Togo-Dr Edem Atsou au Conseil de sécurité de l’ONU

0
589
Dr Atsou Edem

Dans une lettre ouverte, Dr Edem Atsou, ministre en charge des Affaires étrangères dans le gouvernement Kodjo, saisit le Conseil de sécurité de l’ONU sur la situation sociopolitique du Togo. Bonne lecture.

LETTRE OUVERTE DU 20 SEPTEMBRE 2022 DU MINISTRE D’ETAT, MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES ET DE L’INTEGRATION AFRICAINE DU GOUVERNEMENT LEGITIME DU TOGO, SE DR EDEM ATSOU KWASI, AU CONSEIL DE SECURITE DE L’ONU

QUINTUPLE COUP D’ETAT DE 2020 AU TOGO : DE L’IMPERATIF DE L’IMPLICATION DE L’ONU EN VUE DU RESPECT PAR LA FRANCE DE LA RESOLUTION 1514 (XV) DU 14 DECEMBRE 1960

Excellence Monsieur Nicolas de Rivière, Président du Conseil de sécurité,

Il y a 62 ans jour pour jour qu’a eu lieu le 20 septembre 1960 l’admission du Togo à l’ONU.

Au nom du Souverain Peuple togolais et du Gouvernement légitime du Togo, et conformément aux quatre buts assignés à l’ONU par sa Charte, spécialement « développer entre les nations des relations amicales; réaliser la coopération internationale en résolvant les problèmes internationaux et en encourageant le respect des droits de l’homme » ; nous tenons à appeler votre attention et celle de tous les États membres de l’ONU sur des actes graves posés par la France depuis la présidentielle togolaise du 22 février 2020 et qui contreviennent aux dispositions de la Charte de l’ONU et de la Résolution 1514 (XV) du 14 décembre 1960.

Le scrutin présidentiel du 22 février 2020 est l’ultime phase de la feuille de route du 31 juillet 2018 issue de la 53 ème session ordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) censée sortir le Togo de la longue et grave crise politique qui le mine depuis des décennies. Ce fut un véritable référendum populaire ayant mis fin au régime cinquantenaire des Gnassingbé avec un taux de participation de 73,63%.

L’ampleur de la débâcle de Faure Gnassingbé a donné lieu, contrairement au chronogramme officiel de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), à une proclamation inédite dans 24 heures de sa victoire apocryphe sans centralisation ni compilation encore 2 moins certification des procès-verbaux des 9389 bureaux de vote en violation du code électoral.

Nonobstant d’une part la reconnaissance de l’éclatante victoire du Peuple togolais portée sur le candidat de la DMK, SE Dr Gabriel Agbéyomé Messan Kodjo par plusieurs formations politiques et des organisations de la société civile togolaise dont l’ADDI, le PSR, les Démocrates, le PNP, les Forces du Consensus Démocratique, le Front Citoyen Togo Debout de même que l’ancien sous-secrétaire d’État américain aux Affaires africaines, Herman Cohen, et d’autre part le doute émis le 26 février 2020 par le Département d’État américain sur la réélection de Faure Gnassingbé, demandant à la CENI de proclamer les résultats bureau de vote par bureau de vote pour le rétablissement de la confiance dans les résultats, de même que la demande du 01er mars 2020 de la Conférence épiscopale du Togo (CET) de rétablissement de la vérité des urnes ; l’ambassadeur de France de l’époque, M. Marc VIZY, s’est activement illustré aux côtés de la Cour constitutionnelle togolaise qui rendit deux décisions pour une même élection où l’on retrouve plus de 900.000 bulletins nuls, un gonflement des inscrits par rapport à la liste électorale et où le cumul des suffrages attribués à chaque candidat excède 100%.

