Togo: Inondations, Énormes Risques Sanitaires, Relogements Difficiles…

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CEG Akodessewa, Lomé

Les images de nombreux quartiers de la ville de Lomé et ses environs ne sont pas reluisantes en cette saison pluvieuse. Routes, maisons, écoles et même hôpitaux sont inondées surtout dans les zones où le gouvernement a fait construire ses « fameuses » retenues d’eau. Un calvaire interminable pour les riverains. Les conséquences sanitaires sont indescriptibles et ne sont pas abordées avec soin. Le problème des inondations dans le grand Lomé devient visiblement ingérable pour les dirigeants.

Alors que l’agence de météorologie du Togo annonce de fortes pluies pour ce mois de juin, le gouvernement par ses mesures palliatives, mise sur le numéro vert d’urgence « 170 », la destruction des dépotoirs sauvages, le curage des caniveaux pour faire face à des inondations qui touchent presque toute la capitale Lomé et font déjà des déplacés.

Pendant ce temps, les habitants d’Agoé et ses environs, Avedji, Adidogomé, Ségbé, awatamé, Zanguéra, Baguida, Avépozo, Adakpamé, Nyékonakpoé, Kodjoviakopé et d’autres quartiers ont les pieds actuellement dans l’eau en attendant de nouvelles précipitations. Ils deviennent finalement des victimes de ces retenues d’eau installées à proximité de leurs maisons pour soi-disant les protéger contre des pluies diluviennes. L’amateurisme et la gouvernance par approximation sont passés par là.

Ce qui embête ces habitants, c’est que, comme eux-mêmes l’affirment, leurs zones n’étaient pas auparavant exposées à des inondations. Leurs ennuis ont commencé avec la création de ces bassins de retenue d’eau qui débordent à chaque pluie et leur crée de gros soucis. Dans de nombreux quartiers, ils s’organisent comme ils peuvent pour trouver des solutions au mal auquel ils sont exposés, étant donné que leurs cris sont à peine entendus par les autorités locales. Certains se font aider par des jeunes qui, à l’aide des machines, pompent les eaux dans les maisons contre rémunérations, d’autres dans les quartiers comme Nyékonakpoé, Kodjoviakopé ont préféré déboucher les buses qui autrefois servaient à drainer les eaux vers la mer et qui avaient été fermées pour des raisons politiques.

Bien que des experts aient indiqué que la ville de Lomé de par sa position géographique, a un cordon littoral en haut des zones lagunaires qui sont plus basses que celles de la mer, des zones des plateaux où les pentes sont multidimensionnelles et que l’urbanisation rapide de Lomé n’a pas tenu compte de l’aspect géographique de la ville, ce qui entraine par ricochet des inondations récurrentes lors des saisons pluvieuses. Mise à part ces défauts naturels que possède la ville, l’un des problèmes majeurs du Grand Lomé demeure la canalisation des eaux diluviennes et même des eaux usées.

Les faibles dispositifs que le pays possède tels que le pullulement des rétentions d’eau font écho de solutions à fortes budgets avec des résultats déplorables. Sous d’autres cieux, ces retenues d’eau, « meilleure trouvaille » du gouvernement togolais, qui coûtent des milliards, ne sont généralement pas construites au milieu des habitations comme on le voit dans presque chaque quartier de la capitale Lomé. Mais elles sont plutôt installées dans les zones rurales afin de servir de réservoir d’eau pour les fermes, à la construction des barrages, pour la pêche, à la création des zones aménagées pour les loisirs et promenades.

Mais au Togo de Faure Gnassingbé, où tout semble se faire sans prévision préalable, les retenues d’eau servent visiblement de décoration dans les quartiers de Lomé et causent plus de soucis aux riverains qu’elles ne devraient résoudre le problème d’inondation. Une autre solution mise en place par le gouvernement est l’installation des bâches à eau qui devraient absorber les excès des retenues d’eau. Elle s’avère aussi inadéquate parce que le moment de pompage des eaux coïncide avec la coupure du courant à chaque précipitation. Les dégâts sont incontrôlables, les rues sont impraticables, les maisons sont inondées, les risques sanitaires alarmantes.

Problèmes de santé en zones inondées dans la ville de Lomé

Depuis le début de la saison pluvieuse en mai dernier, des familles victimes d’inondations, se sont réfugiées dans des écoles et autres centres publiques en attendant que l’eau ne tarisse dans leurs maisons. Cette solution a aussi son lot de risques sanitaires tels que l’insalubrité, l’exposition aux maladies et le manque d’accès aux services de base. La plupart de ces familles sont laissées à elles-mêmes.

D’autres familles qui ne peuvent se payer ce luxe, demeurent dans leurs maisons, entourées d’eaux stagnantes, qui virent vers la couleur verdâtre avec des défis sanitaires auxquels elles sont exposées.

La saison pluvieuse étant en soi propice à la prolifération des moustiques, augmente selon les spécialistes de santé, le risque de la propagation des maladies telles que le paludisme, la dengue. Cependant, les familles qui vivent dans les zones inondées sont exposées à des maladies telles que les vers, la diarrhée, le choléra, la fièvre typhoïde, la fièvre jaune, etc.

A en croire les services de santé, les inondations favorisent aussi le risque de propagation des germes fécaux et d’autres germes pathogènes à partir des fosses septiques défectueuses, la contamination des nappes phréatiques, et donc des forages et autres. Par conséquent, les problèmes sanitaires sont énormes dans ces zones.

Pour pallier un tant soit peu à ces maladies, les spécialistes de santé préconisent aux familles vivant en zones inondées de protéger les enfants, d’éviter de se déplacer pieds nus dans les eaux stagnantes qui sont susceptibles d’être souillées, de désinfecter immédiatement toute blessure observée sur la peau, de bouillir l’eau du puits ou du robinet pendant 10 à 15 minutes avant toute consommation, de bien protéger les aliments, d’utiliser très régulièrement des diffuseurs insecticides ainsi que des moustiquaires.

Une autre conséquence de ces inondations dont personne n’en parle, mais qui atteint le moral des victimes est la dislocation du lien social, les habitants des zones inondées, se sentent éloignés les uns des autres et restreints. S’en suit l’interruption de la scolarité des enfants surtout ceux qui sont en classe d’examens et qui doivent pour autant préparer dans ces conditions leurs examens.

Julian en classe de Terminale dans un quartier inondé de la capitale, vit un moment déplorable. Il ne lui reste que quelques jours pour le baccalauréat, mais cela lui semble une éternité. « On a les pieds dans l’eau depuis plusieurs semaines déjà. Vous-même vous voyez, les conditions de vie sont déplorables. Ça nous affecte tous mentalement, les nuits, nous trois, sortons pour aller apprendre sous les lumières des boutiques fermées », confie ce jeune garçon, 18 ans.

Et de se plaindre : « On se déplace avec des bottes dans la maison ; les puisards sont pleins, on est obligés de se laver dans les eaux déjà stagnantes. Je prie Dieu pour que le jour de mon examen arrive vite ; je le vis comme un poids dans ces conditions. On s’est plaint auprès des autorités locales pour qu’elle puisse nous aider à vidanger nos maisons des eaux stagnantes mais rien n’a été fait ».

Ils sont plus d’un millier d’élèves dans les mêmes conditions de vie et d’études déplorables que Julian, sans aucune aide et voués à eux-mêmes.

Source: lalternative.info

Source : 27Avril.com