Togo, Gestion Opaque de l’Exploitation du Phosphate : Voici ceux qui en mettent plein les poches.

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L’un des grandes richesses dont dispose le Togo est le Phosphate. L’immensité et la qualité de ce gisement, pourrait permettre au Togo d’assurer son développement. Mais tel n’est pas le cas. La gestion de ce gisement ne serait véritablement pas du ressort de la Société Nationale Nouvelle des Phosphates du Togo (SNPT). Selon une étude de l’association « Veille économique », seulement un groupe de deux familles étrangères chapeauté par Faure Gnassingbé jouit de cette richesse au détriment de la population. Qu’en est-il exactement de la situation ? Voici ici l’état des lieux avec les vrais profiteurs du phosphate togolais ?

Togo, Gestion Opaque de l’Exploitation du Phosphate : Voici ceux qui en mettent plein les poches.

Le Togo et le Maroc sont les pays africains disposant en leurs sous-sols d’importants gisements de phosphate. Le Maroc a reconnu la valeur du phosphate et s’en sert pour son développement. Si le royaume chérifien est l’une des économies les mieux portantes du continent, c’est beaucoup grâce à l’exploitation de son phosphate. La situation est tout autre au Togo. Avec tout ce que dispose le Togo comme richesse, le pays baigne dans une misère noire. Le développement peine à décoller, tellement les détournements de biens et richesses publiques par la seule famille au pouvoir depuis plus de 50 ans et son entourage direct sont flagrantes. Le Togo, petit pays de seulement 7 millions d’habitants, qui ne représente même pas le 1/3 de la population de la ville de Lagos au Nigéria, et qui devrait être un paradis, a de plus en plus l’ air d’un enfer à ciel ouvert.

L’étude de l’association ” Veille économique” sortie en un document intitulé « PHOSPHATE DU TOGO », révèle que « En terme de chiffre, la contribution du phosphate au PIB du pays était de l’ordre de 2, 3% en 2013, à et de 1,4% en 2014… ».

Et pourtant dans les années 1990, le phosphate représentait à lui seul 40% à 50% des recettes d’exportations comme le révélait une étude de Jacques Girot (économiste français) paru en 1995 sur la situation énergétique de 34 pays africains.

Selon ce que nous savons, le Togo dispose encore d’ énormes quantités de gisement de phosphate alors une question devient plus qu’évidente: que se passe -t-il avec l’ extraction de ce bien national qui pouvait contribuer à lui seul à la résolution quasi totale des différentes revendications sociales entre autres l’éducation et la santé…

L’exploitation du phosphate et les retombées économique pour le Togo

S’exprimant aux micros d’un groupe de journalistes dans une vidéo mise en ligne sur la chaîne YouTube le 12 décembre par IVTiVisageTogo, Dr Thomas Koumou, consultant en économie et finances déclare que le Togo serait absent de la liste des grands producteurs mondiaux de phosphate, le pays était pourtant encore le cinquième producteur mondial de phosphate au moment de la succession de Faure Gnassingbé à son defunt père en février 2005 à la tête du pays. Parmi les motifs de cette absence, il déplore l’opacité qui entoure la gestion du secteur minier togolais et ajoute qu’en 54 ans, l’exploitation du phosphate n’aurait aucun impact significatif sur l’économie de notre pays.

Cette conclusion aussi surprenante que choquante viendrait d’une analyse corrélationnelle entre l’évolution de la croissance économique du Togo et l’évolution de l’exploitation du phosphate togolais sur une période de 21 à 28 ans.

S’appuyant ensuite sur un certain nombre de documents parmi lesquels le rapport 2017 de l’African Investigative Publishing Collective (AICP), l’économiste justifiait l’absence du Togo de la liste des grands producteurs mondiaux de phosphate et l’opacité prévalant autour de la gestion du secteur minier togolais, par le fait que l’exploitation du phosphate profiterait directement à des gouvernants dont le chef de l’Etat togolais Faure Gnassingbé qui en aurait confié la gestion à Raphael et son fils Liron Edery, deux juifs d’origine marocaine qui, fort de leurs «pôles de décisions essentiels» au sein des Sociétés Nouvelles des Phosphates du Togo, vendraient notre phosphate à une famille indienne.

La gestion de l’exploitation du phosphate togolais vue par le rapport 2017 de l’ONG African Investigative Publishing Collective (AICP)

En octobre 2017, The African Investigative Publishing Collective (AICP), un consortium de journalistes d’investigation expérimentés a publié un rapport sur l’évolution de la corruption et la problématique des détournements de deniers publics dans sept pays africains parmi lesquels notre pays le Togo.