Le 31 mars 2020, le média public français Radio France Internationale (RFI) participe au coup d’État médiatique avec la diffusion par le journaliste Pierre Firtion de faux messages de félicitations de la France, de l’Allemagne et de l’UE récusés de prime abord par le Président français Emmanuel Macron suite à l’interpellation de l’ancien ministre français d’origine togolaise Koffi Yamgnane. La fausseté de ces courriers diplomatiques a été établie en février 2021 par une enquête parlementaire française de la Commission Affaires étrangères dirigée par le député Sébastien Nadot. Nonobstant l’évidente subversion du droit international, lors du point de presse officielle du Quai d’Orsay du 07 avril 2021, M. Jean Yves Le Drian, ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères releva que « Le président de la République a bien adressé une lettre au Président Faure Gnassingbé, suite à son élection. Ces courriers relèvent de la courtoisie internationale à l’occasion de l’élection d’un chef de l’État », déclaration accessible sous « Point de presse du 07 avril 2021 » sur le site www.diplomatie.gouv.fr.

Le 09 avril 2021, M. Emmanuel Macron adouba M. Faure Gnassingbé par une réception avec déjeuner à l’Élysée dans le cadre d’une visite d’État axée sur le renforcement du partenariat bilatéral entre le Togo et la France, et de la coopération pour la sécurité et la stabilisation du Sahel. Faut-il rappeler que l’interpellation faite à l’Assemblée nationale française par le député Sébastien Nadot à M. Jean Yves Le Drian de publier le courrier de courtoisie internationale est restée sans suite à ce jour ! Il est important de relever que le refus de subornation du Président démocratiquement élu, SE Dr Gabriel Agbéyomé Messan Kodjo, a entraîné des actes abjects et dégradants de violence sur les membres de sa famille dont des français sans aucune intervention des autorités françaises, de même que ses proches, ses collaborateurs et des jeunes Patriotes avec des fortunes diverses, prison, torture, viol, contrôle judiciaire, ce jusqu’à jour.

Pour préserver leurs vies, depuis plus de deux ans, le Président élu de même que le Patriarche de la Nation, Archevêque Émérite de Lomé, Doyen du corps épiscopal, Président de la Conférence nationale souveraine togolaise de 1991 et Président du Haut Conseil de la République de 1991 à 1994, SE Monseigneur Philippe Fanoko Kpodzro, et son assistant, M. Marc Mondji, sont en exil au nom du combat souverainiste pour la Véritable Indépendance du Togo. C’est dans ce contexte de quintuple coup d’État électoral, militaire, judiciaire, médiatique et diplomatique né de la présidentielle togolaise du 22 février 2020 que fut rendu l’arrêt No 3 ECW/CCJ/JUD/11/2022 du 24 mars 2022 de la Cour de Justice de la CEDEAO condamnant l’État togolais pour la violation des droits du Président élu et ordonnant que réparation lui soit faite dans un délai de 03 mois.

Délai arrivé à terme depuis le 23 juin 2022 sans que l’arrêt ne soit exécuté à ce jour dans l’indifférence totale de la communauté internationale et plus particulièrement de la CEDEAO dont le Président en exercice, SE Umaro Sissoco Embalo a été saisis le 18 août 2022 par une lettre ouverte. Ladite lettre de SE Dr Gabriel Agbéyomé Messan Kodjo relevait en substance : « A ce tournant particulier de l’histoire de l’Humanité avec l’émergence d’un monde multipolaire, seul et rien que seulement un traitement étiologique conséquent et vertueux des crises politiques et géopolitiques redonnera vie et perspectives aux États membres de la CEDEAO… On ne répond pas à la dystopie par une utopie qui se transformerait vite en dystopie à son tour. On y répond par le règne de la vérité et le respect du réel, et cela s’entend dans le cas d’espèce par l’exécution de l’arrêt No ECW/CCJ/JUD/11/2022 du 24 mars 2022 de la Cour de Justice de la CEDEAO avec le transfert pacifique du pouvoir au Président démocratiquement élu en toute Souveraineté par le Peuple togolais ».

