« Comment le mensonge ne serait-il pas une tentation quand l’homme faible et puéril est si vite ébloui ? » (Vladimir Jankélévitch)
Semble-t-il que c’est l’OMS qui contraint le Togo à vacciner la population en grande masse ? « F-A-U-X, FAUX. Sans autre commentaire », a répondu Majesté Ihou, ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche lors d’une émission sur radio Victoire Fm. Plus loin, l’homme embraye et passe à la vitesse supérieure. « Je dis la vérité, je ne fais pas du populisme dans le vent ; c’est sur des chiffres ; nous somme aujourd’hui leader en Afrique dans la vaccination », a dardé celui qui estime que les argumentaires du Premier ministre devant l’Assemblée nationale étaient de haut vol (sic).
Ainsi, contrairement à ce que d’aucuns pensent, l’Organisation mondiale de la santé n’a rien demandé à quelque pays que ce soit. Mais alors, que dire de ces lignes suivantes sur le site d’informations Afrique de l’OMS ? « Huit pays sur 10 en Afrique risquent de ne pas atteindre l’objectif fixé pour la vaccination contre la COVID-19 » ? « L’Afrique est sur le point de manquer l’objectif à caractère urgent fixé au niveau mondial, consistant à vacciner 10 % des groupes les plus vulnérables contre la COVID-19 dans chaque pays avant la fin du mois de septembre. De nouvelles données recueillies par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) indiquent que 42 des 54 pays d’Afrique – soit près de 80 % du total – risquent de ne pas atteindre l’objectif fixé pour la vaccination contre la COVID-19 si le rythme actuel d’expédition de vaccins et de vaccination se maintient », lit-on sur le site. Un article publié le 2 septembre 2021.
Quand Ihou Wateba déclare que « nous sommes aujourd’hui leaders en Afrique dans la vaccination », c’est sur la base de quels chiffres, de quelles statistiques ? A moins qu’il détienne des éléments non encore communiqués aux autorités sanitaires mondiales, ses propos frisent le populisme. Et par rapport à sa réponse « sans commentaire », l’information de l’OMS section Afrique est tout aussi sans commentaire. Reste maintenant à déterminer qui de l’OMS ou du louangeur des actions du gouvernement est le poker menteur. Selon les données rapportées à l’OMS à la date du 15 septembre 2021, 13 pays ont atteint cet objectif. Le Togo n’y figure pas.
Des ministres sont passés dans des gouvernements successifs. Certains traversent le temps et sont toujours là, en poste. Non pas parce qu’ils déclament des vers, des strophes et autres acrostiches à l’endroit du chef de l’Etat ou du chef de gouvernement à longueur de journées. Mais parce qu’ils sont soit efficaces, soit humbles.
La pandémie a propulsé certains au-devant de la scène nationale. Mais à l’épreuve de l’exercice de la fonction ministérielle, les choses se décantent : n’est pas ministrable qui veut, mais qui peut. Et quand on en vient à porter ce costume, il urge qu’on ait toujours présent à l’esprit qu’on n’est qu’un serviteur du peuple, conformément à la définition du mot ministre. Moralité, l’humilité d’esprit et la considération de l’autre sont des vertus à cultiver. Parce que nous sommes au Togo. Et ici comme ailleurs, la roue de la politique tourne, n’en déplaise à ceux qui rêvent de durer dans un exécutif qu’ils n’ont jamais pensé intégrer, n’eût été la force de dame nature.
Godson Ketomagnan
Source : Liberté
Source : 27Avril.com