembler la nation, conformément aux devoirs de sa charge, le chef de l’Etat sacrifie le sort de ses compatriotes à ses rêves de conservation du pouvoir à tout prix. Alors que les Togolais sont préoccupés par les difficultés de la vie quotidienne, la vie chère, les délestages, le manque chronique et dramatique d’eau potable, le régime du RPT-UNIR n’a rien trouvé de mieux à leur offrir que la mise en place d’une nouvelle constitution dans des conditions qui heurtent la conscience et la dignité des citoyens que nous sommes. A en croire ses promoteurs, cette constitution va faire du Togo un quasi-paradis terrestre !

Ainsi, par l’adoption de cette constitution scélérate, une Assemblée nationale, entièrement au service du chef de l’Etat, vient de créer au Togo un roi sans couronne, mais un roi déterminé à protéger son fauteuil à vie et par tous les moyens.

Cette politique d’avilissement des institutions républicaines est absolument inacceptable. Cette politique du cynisme, du mépris et de l’irrespect du peuple souverain doit cesser. Cette politique d’asservissement de notre pays aux caprices d’un clan doit prendre fin. Cette politique doit cesser par notre engagement collectif à défendre les intérêts de notre pays, à travailler et à retrouver les chemins de l’effort au service du grand chantier de la construction d’une nation qui sait accueillir et protéger ses enfants, en leur offrant des chances égales de réussite. Nous méritons mieux que cette « gouvernance privée » de notre pays, une gouvernance hasardeuse, sans fil conducteur, un système qui n’a qu’une seule et unique finalité : protéger le pouvoir mis au service d’un clan.

Mes Chers Compatriotes, disons avec force NON à ce Togo-là,

Ce Togo des réseaux politico-économiques, qui verrouillent les institutions et l’appareil d’Etat. Nous devons briser l’emprise de ces réseaux sur notre pays. Face aux nombreuses épreuves que ce pouvoir insensible impose à la nation tout entière, nous devons nous organiser afin de le combattre. Nous devons redoubler d’effort pour arrêter cette spirale dangereuse dans laquelle le pouvoir engage notre pays et son peuple-martyr :

Mes Chers Compatriotes,

En votre nom, je voudrais demander au régime RPT-UNIR d’ouvrir les portes des prisons à nos compatriotes qui y sont détenus de façon injuste, pour leurs opinions politiques. Qu’ils soient remis en liberté ! De la même manière, je demande au régime RPT-UNIR de prendre toutes les dispositions afin de faciliter le retour, sans condition, de nombreux compatriotes, contraints à l’exile ou à la clandestinité, pour avoir développé des points de vue opposés à ceux des gouvernants. Il est temps de laisser les citoyens togolais libres d’aller et venir, libres de s’exprimer et de circuler sur toute l’étendue du territoire de leur pays, libres de choisir leurs dirigeants.

Vaillant Peuple Togolais,

Permettez que je m’adresse à nos frères et sœurs qui ont choisi le métier noble de servir sous l’uniforme et le drapeau de la République togolaise.

Mesdames, Messieurs, Chers Compatriotes en uniforme,

Je vous exprime notre gratitude, nos encouragements mais aussi notre sympathie pour votre mission de défense et de protection de notre pays, surtout à l’heure où des groupes terroristes s’en prennent à notre pays, attaquent et tuent nos soldats et nos paisibles concitoyens, notamment, dans la partie septentrionale du Togo.

Les forces armées sont au service de la nation tout entière. Elles sont apolitiques et non partisanes, même si la démocratie permet d’avoir une opinion politique, celle-ci doit s’exprimer dans les urnes et non sous l’uniforme mise au service d’un groupe politique. Pour assurer la survie et la longévité du régime, les forces armées et de sécurité sont l’objet d’une manipulation inacceptable. L’heure est venue de vous défaire de cette servitude, contractée par certains hauts gradés en votre nom à tous. Aucun soldat n’a été recruté, formé et équipé pour se tourner contre ses compatriotes. Non ! Aucun règlement ne vous oblige à traquer, molester, brutaliser voire assassiner vos compatriotes, même lorsqu’ils manifestent contre la politique conduite par le pouvoir RPT-UNIR. Car manifester est un droit constitutionnel. Vous ne pouvez pas continuer de servir de bouclier à des gens qui violent quotidiennement les lois de la République, piétinent la Constitution qu’ils ont eux-mêmes formatée à leur profit.

