Ancien opposant historique aux régimes successifs de Eyadema et Faure Gnassingbé, Gilchrist Olympio a annoncé son retrait de la vie politique. Dans sa dernière intervention, celui qui a accepté de signer un accord avec le parti au pouvoir, demande « un retour aux fondamentaux de la Constitution de 1992 ».
A bientôt 80 ans, Gilchrist Olympio vient de provoquer ce 28 novembre un mini-séisme politique en annonçant son retrait de la vie politique du Togo après près de 50 ans d’opposition acharnée aux régimes de feu Gnassingbé Eyadema et de Faure Gnassingbé, qui lui a succédé en 2005. « L’avenir de l’UFC, de la contestation politique, et du Togo, devront demain être imaginés et poursuivis par des jeunes hommes et femmes de moins de 80 ans », a indiqué celui qui a repris le flambeau politique de son père, Sylvanus Olympio, premier président de la République togolaise assassiné lors d’un coup d’État le 13 janvier 1963.
Bilan au vitriol de l’accord avec le parti au pouvoir
Très actif ces dernières semaines en coulisses dans la tentative de résolution de la crise politique qui secoue le pays depuis plusieurs semaines, l’emblématique patron de l’Union des forces de changement a crée la surprise, tant par l’annonce de son retrait que par le bilan qu’il a livré de l’accord signé par l’UFC avec l’ancien parti au pouvoir, le Rassemblement du peuple togolais (RPT), auquel a succédé en 2012 l’Union pour la République (Unir).
Les espérances de changement et notre vision d’un Togo nouveau sont toujours à réaliser
Cet accord, signé en 2010 entre les deux principaux partis du paysage politique de l’époque sous l’égide de la Communauté de Sant’Egidio, a notamment permis à des membres de l’UFC de faire leur entrée au gouvernement. L’accord « demandait au RPT les mêmes concessions qui sont aujourd’hui encore réclamées par les manifestants », a indiqué Gilchrist Olympio.
« Force est de constater que les termes de cet accord ne sont pas entièrement réalisés. Malgré ces insuffisances, nous avons fait le difficile choix de rester fidèle à notre engagement, conscients du fait que les espérances de changement et notre vision d’un Togo nouveau sont toujours à réaliser », a-t-il poursuivi.
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Appel à l’union de l’opposition
Pour ce qui pouvait être considéré comme une dernière prise de parole publique en tant que chef de parti, l’octogénaire a appelé l’opposition – qui a renouvelé ses appels à manifester pour les 29 et 30 novembre – à ne pas se laisser prendre en otage par le cycle de la violence.
« Nous devons avoir le courage de dénoncer fermement les incitations à la haine véhiculées à travers les réseaux sociaux, de même que les actes de violence qui ont été commis au cours des manifestations », a lancé celui qui a affronté feu le président Eyadema lors de la présidentielle de 1998.
Pour sortir de la crise, Gilchrist Olympio propose « un retour aux fondamentaux de la Constitution de 1992 ». Au président Faure Gnassingbé, il demande d’accepter « le principe de ne pas se représenter à la présidentielle de 2020, afin de laisser le champ libre à une consultation démocratique libre ». Réclamant une union de l’opposition, il a souhaité « un projet clair et responsable pour préparer la compétition d’idées à laquelle tous les partis devront prendre part ».
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Avec deux députés, il est difficile aujourd’hui à l’UFC de s’ériger en donneur de leçons
Contacté par Jeune Afrique, Atcholi Aklesso, secrétaire exécutif du parti au pouvoir, tempère les critiques et dit même sa « satisfaction ». Aklesso préfère souligner « dans cette déclaration de l’UFC, la condamnation de la violence, le refus du procès en patronyme et la reconnaissance des avancées significatives obtenues depuis l’arrivée au pouvoir du Président Faure Gnassingbé relativement au développement économique du pays ».
Atcholi Aklesso remet cependant en cause la légitimité de la voix d’Olympio : « Avec deux députés, il est difficile aujourd’hui à l’UFC de s’ériger en donneur de leçons, même si nous saluons sa participation au gouvernement dont il salue d’ailleurs les réalisations. »
« Il est important de faire remarquer qu’il appartient à l’Unir de décider en temps opportun et à l’issue d’un débat interne, de qui portera ses couleurs [en 2020, NDLR], et ce conformément aux lois en vigueur », a conclu le secrétaire exécutif de la majorité.
Jeune Afrique