Mise à part l’exploit d’avoir accordé, pour la première fois, un entretien à des journalistes togolais, depuis son arrivée au pouvoir en 2005, le Chef de l’Etat togolais a particulièrement brillé par son agilité à esquiver les questions qui lui sont posées.
Certes, Faure Gnasingbé a eu le courage de « plaider coupable » (selon sa propre expression) de n’avoir pas honoré la promesse de faire transférer 5,5 milliards de Franc FCFA aux populations les plus démunies au Togo mais, en bon arracheur de dents impénitent, il a profité de l’occasion pour dérouler son nouveau catalogue de bonnes intentions : carte d’identité biométrique, accès à l’eau potable et à l’électricité, etc.
Pourquoi le gaspillage et le pillage des ressources publiques restent-ils un sport national au Togo ?
Comment le Chef de l’Etat peut-il, de bonne foi, se féliciter du caractère pacifique des élections au Togo alors que l’un des candidats à l’élection présidentielle de 2022 est toujours en exil politique pour avoir dénoncé les fraudes et contesté les résultats ?
Comment Faure Gnasingbé peut-il être satisfait de son bilan alors que des journalistes et des activistes politiques sont traqués, condamnés, emprisonnés ou contraints à l’exil ?
Les Pères et Mères de l’indépendance du Togo seraient-ils fiers de voir les prisons du Togo débordées de détenus politiques ?
Voici quelques unes des questions pour lesquelles ces concitoyen(ne)s auraient souhaité avoir des réponses sincères.
Félicitations, au passage, aux journalistes qui, non sans une certaine témérité, sont parvenus à arracher quelques aveux d’échec des lèvres du Chef de l’Etat.
Beaucoup de Togolais sont restés, toutefois, sur leur faim pour n’avoir pas entendu Faure Gnasingbé aborder quelques unes des préoccupations et déceptions de l’heure.
Pourquoi, le Chef de l’Etat et les membres de son gouvernement n’ont-ils toujours pas déclaré leurs patrimoines conformément à la loi en vigueur ?
Pourquoi l’impunité totale est-elle accordée aux personnes coupables de mauvaise gestion du fonds Covid-19 au regard du rapport d’audit de la Cour des comptes du Togo ?
Pourquoi l’espace de liberté de presse, d’opinion et d’expression a-t-il subi de graves restrictions à cette année d’élections régionales et législatives au Togo ?
Les journalistes de New Word TV ont sûrement subi la « dictature du temps » lors de cette première audition du Chef de l’état mais, à l’avenir, les Togolais apprécieraient beaucoup entendre le Chef de l’Etat sur ces sujet de grande préoccupation.
Kokou Philippe AMÉDODJI
Liège – Belgique
27 avril 2023
Source : Togo actualité
Source : Togoweb.net