La création de l’ANASAP n’est pas la panacée : de la nécessité des usagers de s’approprier les biens publics
Depuis son discours à la nation en 2013 lors de la célébration de la fête de l’indépendance, le Président Faure a mis au centre de ses préoccupations l’environnement et les infrastructures nouvellement aménagées en invitant les usagers de la voie publique à se les approprier afin d’en prendre soin.
Dans un premier temps, beaucoup de citoyens ont interprété, à tort, les propos du Chef de l’Etat comme une accusation à peine voilée envers les adeptes des marches de rues de l’opposition qui se plaisent souvent à saccager les biens publics et privés pendant les manifestations. Certes, la destruction des biens et des infrastructures est un comportement à proscrire des mœurs des militants des partis politiques et autres manifestants mais, il serait trop simpliste voire réducteur de limiter la gestion des ouvrages publics au volet politique. Beaucoup d’eau a coulé sous le pont depuis cet appel au civisme mais les usagers sont demeurés inflexibles dans leur propension à négliger le bien public.
C’est dans ce contexte qu’est créée l’Agence Nationale d’Assainissement et de Salubrité Publique (ANASAP) mise en place par Décret présidentiel, qui a démarré ses activités en 2015.
Il s’agit d’une autorité publique en charge permanente de la question de salubrité publique dont notre pays a grand besoin surtout que les services d’hygiène et tout ce qui va avec semblent avoir démissionné de leur mission. C’est ainsi que peu à peu, certains endroits « horribles » de Lomé et ses environnants ont pu vite retrouver leur éclat. Nous n’en voulons pour preuve que le réaménagement à Lomé du site artificiel de rétention d’eau au feu rouge du carrefour le Togo à Tokoin, sur l’avenue de la Libération où les usagers peuvent dorénavant marquer une pause sans risque de suffoquer ou même d’avoir des malaises après avoir respiré les odeurs pétrifiantes que dégageaient jadis, la rigole.
Le travail de fond abattu par cette agence à cet endroit de Lomé comme à d’autres coins mérite d’être salué. Du curage des caniveaux au recyclage des poubelles publiques, sans oublier le dégagement des dépotoirs sauvages en pleine agglomération, le travail est tout simplement remarquable. Bref, en un an de prestations, l’ANASAP a à son actif des activités comme :
- le curage et l’entretien du canal d’équilibre de la lagune de Lomé,
- l’aménagement des espaces verts (Boulevard EYADEMA, route de la nouvelle présidence, Rond-point Colombe de la paix, Rond-point GTA, etc.)
- l’enlèvement des dépotoirs sauvages qui se poursuit actuellement,
- l’entretien des bassins de rétention d’eau (Bassin Est et Ouest du Campus de Lomé)
- le dégagement des principales artères de la capitale.
- les appuis aux associations, ONG, CDQ et CDV qui initient des opérations de salubrité.
- l’appui aux opérations de Togo ville Propre.
- le déguerpissement des éleveurs de bêtes en milieu urbain
- la sensibilisation des ménages à construire des fosses septiques
- le contrôle de la gestion des déchets biomédicaux dans les hôpitaux
- la sensibilisation dans les écoles et dans les quartiers pour des actes de civisme
En définitive, cette structure a brillé par son efficacité à réduire l’insalubrité dans la capitale et ses périphéries. Même si toutes les activités menées par l’ANASAP doivent être régulièrement exécutées pour avoir un impact durable en matière d’amélioration du cadre de vie, il n’en demeure pas moins vrai que cette agence a pris le taureau par les cornes en montrant aux citoyens la voie à suivre si l’on veut redonner au milieu urbain sa beauté d’antan.
Malheureusement, force est de constater que les mauvaises habitudes ou plutôt l’inaction des populations ont pris le pas sur le reste à tel point qu’il faille un sérieux éveil de conscience pour impliquer les uns et les autres dans la gestion de l’environnement.
C’est un fait établi que le réaménagement et la construction de nouveaux tronçons un peu partout dans le pays vont de pair avec leur entretien. Or, la réalité sur le terrain est tout autre.
Si nous prenons le cas des réseaux d’assainissement des rues et des routes, ils ont permis de réduire considérablement les inondations pendant la saison pluvieuse. Grâce aux projets de réhabilitation et de construction des ouvrages destinés à la canalisation des eaux pluviales, les préjudices et les pertes autrefois occasionnés par les pluies diluviennes ont été réduits dans certains quartiers de Lomé et ses périphéries. De même, l’arrivée de la saison n’est plus vécue par certains ménages comme une fatalité qui les pousse à trouver un autre habitat pendant la saison pluvieuse.
Si nous insistons autant sur la négligence affichée de certains riverains ou des usagers de la voie publique vis-à-vis des infrastructures routières, c’est parce que le manque d’entretien des caniveaux nouvellement construits peut être non seulement la cause de certaines maladies telles que le paludisme, le choléra etc. mais également un facteur qui contribue aux inondations. A ce propos, plusieurs actes inciviques et des comportements aux antipodes des règles élémentaires d’hygiène sont posés quotidiennement au risque de porter atteinte à l’environnement et à la santé publique. Nous pouvons relever quelques-uns qui sont observés au niveau des réseaux d’assainissement et des retenues d’eau notamment le déversement des déchets solides, des eaux usées, des tiges ou des troncs d’arbres, du sable, du gravier etc. Quant aux sachets plastiques, ils sont devenus un véritable casse-tête pour les agents chargés périodiquement de curer les caniveaux d’autant plus qu’ils pullulent dans tous les coins et empêchent à vue d’œil le drainage des eaux pluviales vers les bassins de rétention et autres déversoirs. Les branchements clandestins de puisards faites à partir de certaines maisons vers les caniveaux sont également un écheveau à démêler.
En tout état de cause, il y a un sérieux défi à relever en ce qui concerne le changement de comportement des populations. Il s’agit de leur implication pour la préservation des infrastructures aménagées. En effet, au-delà des discours, un travail de fond doit être abattu afin que chacun veille et contribue au maintien de la propreté de son habitat voire de son quartier et plus encore.
L’erreur serait de croire que la salubrité publique relève uniquement de la responsabilité du Gouvernement, des autorités communales ou d’une structure quelconque mise sur pied pour ce faire.
Le Combat du peuple
Julles
Togosite.com