La découverte d’un gisement minier dans une localité doit être normalement gage de développement pour le milieu au bénéfice des populations. Mais comme dans bon nombre de pays africains, au Togo les populations autochtones sont frappées par la malédiction minière.
Ainsi, les découvertes minières sont devenues une hantise voire un supplice pour les populations autochtones.
Aux délocalisations au mépris des dispositions légales, s’ajoutent des expropriations des terres cultivables au profit de l’exploitation du minerai par les sociétés extractives.
Malgré les nombreux engagements pris par les sociétés extractives dont la Société Nouvelle des Phosphates du Togo (SNPT) et les dispositions de la constitution togolaise, force est de constater que les populations de ces milieux miniers vivent comme des refugiés, pire des esclaves dans leur propre localité. En effet, dans le cadre de l’extension de son site d’extraction de phosphate dans la Préfecture du Zio, la SNPT a, depuis 2009, entamé un processus de délocalisation des populations du village de Zéglé dans le canton d’Abobo.Malgré les accords et les conventions d’Initiatives pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE) qui régissent les normes en cas de délocalisation, il a fallu des résistances (manifestations occasionnant des blessés, des arrestations et mort d’homme) pour aboutir à des conciliations à travers des accords signés entre les populations et la SNPT.Après cette étape, cette société a débuté le processus de délocalisation et de relocalisation avec le recensement des familles et des habitations, et lancé également le processus d’indemnisation. Mais, à la surprise générale des victimes de l’expropriation, le processus enclenché est aujourd’hui au point mort. Depuis plusieurs mois, les lignes n’ont bougé d’un iota, et ce malgré les promesses faites. Les nombreuses démarches entreprises par le collectif des victimes de Zéglé auprès des autorités locales et des responsables de la SNPT ont été vaines. A ce jour, près de 400 familles délocalisées de six quartiers (Adjalo, Avégan, Devikémé, Kpota, Adjabito, et Bame) du village de Zéglé se retrouvent dans un grand dessaroi sur fond d’une grande précarité. Devenues sans abri, plusieurs familles vivent dans des conditions exécrables. Elles sont livrées à la précarité faute de terres cultivables. Et pour cause, la majorité des victimes sont des agriculteurs et des éleveurs. Certaines victimes sont obligées de dormir à la belle étoile, leurs enfants déscolarisés livrés à la délinquance, source d’insécurité dans la localité. « Nous vivions vraiment en paix et en harmonie à Zéglé-Abobo. Heureusement ou malheureusement, il s’est avéré qu’une richesse minière [le phosphate] a été trouvée dans notre sous-sol et pour l’intérêt national, nous avons été contraints de quitter notre village. C’était très dur pour nous. Affectés par cette situation, certains frères sont devenus des malades (hémiplégiques…) ; d’autres ont trouvé la mort. Avant notre délocalisation pour le nouveau site, la SNPT a recensé et immatriculé chaque habitation (case ou chambre construite). Sur le nouveau site, chaque habitation immatriculée est considérée comme un lot, mais arrivé sur le nouveau site appelé ‘‘Zéglé Yéyé’’, les lots n’ont pas été attribués aux familles tels que prescrits dans l’accord ni l’indemnisation de recasement payée. A la suite de cette situation, notre délégation a rencontré le Chef Canton d’Abobo qui a trouvé judicieuse, notre démarche. Et ensemble avec son représentant, nous sommes allés dans les locaux de la Préfecture du Zio. Quelques mois après, nous avons été rassurés par notre Chef Canton que notre dossier est en cours de traitement et que tout rentrera bientôt dans l’ordre. Malheureusement, c’est toujours le statu quo. Notre quotidien, c’est la souffrance parce que nous avons été dépossédés de nos terres agricoles. Pour trouver du travail, c’est très difficile et compliqué », a déclaré Moïse Komlan Nékoussè, Président du Collectif des Victimes de Zéglé.
A bout de souffle, le collectif des victimes de délocalisation de Zéglé lance un cri de cœur à l’endroit des plus hautes autorités afin qu’une solution idoine soit trouvée à leur problème. « Nous demandons humblement à la SNPT de respecter les clauses de l’accord signé. Près de 400 familles sans abri, imaginez le lot de conséquences. C’est pourquoi nous supplions Mme le Premier ministre, Victoire Tomégah-Dogbé à tourner son regard vers nous ». Vivement que l’appel lancé par ces togolais, trouve écho favorable auprès des autorités car la paix , la cohésion sociale, la stabilité, le bien-être social en dépendent.
Georges A.
Source: Le Correcteur / lecorrecteur.info
Source : 27Avril.com