Lentement mais sûrement, le régime du despote togolais touche à sa fin. Et les signes avant coureurs sont nombreux et visibles. Même s’il déclare toute honte bue qu’il ne se pliera à aucune pression et que c’est « moi qui signe les décrets ». Cela a un lourd sens. Et dénote que notre « homme simple » n’a plus sa tête sur les épaules, que tout lui échappe dorénavant avec une pression interne et externe qui ne faiblit pas. Et son isolement par ses pairs de la sous-région malgré le fait qu’il occupe le prestige le fauteuil de « Président » en exercice de la CEDEAO est plus que patent.
C’est un secret de polichinelle d’affirmer que les présidents béninois, nigérian et sénégalais le détestent présentement. Il en est de même pour le Chef de l’État nigérien et burkinabé avec lesquels l’entente se résume à sa plus simple portion congrue c’est-à-dire de relations de Chefs d’États à Chefs d’États. Pas plus.
On se rappelle que Patrice Talon par deux fois, avait effectué le déplacement de Lomé pour s’entretenir avec l’usurpateur du pouvoir togolais lui demandant de céder sa place pour au plus tard 2020. Et par deux fois, Faure Gnassingbé avait affirmé avoir le soutien de son peuple et qu’il n’est pas au-dessus des institutions, surtout de l’Assemblée nationale qui avait voté une loi appelant au référendum sur les réformes constitutionnelles.
Le président béninois craint l’aggravation de la crise togolaise qui verrait arriver sur son territoire un flux de réfugiés et surtout une instabilité politique qui nuirait économiquement à son pays et à la sous-région. Il ne comprend pas non plus pourquoi 50 ans durant la même famille règne sur le Togo et que Faure étant à son troisième mandat ne veut pas laisser le trône alors qu’au Bénin il avait tenté d’imposer un mandat unique.
En ce qui concerne Macky Sall, démocrate qu’il est, et voulant revenir à un quinquennat il se demande pourquoi un Président pourrait être aussi sourd aux revendications de son peuple et pire permettre de tirer à balles réelles sur les manifestants aux mains nues. Le Sénégalais a encore en mémoire le rôle qu’il a joué lors du renversement du régime du dictateur gambien Yahya Jammeh et ne veut en rien compromettre sa stature de défenseur des alternances politiques en s’affichant avec le satrape togolais et en prenant fait et cause pour lui.
Quant au burkinabé Roch Marc Christian Kaboré, même si son pays dépend du port en eau profonde de Lomé, il se souvient du rôle joué par le Togo dans le coup d’État du général Diendéré. Il n’oublie surtout pas comment il est arrivé au pouvoir grâce à ses concitoyens qui avaient renversé l’autre dictateur Blaise Compaoré. Il craint la pression que les organisations de la société civile surtout le Balai Citoyen pourraient mettre sur lui si d’aventure il prenait le malin plaisir de s’afficher avec Faure et pire défendre sa cause.
Mahamadou Issifou le Nigérien est l’un des fervents défenseurs de l’alternance politique dans la sous-région et à ce titre avait à plusieurs reprises, affirmé qu’il quitterait le pouvoir au terme de son mandat. Même si Faure s’était fait inviter comme patron de la CEDEAO tout récemment à Niamey, cela ne signifie guère que son homologue le porte plus que cela dans son coeur. Le reste n’est que de la diplomatie.
Buhari, nul n’a besoin de dire qu’il déteste Faure Gnassingbé. D’ailleurs le ton glacial et le regard sévère du président nigérian lors de la conférence de presse commune tenue à Abuja la semaine dernière en disent long sur l’état des relations entre les deux hommes.
En homme direct et en fervent défenseur de la démocratie, le général selon plusieurs confidences, exprime clairement son désir de voir le Togo ne plus faire l’exception démocratique dans la sous-région et pèse de tout son poids auprès de son homologue ghanéen pour pousser le régent du trône togolais à la sortie.
D’ailleurs Nana Akuffo-Addo se dit déçu du jusqu’au boutisme de Faure malgré la rumeur qui fait dire qu’il lui est redevable. Le président du voisin de l’ouest ne veut en rien décevoir ses pairs ouest-africains dans la résolution du dossier togolais. Voilà pourquoi il joue son va-tout pour favoriser une sortie en douce du Togolais.
Quoi qu’il en soit, l’entêtement de Faure Gnassingbé à vouloir s’imposer contre vents et marées à la tête de l’État risque de l’emporter très prochainement. Car aucun de ses homologues ne digère plus une longévité au pouvoir et l’exprime clairement.
Et les Togolais qui sont vent debout contre lui et déterminés à le renverser malgré la brutalité de ses hommes de mains ne fléchiront pas. Même si par-ci il s’achète un pain au marché et par-là un bouquin auprès d’un revendeur en bordure de rue, cela ne sauvera son image dégarnie auprès de tout un peuple qui appelle à sa chute.
Anani Sossou
27Avril.com