Le communiqué du 29 juin 2021 n’a pas suffi mettre fin à l’exportation du gari et du maïs. Au niveau des frontières, le trafic se poursuit, toujours avec la complicité des agents des forces de sécurité. Le gouvernement doit aller au-delà des communiqués en sanctionnant ceux qui s’impliquent dans ce trafic.
« Le gouvernement porte à la connaissance des opérateurs économiques que l’exportation des produits de grande consommation tels que le maïs, le sorgho, le mil, le haricot, le riz, l’igname, le manioc et les farines du manioc est soumise, jusqu’à nouvel ordre, à une autorisation préalable du ministre chargé du commerce. A cet égard, le gouvernement compte sur la bonne collaboration de tous pour l’application stricte de la présente mesure. Les services compétents des ministères chargés du commerce, de l’agriculture, des finances et de la sécurité sont instruits pour veiller au strict respect de cette mesure », a communiqué le gouvernement, le 29 juin 2021.
Ce communiqué interministériel fait suite à la publication, dans notre parution N° 3414 du 28 juin 2021, d’un article sur l’exportation des produits de première nécessité ou de grande consommation, principalement le maïs et le gari. Des trafics qui se font avec la complicité des agents des douanes et autres corps des forces de défense et de sécurité déployés le long des frontières, avec le Ghana à l’Ouest et le Bénin à l’Est.
Dans l’article consacré à ce sujet, nous nous sommes intéressés au trafic de gari via les villes d’Agoué et Agouégan à destination du Nigeria où la demande est très forte. Dans ces localités frontalières du Bénin et du Togo, des dizaines de grands sacs de gari sont convoyés quotidiennement par voie fluviale par des commerçants. Du côté ouest, un autre trafic prospère. Chaque jour, le maïs produit au Togo et qui coûte actuellement les yeux de la tête est transporté vers le Ghana par la frontière Aflao, au nez et à la barbe des agents. Ces derniers censés protéger les frontières sont ceux qui profitent le plus de ce trafic et se remplissent les poches. Et le trafic se poursuit.
Aller au-delà des simples communiqués
Suite à la publication du communiqué du 29 juin par les ministres en charge de l’Agriculture, du Commerce, de l’Economie et de la Sécurité, nous avons poursuivi nos investigations pour voir si la mesure allait être respectée. Sans surprise, nous avons constaté le contraire. Aussi bien aux frontières ouest qu’à l’est, le trafic de gari et de maïs s’est poursuivi. A Agouégan par exemple, les douaniers ont refusé la traversée des marchandises que dans la seule journée du 29 juin 2021, comme pour dire qu’ils respectent la mesure édictée par le gouvernement. Pas un seul sac n’a traversé le fleuve. Les marchandises ont été stockées devant les maisons non loin de la rive. « C’était très dur », a déclaré un piroguier.
Mais le sérieux n’a duré que 24 heures. Le 30 juin, le trafic a repris et les douaniers ont profité de la note du gouvernement pour rançonner davantage les commerçants. « Mardi 29 juin, les marchandises ont été bloquées de l’autre côté du fleuve. Les soldats ont refusé tout passage, mais le lendemain, le trafic a repris avec de nouvelles règles. Chaque sac de gari est taxé à 1000 FCFA. Ceux qui acceptent de payer passent, ceux qui refusent sont refoulés », rapporte notre source.
Côté frontière Aflao, les tricycles transportant les sacs de maïs ont aussi poursuivi leur manège sous la bonne garde des agents déployés pour surveiller les frontières. La note interministérielle n’a pas suffi pour faire cesser l’exportation de ces produits qui sont de plus en plus chers dans le pays. A y voir de près, les forces de sécurité ont récupéré le « manque à gagner » du 29 juin. Comme pour dire que le gouvernement n’a rien fait par son communiqué. Il faut donc aller au-delà des communiqués en sanctionnant ceux qui s’impliquent encore dans les trafics. Se limiter aux seuls communiqués ne permettra jamais d’empêcher les exportations.
G.A.
Source : Liberté N°3418 du Vendredi 02 Juillet 2021
Source : 27Avril.com