Selon ce rapport, la gestion de l’exploitation du phosphate togolais a effectivement été confiée à Raphael Edery. Ce dernier agirait uniquement sur ordre du chef de l’Etat togolais qui lui aurait fait aménager un bureau à la présidence de la République. Pour l’assister dans la gestion de l’exploitation du phosphate, Raphael Edery collabore avec son fils Liron Edery dont le bureau est situé dans les locaux du siège de la Société Nouvelle des phosphates du Togo(SNPT) à Paris en France.

D’après ce rapport, les Edery ont le contrôle de la gestion de l’exploitation du phosphate, ce que confirme les propos du Dr Thomas Koumou. Interrogée par les rédacteurs de ce rapport, une source anonyme confie que la fixation du prix de vente du phosphate togolais et le choix des acheteurs relèvent exclusivement du domaine du président Faure qui, en concertation avec «ses amis juifs», vendent notre phosphate «à qui bon leur semble et au prix de leur choix». Quant à la prévalence de l’opacité évoquée plus haut par l’économiste Koumou, il apparait qu’elle existerait en effet sur la gestion de l’exploitation du phosphate et par conséquent La Société Nouvelle des Phosphates du Togo (SNPT) est la seule source à même de présenter avec exactitude des rapports annuels, les rapports d’activités et les états financiers sur la gestion de l’exploitation du phosphate.

Qui sont les principaux partenaires à l’exportation de notre phosphate?

Vendu à 100$ US la tonne, soit environ 20 dollars de moins que le prix du cours mondial et 66$ de moins que le prix de la tonne vendue à l’Australie par le Royaume du Maroc, le phosphate togolais a plusieurs acheteurs dont le principal représenté par la société Kalyan.

Ainsi, à part la France, l’Inde, le Mexique et le Brésil, les principaux acheteurs du phosphate togolais ont pour noms Ashok et Amit Gupta, un père et un fils d’origine indienne. A travers leur société de transport maritime Kalyan, la famille Gupta achète 90% du phosphate togolais ce qui fait d’elle les « clients privilégiés » de la SNPT selon la fiche technique du Togo sur le site officiel de World Investment News.

Cependant, suite à l’échec de l’obtention de l’autorisation d’exploitation d’une réserve de phosphate togolais l’année dernière, Ashok et Amit Gupta se seraient vus attribuer la gestion et l’exploitation de l’hôtel 2 février Radisson Blu de Lomé en guise de «consolation» par Faure Gnassingbé.

Quelles sont les conséquences de la vente du phosphate togolais à un prix non-compétitif?

Faute d’avoir su diversifier les acheteurs de manière à ce qu’il y ait un alignement du prix proposé sur le cours mondial du phosphate, une évaluation de l’économiste Koumou, indique une perte de 215 milliards survenus entre 2005 et 2010 pour le trésor public togolais.

Qu’en était-il au temps d’Eyadèma? Faisons un bref rappel.

Sous le dictateur, l’exploitation du phosphate était nationalisée et sa gestion confiée à l’Office Togolais des Phosphates (OTP). A l’instar du chef de l’Etat actuel Faure Gnassingbé et les gouvernants qui bénéficient directement des retombées de l’exploitation du phosphate, des mécanismes avaient été élaborés pour permettre des détournements de fonds au profit de feu Eyadèma et des membres de son régime.

Dans le livre «Le Togo de l’esclavage au libéralisme mafieux» de Gilles Labarthe, Mba Kabasséma, ex directeur de l’Office Togolais de Phosphate (OTP), ancêtre de la SNPT nous apprend que le 1/3 des recettes de ventes du phosphate togolais étaient détourné essentiellement au profit d’Eyadèma Gnassingbé et de son conseiller économique, Maurice Assor qui, tout comme Raphael et Liron Edery, était juif d’origine marocaine.

Concrètement, dans le système Eyadèma-Assor, lorsque le Togo vendait du phosphate pour 3 milliards de fcfa, le président Eyadèma et son conseiller Maurice Assor se partageaient 1milliard. Le livre de Gilles Labarthe révèle également que les détournements de l’argent des phosphates et les prélèvements de commissions sur les projets surfacturés auraient permis au clan de feu Eyadèma «d’accumuler une certaine fortune» dont le montant réel avoisinerait plusieurs milliards de dollars.