Au-delà du scandale électoral sans précédent du 22 février 2020 dans lequel la France s’est activement compromise aux dépens de la Souveraineté réaffirmée du Peuple togolais meurtri par 55 ans de règne kakistocratique et de prédation inhumaine de la plus féroce dictature militaro-clanique néocoloniale, le Gouvernement légitime du Togo tient à faire le rappel d’autres graves actes attentatoires à la Souveraineté du Togo et qui requièrent maintenant plus que jamais une action résolue du Conseil de sécurité de l’ONU en faveur du respect sans délai de l’autodétermination du Peuple togolais. La Société des Nations (SDN) qui hérita conformément au « traité de Versailles » du 28 juin 1919 de la responsabilité entière du « Togoland » jusqu’à sa dissolution en 1946, avant de transférer cette responsabilité à l’ONU, créa envers le Peuple togolais un premier contentieux par la division administrative et politique en deux parties inégales du « Togoland », d’une superficie approximative de 90 000 km2 ; les 2 tiers pour la partie orientale officiellement confiée en 1922 à la France comme « territoire de la SDN sous la tutelle de type B » devient le « Togo Français », tandis que le tiers pour la partie occidentale fut officiellement confiée en 1922 au Royaume Uni comme « territoire de la SDN sous la tutelle de type B » et devient le « Togo Britannique ».

Le second contentieux créé par la SDN au « Togo Français » est son laxisme envers le « mandataire » français en ce qui concerne le respect de son « cahier de charge » qui lui interdit formellement de traiter le « Togo Français » comme une ses multiples « Colonies Françaises d’Afrique (CFA) ». Or, c’est ce que fit la France en fusionnant de 1934 à 1936 les administrations du « Togo français » et de sa colonie le Dahomey. La France alla même plus loin dans la violation de son mandat sur le « Togo Français » en cherchant à intégrer ce dernier à « l’Afrique Occidentale Française (AOF) ». Ce qui fut dénoncé à la SDN par l’Allemagne sous son chancelier de l’époque, Adolf Hitler et par le « Deutsch-Togo Bund ».

Le troisième contentieux créé par la SDN-ONU au « Togoland » est son laxisme dans la supervision du referendum du 9 mai 1956 sur l’avenir du « Togo Britannique » et son application non démocratique des résultats du referendum. En effet, le Premier Ministre de Gold-Coast, Kwame Nkrumah, qui voulait tout faire pour annexer le « Togo Britannique » au Gold Coast malgré l’opposition farouche des Ewé du « Togo Britannique » recourut à des fraudes massives en complicité avec des chefs traditionnels du nord du « Togo Britannique », 4 dans l’indifférence de l’ONU chargé de la supervision du referendum, pour contrebalancer le vote presque unanime des populations du sud du « Togo Britannique » contre cette annexion. Bien que ces dernières populations aient voté massivement contre cette annexion et réclamaient que ne leur soit pas imposé le choix des populations du nord du « Togo Britannique », l’ONU refusa jusqu’à ce jour de répondre favorablement à leur revendication démocratique encore actuelle en 2022.

Conscient de sa faute et de son injustice vis-à-vis du « Togoland », l’ONU en tint compte pour éviter de répéter cette faute et cette injustice vis-à[1]vis du Cameroun lors du referendum du 11 février 1961, à l’issue duquel le sud et le centre du Cameroun britannique furent rattachés au Cameroun français et le nord au Nigeria, conformément au « respect des droits souverains et de l’intégrité territoriale de tous les peuples » exigé par la Résolution 1514 (XV) du 14 décembre 1960 de l’ONU. Le quatrième contentieux entre l’ONU et le Togo se rapporte à son silence assourdissant et son inaction depuis l’assassinat lâche et crapuleux le 13 janvier 1963 de Sylvanus Olympio, « Père de l’indépendance togolaise », abattu à bout portant et en face par l’agent secret français Georges Maitrier, qui lui a tiré plusieurs coups de fusil ou de pistolet dans le ventre, alors qu’il était désarmé, les mains en l’air et en pyjama. Faut-il rappeler que c’est à la veille de la déclaration de la souveraineté monétaire du Togo que le Commandant Georges Maitrier, chef de la gendarmerie nationale togolaise à l’époque, avait organisé ce coup d’État avec la complicité de l’ambassadeur français près du Togo de l’époque, M. Henri Mazoyer, selon l’ancien député français Noël Mamère lors de sa communication du 9 avril 2005 au colloque organisé par la « Ligue des Droits de l’Homme » à l’Assemblée nationale française !

