Le Togo souffre sérieusement du problème de gouvernance. Le pouvoir choisit délibérément d’ignorer les questions qui fondent la gestion d’une république : le bien-être du peuple.
Voilà un pays profondément en crise politique et social. Les praticiens hospitaliers et les enseignants sont sur des pieds de guerre depuis plusieurs mois. Les élèves du primaire et du secondaire sont allés en congé le vendredi 23 mars sans rien faire tout au long de ce 2ème trimestre comme le premier trimestre. Les hôpitaux publics sont fermés depuis deux semaines et cette semaine ne sera pas épargnée. Quid des conséquences ? Des décès en cascade.
Des concitoyens meurent comme des mouches en raison des grèves sèches. A titre d’exemple, une dame dont le taux de glycémie a monté, s’était rendue elle-même au CHU Sylvanus Olympio. Curieusement, elle a été directement envoyée à la réanimation, seul service opérationnel ce jour-là. Conséquence, elle a succombé e lendemain, faute de soin. Des cas sont légion.
Et cela ne dit rien aux gouvernants. Curieusement au cours de cette même semaine, en conseil des ministres, on s’est blablaté sur la régulation des réseaux sociaux et surtout un forum présidentiel de la jeunesse. Annoncé dans son discours du 03 janvier dernier, Faure Gnassingbé n’a finalement la tête qu’à ce rendez-vous folklorique qui rassemblera plus de trois mille (3.000) jeunes. Pour quoi faire ?
Un mépris ostentatoire
Le Forum Présidentiel de la Jeunesse (FPJ) « est une opportunité de taille pour un dialogue structuré, constructif et ouvert entre 3000 jeunes de diverses catégories socioprofessionnelles. Il se présente comme une plateforme d’échange et de réflexions sur les ambitions des jeunes pour eux-mêmes et pour le pays, les défis auxquels ils restent confrontés et les propositions pour une meilleure autonomisation et une participation plus active et efficace à la construction du pays. Il offre également l’opportunité aux jeunes de faire un diagnostic et de capitaliser les leçons tirées de la mise en œuvre des différentes stratégies, programmes et projets visant la promotion de la jeunesse et les autres programmes phares de l’Etat pour faire des recommandations pour un ambitieux partenariat avec et en faveur de la jeunesse togolaise.
Le Forum prévu pour la première quinzaine du mois d’avril, regroupe 3000 jeunes participants environ : jeunes responsables d’associations, artistes, entrepreneurs, chômeurs, étudiants, commerçants, agriculteurs, partenaires techniques et financiers, acteurs du secteur privé, experts, chercheurs, cadres des services techniques de l’Etat, acteurs locaux du développement, des représentants des ONG et organisations de la société civile, impliqués dans les questions de développement de la jeunesse, la création d’emploi, la promotion de la paix, etc.
Le Président de la République invite l’ensemble de la jeunesse togolaise à s’impliquer activement ainsi que les acteurs des secteurs publics et privés et ceux de la société civile à se joindre à cette initiative qui ouvre une nouvelle ère dans le partenariat entre l’Etat et la jeunesse de notre pays », lit-on dans le communiqué ayant sanctionné le Conseil des ministres du 21 mars dernier.
Selon les informations, c’est une initiative de la ministre du Développement à la Base, de l’Artisanat, de la Jeunesse et de l’Emploi des Jeunes Victoire Tomégah-Dogbé dont les milliers de projets bidon n’ont rien changé à la misère des jeunes togolais. Et le Président de l’Université de Lomé Prof Dodji Kokoroko est le Président du Comité d’organisation.
Honnêtement et objectivement, à quoi servira ce forum en ce moment où les urgences sont bien ailleurs ? Combien coûtera ce folklore ? Quels sont les critères du choix des 3000 jeunes en question ? Quels sont les problèmes de la jeunesse que Faure Gnassingbé ne connaît pas en 13 ans de gestion du Togo ? Au final, il s’agit d’une comédie de plus à coup de plusieurs millions pour enrichir certains individus véreux qui n’ont aucun intérêt à ce que le Togo sorte de la précarité et de la misère ambiante.
Lorsque des intellectuels sont au service de ces flagorneries, le Togo continue d’aller à la renverse.
Kokou Agbemebio
Source : Le Correcteur
27Avril.com