Cette révélation avait été confirmée dans une publication citée brièvement par Gilles Labarthe et disponible en intégralité sur le site d’information www.letogolais.com depuis 2002.

Dans ladite publication, Agbéyomé Kodjo, ex Premier ministre et cacique du régime Eyadèma dénonçait d’un côté le pillage et les «rackets scandaleux» des sociétés d’états parmi lesquelles l’Office Togolais des Phosphates au profit d’Eyadèma et des membres de son gouvernement, et de l’autre l’implication du même Eyadèma et de sa famille dans «la gestion patrimoniale et opaque des finances publiques».

Améliorer la gestion de l’exploitation du phosphate afin que les recettes puissent profiter aux populations

Dans une analyse proposée publiée depuis 2015 dans le cadre des activités d’information et de sensibilisation de l’association Veille Economique dont il est le président, Thomas Koumou dit avoir suggéré « un changement de business modèle dans le secteur minier » et une alternance à la tête du pays puisque selon lui, la gouvernance actuelle n’arrive pas à apporter des solutions pour l’amélioration des conditions de vie de nos compatriotes.

Abondant dans le même sens que Dr Koumou, en insistant sur la lutte contre la corruption et la promotion de la bonne gouvernance dans les pays africains, le rapport indique qu’en dehors de l’argent détourné et caché dans les banques occidentales, les dirigeants africains choisissent l’occident pour aller étudier, se soigner, y passer les vacances ou y vivre, devenant ainsi des copies indiscernables de leurs anciens colons.

D’après le rapport AICP, la grogne populaire grandissante contre les détournements et la mauvaise gouvernance au Togo et dans plusieurs pays dont l’Afrique du sud, avait poussé les médias à dévoiler les malversations et conduit les banques sud-africaines à fermer les comptes utilisés par la famille Gupta pour faciliter la fuite des capitaux vers Dubaï.

Par ailleurs, Bell Pottinger, une agence de relations publiques et de communication basée en Grande Bretagne et appartenant à la famille Gupta avait été exclue de l’Association professionnelle nationale du secteur des relations publiques.

Il en est de même pour KPMG et McKinsey, un cabinet d’expertise comptable et un cabinet de conseil, toutes propriétés de la famille Gupta. Selon ce rapport, au lieu d’accuser le colonialisme, l’opinion internationale devrait particulièrement combattre la mal gouvernance entretenue par les multinationales telles que Gemfields ou Getax-Kalyan-Coromandels.

Enfin ce rapport estime que l’aide publique au développement accordée aux dictateurs africains devrait plutôt servir à aider les médias indépendants et renforcer le système judiciaire des pays et les organisations militant pour la justice sociale et demander la suspension du Togo pour pallier les pertes engendrées par le non alignement du prix du phosphate togolais sur le cours mondial du phosphate.

Que conclure

Les différents rapports mentionnés plus haut semblent avoir tous confirmé les faits avancés par l’économiste togolais Dr Thomas Koumou. Non seulement les faits confirment que l’exploitation du phosphate togolais est assurée par deux juifs marocains qui bradent notre phosphate à une famille indienne au profit du chef de l’Etat Faure Gnassingbé et ses amis, causant ainsi des pertes énormes à l’économie togolaise, mais également le bref rappel de la gestion et de l’exploitation du phosphate togolais sous feu président Eyadéma Gnassingbé prouve que le pillage systématique et la gestion opaque de l’exploitation de notre principale ressource est une méthode du pouvoir cinquantenaire RPT-UNIR.

Ainsi donc, le Togo vend son phosphate mais l’argent reçu profiterait carrément à d’autres personnes qu’au peuple togolais à qui appartient ce gisement. C’est comme si l’on avait un manguier dans sa maison et que les mangues mûres étaient toutes cueillies et remises exclusivement aux habitants d’une maison voisine.

Face à une telle injustice, on peut se demander pourquoi l’exploitation de la principale ressource minière de notre pays ne profite pas réellement à son économie depuis 54 ans alors que le président Eyadèma Gnassingbé et son successeur Faure Gnassingbé ont toujours dit avoir été élu démocratiquement par la majorité des Togolais?

Eyadéma avait grièvement blessé le Togo et son fils est entrain de l’achever si les Togolais ne font pas preuve de sursaut qualitatif pour mettre fin à cette injustice qui leur est fait depuis 50 ans.

Source : Afrique Direct + Etiame .com

27Avril.com