Le cinquième contentieux entre l’ONU et le Togo est l’inhumanité dont a fait preuve l’ONU, avec la complicité active de la France sous l’impulsion du Président Jacques Chirac, à la suite du rapport sur les massacres massifs survenus au décours de la présidentielle du 24 avril 2005 qui a porté au pouvoir dans un bain de sang sans précédent Faure Gnassingbé dans un contexte de fraudes électorales massives et de violence d’État inouïe. Le texte officiel du rapport publié par l’ONU parle de plus de 500 personnes massacrées dans cette répression sanglante alors que l’auteur du rapport encore en vie, le sénégalais M. Doudou Diène pourrait témoigner que son rapport original a fait état de plus de 1500 morts et qu’il a subi des pressions irrésistibles de la part de l’ONU téléguidée par la France pour réduire le bilan dans le rapport officiel. Le sixième contentieux majeur impliquant activement la France dans l’atteinte à la souveraineté du Togo est la présidentielle du 04 mars 2010 dans laquelle le Président français de l’époque, Nicolas Sarkozy, est intervenu par le biais du groupe Bolloré. Vincent Bolloré, ami personnel de Nicolas Sarkozy, a été reconnu pour des faits de corruption ayant « gravement porté atteinte à l’ordre public économique » et « à la souveraineté du Togo » dans l’affaire instruite par la juge française Isabelle Prévost-Desprez, du tribunal judiciaire de Paris.

Au regard du droit international, le Gouvernement légitime du Togo considère que tous ces actes posés par la France constituent de graves violations de la Résolution 1514 (XV) du 14 décembre 1960 de l’ONU et de la Charte des Nations Unies. Au nom du Souverain Peuple togolais, le Gouvernement légitime du Togo invite donc le Conseil de sécurité de l’ONU à se saisir du dossier togolais afin d’une part, de faire respecter par la République française spécialement son point 7 qui dispose : « Tous les États doivent observer fidèlement et strictement les dispositions de la Charte des Nations Unies, de la Déclaration universelle des droits de l’homme et de la précédente Déclaration sur la base de l’égalité, de la 5 non-ingérence dans les affaires intérieures des États et du respect des droits souverains et de l’intégrité territoriale de tous les peuples », et d’autre part d’amener la République française et la CEDEAO à user de tous les moyens pour l’exécution de l’arrêt No ECW/CCJ/JUD/11/2022 du 24 mars 2022 de la Cour de Justice de la CEDEAO et le transfert pacifique du pouvoir à SE Dr Gabriel Agbéyomé Messan Kodjo, Président démocratiquement élu et confirmé par les sources des Ambassadeurs des USA, de l’UE, de la France et de 33 autres représentations diplomatiques au Togo.

A ce tournant particulier de l’histoire de l’Humanité avec l’émergence de nouveaux équilibres géopolitiques et géo-économiques dans un contexte de bouleversements mondiaux majeurs, plus que jamais résonne le combat souverainiste des peuples face à une politique africaine de la France fort décriée en raison de son soutien scandaleux aux forces prédatrices. Nous ne doutons point de votre sens de la haute responsabilité historique de l’ONU envers le Togo, et savons pouvoir compter sur le souci de l’ONU de la juste cause du Peuple togolais martyrisé et déshumanisé.

Veuillez agréer, Excellence Monsieur le Président du Conseil de sécurité, l’assurance de notre considération distinguée et nos Lumineuses Pensées.

SIGNÉ

Dr Edem Atsou KWASI

Source : icilome.com