Togo-Jean-Pierre Fabre : « A l’orée de cette année nouvelle, je voudrais demander aux populations togolaises de ne pas perdre espoir »

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Dans une interview accordée au bimensuel d’informations « L’Intelligent », l’opposant Jean-Pierre Fabre se prononce sur la situation sociopolitique du Togo. Le président de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC) revient sur les grands maux qui minent l’opposition togolaise. Il met aussi en garde le régime RPT-UNIR. « A l’orée de cette année nouvelle, je voudrais demander aux populations togolaises de ne pas perdre espoir. L’alternance politique tant souhaitée est toujours possible dans notre pays. Mais la mobilisation doit se préparer. Le boulevard que le RPT/UNIR voit devant lui, peut n’être qu’un mirage et se transformer subitement en sentier », a indiqué Monsieur le Maire du Golfe 4. Lecture.

L’Intelligent: Qu’est qui vous a marqué au cours de l’année 2021 et qu’avez-vous à dire aux togolais à l’orée de la nouvelle année ?

Jean-Pierre Fabre: Depuis trois ou quatre ans, la vie politique nationale est caractérisée par la présence sur l’échiquier politique national de groupuscules qui tout en se réclamant de l’opposition s’acharnent à détruire la véritable opposition par l’usage systématique du mensonge, de la calomnie et de la diffamation sur les réseaux sociaux qui sont leur terrain de prédilection. Cette nouvelle ‘’stratégie d’opposition’’ sème la confusion et le désordre au sein des populations et renforce le système RPT/UNIR qui continue dans l’arbitraire comme en témoigne l’organisation de sa Concertation Nationale des Acteurs Politiques, CNAP. En conséquence, en 2021, c’est l’atonie générale de la vie politique togolaise et la poursuite d’une campagne de dénigrement orchestrée contre les partis de l’opposition, laissant le RPT/UNIR, dans l’indifférence totale, poursuivre sa politique autoritaire. Ainsi, l’état d’urgence sanitaire qui devait être une exception est devenu, avec la complicité de l’Assemblée nationale, la règle de gouvernance.

Ainsi, de paisibles citoyens, responsables et militants politiques, membres de la société civile, journalistes, sont intimidés voire jetés en prison pour avoir exprimé leur opinion. Nous assistons actuellement à une farouche volonté de museler la presse. Nous devons la condamner et la combattre fermement. A l’orée de cette année nouvelle, je voudrais demander aux populations togolaises de ne pas perdre espoir. L’alternance politique tant souhaitée est toujours possible dans notre pays. Mais la mobilisation doit se préparer. Le boulevard que le RPT/UNIR voit devant lui, peut n’être qu’un mirage et se transformer subitement en sentier. Mais le peuple doit toujours exercer son devoir de vigilance. Et faire preuve de discernement. En évitant de s’en remettre, par lassitude, au premier charlatan venu. La politique est une chose trop importante pour être laissée entre les mains des seuls politiciens.

L’union de l’opposition est-elle encore possible après les lendemains tumultueux de l’élection présidentielle de 2020 ?

Cela dépend de ce que vous appelez l’union de l’opposition. La véritable union se pratique dans la sincérité et la vérité. Elle n’est pas fondée sur le mensonge. Elle ne s’acharne pas à niveler toutes ses composantes par le bas. Elle ne consiste pas à abandonner la lutte pour l’assainissement du cadre électoral, pour une stratégie électorale inefficace de candidature unique, dont le seul objectif est d’éliminer une personne. Elle est faite pour combattre le RPT/UNIR et non un allié politique. Nous n’appartiendrons aux plus regroupements bâtis autour de l’objectif d’éliminer ses membres par un gourou extérieur.

Vous voyez bien que les péripéties des années 2019, 2020 et 2021, ont laissé des traces profondes, qu’il est impossible de passer par pertes et profits. Malgré cela, l’ANC reste sereine et décidée à aller de l’avant dans le respect de la recommandation N°2 de son dernier Conseil national qui « Demande au parti d’engager, dans un esprit d’unité d’action politique commune revendicative, la mobilisation des populations et des forces démocratiques crédibles, notamment de la société civile, en vue de l’assainissement du cadre électoral ».

Cela implique du sérieux, de l’honnêteté et de la transparence de part et d’autre. Face à une dictature, l’union est certainement importante, mais elle ne remplace pas le travail déterminé et ferme sur le terrain, comme on l’a cru. Ce travail au quotidien des composantes, est fortement nécessaire pour mener des actions unitaires.

Bientôt, une nouvelle CENI va être mise en place. Comment l’opposition extraparlementaire s’y prendra pour les 3 places qui lui sont destinées ?

La CENI est l’institution chargée de l’organisation des élections. Sa composition qui est politique est déterminée par la représentativité des forces politiques. Selon le Code électoral, seuls les partis représentés à l’Assemblée nationale peuvent en être membres. Bien entendu, il faut revoir cela. L’opposition qui n’a pas pris part aux dernières élections législatives en raison du non-respect de la feuille de route de la CEDEAO qui prescrit des réformes du cadre électoral avant toute élection, n’y est pas représentée. Or, les dernières élections locales montrent que l’opposition extraparlementaire est plus représentative que l’opposition parlementaire. Cela doit se refléter dans la composition de la CENI et ses démembrements. Par ailleurs, la composition de la CENI ne doit pas continuer d’assurer au pouvoir en place, une majorité confortable pour manœuvrer cette institution, à sa guise. La répartition des sièges n’est pas une difficulté majeure.

L’année 2022 connaîtra peut-être des élections régionales. Participerez-vous à ce scrutin ?

 Vous dites bien ‘’peut-être’’ et vous avez parfaitement raison. A l’heure où nous sommes, rien n’indique qu’il y aura bien des élections en 2022. Dans un pays normal, les forces politiques en présence sont informées bien longtemps à l’avance, des consultations électorales si elles n’ont pas d’échéances constitutionnelles, et sont associées à leur organisation. Il m’est donc difficile de répondre à votre question.

Source: L’Intelligent N°18 du 15 décembre 2021

Source : icilome.com