Dans un communiqué pompeux du service de la communication de la Présidence de la République en milieu de semaine dernière, il a été annoncé que par décret N°2018-121/PR en date du 16 juillet 2018, le chef de l’Etat Faure Essozimna Gnassingbé a accordé une grâce présidentielle à sept détenus à la prison civile de Lomé et de Kpalimé et la liberté provisoire à douze autres détenus à Mango. Une décision, poursuit, le communiqué, qui s’inscrit dans le cadre des mesures d’apaisement préconisées par les facilitateurs ghanéens et guinéens le 27 juin dernier au terme des consultations avec la coalition des 14 partis politiques de l’opposition, du gouvernement et du parti au pouvoir.
Au sortir de la rencontre du 19 juillet avec le Commissaire Paix et Sécurité de la CEDEAO, Général Francis Béhanzin à Lomé, le chef de file de l’opposition Jean-Pierre Fabre a déclaré que « tout reste à faire. Il y a 57 personnes encore détenues. Le gouvernement dit avoir libéré 19 personnes mais en réalité, 12 avait déjà fait l’objet de libération provisoire de manière judiciaire. C’est donc, en réalité, 7 personnes seulement qui ont été libérées depuis le passage des chefs d’Etats à Lomé ». Tout est clair que les personnes injustement arrêtées lors des manifestations en cours depuis le 19 août 2017, constituent des otages que le pouvoir brandit pour faire chanter la coalition de l’opposition.
Si le même pouvoir s’est servi d’une supposée recommandation de la facilitation pour interdire toute manifestation et ne consent à libérer l’espace politique que sur injonction de la même facilitation, pourquoi Faure Gnassingbé refuse-t-il de libérer les 57 autres détenus qui est aussi une recommandation de la facilitation. Bien plus, pendant les manifestations, il y a eu au moins une vingtaine de morts.
A ce jour, personne ne connaît les auteurs. Des milices ont opéré à visage découvert à la solde du régime. Des autorités politiques à l’image du conseiller Christian Trimua ont appelé l’opposition à prendre les armes. Mais personne n’a été inquiété. Une situation de deux poids deux mesures qui enlève toute crédibilité à la détention des 57 autres personnes. La plupart d’entre elles sont accusées d’avoir manifesté avec la coalition des 14 partis politiques de l’opposition.
Le timing de la fausse annonce de libération des 19 personnes, soit la veille d’une nouvelle consultation de la CEDEAO démontre à plusieurs traits, l’insincérité du pouvoir. Vivement que les 57 autres otages recouvrent leur liberté pleine et entière avant le sommet du 31 juillet à Lomé.
Source : Le Correcteur No.829 du 23 juillet 2018
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