Les coupures d’électricité n’épargnent décidément aucun secteur d’activité au Togo. Si les négoces de beaucoup de commerçants continuent de se ressentir de ces délestages à longueur de journée, le pire est à craindre du côté des hospitalisés qui n’en finissent plus de passer leurs journées dans des salles d’hospitalisation où la chaleur le dispute à l’incommodité. Une addition si bien salée, qu’aujourd’hui une bonne partie de ces souffrants souhaiteraient rentrer chez eux, même s’il leur faudra y laisser leur peau.
Dr Gilbert Tsolenyanou , Secrétaire Général du Syndicat des praticiens hospitaliers du Togo (Synphot), s’est récemment fait l’écho du calvaire que vivent ces patients dans les centres de santé sur les ondes, lui qui a par la même occasion lancé un appel «aux mairies et aux élus locaux pour agir pour que les centres de santé soient dotés de groupe électrogène». Que les structures sanitaires soient littéralement touchées par le phénomène n’est pas tant ce qui étonne, mais c’est le manque de groupes électrogènes censés générer automatiquement l’énergie électrique après le délestage, qui offusque. Passe encore pour les bien portants, mais laisser les malades sans électricité est une chose qu’on ne peut tolérer qu’au Togo, pays de toutes les amateurismes. Dans un pays comme le Togo, cette information n’est pas suffisamment dramatique pour faire agir les autorités compétentes.
Mais au Bénin où le degré d’humanité est nettement plus élevé il a fallu une coupure d’électricité de quelques heures (ayant causé le décès de quatre patients vendredi 7 octobre 2022 au service de réanimation ) pour que le procureur de la République ouvre une enquête à la brigade criminelle et que la police judiciaire se déplace sur les lieux et démarre les auditions. Patrice Talon avait lui-même saisi l’Autorité de régulation du secteur de la santé. Le ministre de la Santé s’est naturellement fendu d’un communiqué où il a présenté ses «condoléances aux familles des 4 compatriotes décédés au service de réanimation du CNHU-HKM de Cotonou». La vie humaine étant sacrée, elle passe avant tout. Ce n’est pas le cas quand on vit dans une république bananière comme la nôtre. Mais les patients ne sont pas au bout de leur peine, surtout ceux devant bénéficier d’opérations chirurgicales d’urgence : quelque 70 paramédicaux opérant dans 19 centres de santé ont décidé de suspendre les interventions chirurgicales. Cette décision dont les répercussions s’annoncent dramatiques n’est en réalité que la suite du mouvement de grève lancé le 20 mai, où les opérateurs avaient pourtant déjà informé leur hiérarchie du besoin de cesser les activités si la normalisation de leur situation n’est pas actée.« Nous, opérateurs paramédicaux, après plus de six (6) mois de silence à notre demande d’une autorisation formelle pour la prise en charge des urgences chirurgicales, avons le regret de vous informer de notre retrait de cette fonction d’opérateur paramédical à compter du 20 mai 2024 », peut-on lire dans leur note. L’inquiétude est d’autant plus grande que les hôpitaux où manqueront désormais ces actes médicaux de haute importance sont des plus fréquentés : l’hôpital de Bè, Bè -Kpota, les CHP de Vogan, Tsévié, Aného, Notsè, Kpalimé, Tohoun, Atakapamé, Badou, Bassar, Blitta, Sokodé, Mango, Dapaong, Tchamba, Sotouboua, Pagouda et CHR Tomde. Soit les centres de santé les plus hantés. Cette mauvaise nouvelle a déjà fait déplacer des patients qui doivent être opérés à l’hôpital de Bè et de Bè-kpota au CHU Sylvanus Olympio de Lomé. Ceux de l’intérieur se débrouillent également comme ils le peuvent, d’autres patients encore font recours «aux cliniques dont l’excessivité du coût des soins n’est plus à démontrer ». Il urge que les autorités parent au plus pressé face à cette situation qui met en danger la vie des milliers de Togolais.
Source: Le Correcteur / lecorrecteur.info
Source : 27Avril.com