Dans notre parution N°2456 du 13 juin 2017, nous avons fait cas du climat de tension qui règne au sein de la prison civile de Lomé où un bras de fer semble opposer le Commandant Sotou Sakara, Chef du Corps des surveillants de l’administration pénitentiaire (CSAP) à ses agents. Pour défendre leurs causes et protester contre une mauvaise gestion du corps par la hiérarchie, les surveillants prévoient se faire entendre à travers une manifestation.
La tension née des accusations portées contre l’un des surveillants suite à l’évasion du détenu nommé Adamou est toujours palpable. Mais l’information est que depuis cet incident, les langues se délient et de précieux détails nous parviennent par rapport aux conditions dans lesquelles s’est déroulée l’évasion ainsi que les complicités dont le détenu aurait pu bénéficier.
Contrairement à la tentative du Commandant Sotou Sakara de faire porter le chapeau de cette évasion à l’un des surveillants, le coup aurait été préparé par une autre équipe. C’est cette dernière qui a favorisé l’évasion. « L’évadé a bénéficié de la complicité d’un réseau piloté par le commandant. Ce sont les membres de ce réseau qui ont montré à Adamou l’endroit par lequel il peut s’échapper en lui apportant leur aide. Ils lui ont montré comment s’évader sans se faire remarquer par les surveillants. C’est pourquoi personne n’a été alerté au moment de l’évasion », rapporte une source.
Selon les informations, l’évadé aurait été introduit nuitamment à l’infirmerie de la prison civile de Lomé, après avoir été extrait de la cellule disciplinaire où il a été placé « à la demande et sur exigence du chef corps ». Une fois à l’infirmerie, Adamou aurait été aidé à s’évader par le toit.
Cette évasion « planifiée depuis les hauts lieux » a réussi. Seulement, les complicités dont a bénéficié Adamou dans cette entreprise peuvent être connues. Et pour cause, la prison civile de Lomé dispose d’une vidéo surveillance qui aurait tout enregistré. « Si on veut attraper les complices du détenu évadé, on peut le faire facilement. Il y a une vidéo surveillance là où le détenu est passé pour quitter la prison. Il y a aussi la vidéo de l’arrivée du chef corps lorsqu’il est venu rencontrer Adamou. Les gens sont identifiables, mais la question est de savoir si on veut réellement connaître ceux qui sont impliqués dans cette évasion », s’interroge la source.
A en croire certaines indiscrétions, l’évasion d’Adamou constitue un précédent dangereux pour l’exercice du métier de surveillant de l’administration pénitentiaire. « C’est dangereux ce qui s’est passé avec le détenu Adamou. Si nous ne faisons rien, des cas similaires risquent de se produire et nous créer des problèmes. Déjà, le chef corps a voulu accuser un des nôtres de l’évasion. Et chaque fois qu’il rencontre nos collègues, il leur dit qu’il ne va pas compter les évadés à notre place, comme s’il savait que des évasions auraient lieu. C’est ce qui nous inquiète et non les affaires que nos chefs peuvent faire avec les détenus. Des collègues surveillants se sont retrouvés en position de détenus à cause des cas d’évasion. Comme pour le collègue qui était de poste lorsque l’évasion a eu lieu, on peut faire évader des prisonniers et nous accuser à tort. Nous ne sommes pas en sécurité avec le Commandant Sakara. Il doit partir et c’est notre prochaine bataille », annonce un surveillant.
En effet, une manifestation plus importante que celle des 3, 4 et 5 mai derniers serait en préparation afin de contraindre les autorités à placer à la tête du CSAP une personne issue de la Police et non un militaire.
Nous avons également eu écho du passé peu glorieux du Commandant Sotou Sakara qui a failli être radié de l’Armée. Alors qu’il était en poste à la frontière Togo-Ghana, l’actuel chef corps des SAP aurait subtilisé des pneus et a été mis aux arrêts. Il aurait bénéficié du soutien d’un frère de Faure Gnassingbé pour réintégrer l’Armée avant d’être parachuté, quelques années plus tard, à la tête du CSAP.
Source : G.A., Liberté n°2460 du Lundi 19 Juin 2017
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