Dans quelques jours, le peuple togolais se rendra dans les urnes afin d’élire ses députés et ses conseillers régionaux. Ce double scrutin se tient après de multiples manœuvres de ceux qui se comportent en propriétaires des pouvoirs au Togo, manœuvres dont la finalité est de créer la confusion dans les esprits. Ils vont comme de coutume vous mettre à contribution pour faire peur aux populations, surtout celles des hameaux les plus reculés de notre pays. Citoyens et électeurs, vous participez à l’élection en déposant votre bulletin dans l’urne, selon la règle sacro-sainte : « Un homme, un vote ».

L’uniforme ne doit sous aucun prétexte servir à dénaturer le choix des citoyens. Bien au contraire. Lorsque vous êtes témoins d’une tentative de fraude, empêchez-la. Aucun règlement n’oblige les membres des forces de défense et de sécurité à prêter leur concours aux manipulations illégales des bulletins de vote, au détournement des urnes, au dévoiement du choix libre des citoyens, au bourrage des urnes. Je tiens à le proclamer solennellement ici : Notre combat n’est pas de marginaliser les forces de défense et de sécurité. Notre ambition est de les libérer de toute entrave à caractère partisan et de leur rendre leurs droits de citoyens libres et dignes du respect de l’ensemble des populations togolaises. Et que dire du maintien d’ordre ?

Mes Chers Compatriotes en uniforme, vous le savez mieux que quiconque, le maintien d’ordre ne signifie pas la guerre. Ceux qui en sont chargés sont formés à cet effet, avec l’argent public, pour conduire cette opération en évitant en premier lieu, de porter atteinte à l’intégrité physique des uns et des autres. Tous ceux qui se livrent à des actes de violence contre leurs frères et sœurs prennent le risque de faire face, tôt ou tard, à des actions en justice. Nous ne voulons plus que notre peuple soit victime des actes de violence de ceux dont la mission est d’assurer notre sécurité et de garantir l’intégrité du territoire national. Personne ne vous demande de vous soulever contre le pouvoir ou contre votre commandement. Les populations togolaises attendent tout simplement de vous, dans l’accomplissement de votre mission, un comportement républicain, digne et citoyen, respectueux des lois et règlements en vigueur.

Mes Chers Compatriotes en uniforme, je vous invite à entrer définitivement dans la République, qui est notre maison commune. Refusez la manipulation au service d’une cause qui n’est ni la vôtre, ni celle du peuple souverain. Soyez des soldats au service du Togo et des Togolais. Ainsi vous gagnerez le respect de tous. Bonne chance et bon courage à vous tous, dans vos missions au service du peuple togolais tout entier.

Togolaises, Togolais, Mes Chers Concitoyens,

Ensemble, faisons de ce 27 avril 2024, un repère pour un éveil citoyen, un éveil définitif sur notre vivre ensemble menacé, le point de relance de notre lutte de libération. La lutte doit reprendre dans la fraternité et dans la solidarité, sans esprit de revanche, pour la reconquête de notre indépendance et de notre souveraineté, de notre liberté et de notre dignité. Le temps est venu de choisir clairement ce que nous souhaitons pour notre pays, sa survie et un meilleur avenir pour tous. Notre pays ne peut pas continuer de vivre en marge des peuples qui avancent, qui construisent leur avenir. Il existe une alternative réelle au système RPT-UNIR. Rappelez-vous : « Il y eut un soir, il y eut un matin » Ma conviction est qu’il y aura pour nous tous, inexorablement, un matin de joie et de liberté retrouvées. Bonne fête de l’indépendance à vous tous. Bonne fête à nous tous !

Vive le Togo libre, indépendant et prospère !

Vive le Togo des patriotes et des bâtisseurs !

L’Eternel bénisse le Togo et le peuple togolais tout entier !

Ablodé, Ablodé, Ablodé gbadja

Fait à Lomé, le 26 avril 20246

 Le Président Jean-Pierre FABRE

Président National de l’ANC

Source : icilome.com