Togo : Des eaux usées de la clinique BIASA servies à deux habitations comme eau potable

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Clinique BIASA Lome

La mairie centrale a-t-elle autorisé des branchements sur les rigoles publiques ? Il nous souvient que le ministre de la Santé et celui de la Sécurité et de la Protection civile avaient pris un arrêté interministériel qui punit les branchements anarchiques et les évacuations des eaux usées sur la voie et dans les rigoles publiques. Mais depuis, la population ne semble pas avoir pris la mesure de l’interdiction. Avec la situation dommageable qui vient de se produire dans le quartier Nyékonakpoè, il urge que ceux qui sont chargés de veiller à l’application de cet arrêté se réveillent de leur torpeur.

Quartier Nyékonakpoè, rue PATALOU 124 OTN. Il y a quelques semaines, deux habitations avaient adressé une demande de branchement d’eau potable. Probablement à la suite de la réduction des coûts de branchement de la société Togolaise des Eaux (TdE). Les formalités faites, elles ont reçu la visite des agents il y a trois semaines qui s’étaient acquittés de leur boulot.

Mais après leur départ, pas une goutte d’eau ne sortait des robinets. Et pourtant, ces agents avaient assuré que c’était dû aux baisses de pression et que les habitants des deux maisons n’avaient pas à leur enseigner comment faire leur travail. Lorsque la tempérance quitte l’homme, dame nature peut parfois lui rappeler, de façon douloureuse que la patience est aussi un chemin d’or.

« Il y a quelque semaines, des agents de la TdE étaient passés faire deux branchements. Nous étions présents et leur faisions remarquer que le tuyau sur lequel ils les branchaient n’était pas le bon ; c’était le tuyau de la clinique BIASA. Ils nous avaient remis à notre place très sèchement, nous assurant qu’ils fonctionnaient selon un plan. En plus, ils avaient effectué le branchement qui débouchait dans un salon de coiffure. Autre chose, ils faisaient passer le tuyau devant un garage alors que le passage des voitures pouvaient casser ce tuyau. Ils ne voulaient rien entendre et il a fallu l’arrivée d’un de leurs supérieurs qui a compris notre appréhension et a fait déplacer l’emplacement initial. Mais après qu’ils sont partis, nous avons remarqué que dans les maisons avoisinantes, l’eau sortait des tuyaux. Il a fallu l’arrivée d’un autre groupe d’agents pour découvrir qu’en réalité, le branchement qui a été fait était sur la canalisation d’eaux usées de la clinique BIASA. Et étant donné que par moments, l’eau sortait du robinet avec une couleur bizarre, les habitants des deux maisons laissaient cette eau se décanter avant de l’utiliser pour la préparation. Voilà ce qui se passe. Mais depuis dimanche, la canalisation sur l’eau usée a été fermée et nous sommes toujours dans l’attente de nos branchements », a déploré un témoin ayant requis l’anonymat.

Non convaincus, nous nous sommes adressé à un autre qui a confirmé ces propos. Ainsi pendant des jours, des abonnés ont consommé les eaux usées de la clinique BIASA. S’il est vrai que les agents de la TdE sont fautifs dans l’exécution de leur travail, il est encore plus grave qu’une clinique qui produit des déchets médicaux, se permette d’évacuer ses eaux usées vers la rigole publique. Mais le plus grave, ce sont les agents de la mairie qui, sachant qu’une clinique déverse des eaux dangereuses, ont accepté de faire le nécessaire pour canaliser le tuyau de la clinique vers la rigole. Parce que leur refus aurait évité cette erreur des agents de la TdE. C’est pour éviter ces genres de situations qu’on interdit des canalisations autres que celles de cette société. Reste à savoir ce que les parties impliquées dans cette bourde monumentale feront de ce sujet.

Le 17 juin 2020, un communiqué de l’ANASAP (Agence nationale d’assainissement et de salubrité publique) prévenait les usagers qui ont branché leurs rejets d’eaux usées sur les caniveaux publics. « Lors de la campagne de curage des caniveaux lancée dans la ville de Lomé depuis plus d’un mois par le District autonome du Grand Lomé et supervisée par l’ANASAP, il nous a été donné de constater que certaines concessions, boutiques, centres de santé, ateliers et autres établissements commerciaux de la ville de Lomé ont effectué des branchements illicites de tuyaux pour évacuer leurs eaux usées directement dans les caniveaux et autres ouvrages destinés au drainage des eaux pluviales…L’agence tient à rappeler que ces actes sont formellement interdits et sont passibles de sanctions conformément aux textes en vigueur », indique le communiqué.

BIASA et autres ont jusqu’au 30 juin pour se créer leurs propres réseaux d’évacuation, au cas où ils ne veulent pas faire de fosses septiques.

En rappel, nous avons encore en mémoire les propos du docteur Fiadjoé lorsque nous avions dévoilé que le premier cas de covid-19 avait séjourné dans sa clinique. Il était dans tous ses états et, en guise de malédiction, nous avait dit ceci : « je vous laisse avec votre conscience ». Les faits nous avaient donné raison. Et c’est parce que nous avons une conscience que nous osons dénoncer ces pratiques. Nous avons envoyé hier un message suivant à sa secrétaire pour savoir pourquoi les eaux usées de la clinique ne sont pas recueillies dans des fosses pour être évacuées et elles ont été dirigées vers la rigole publique située sur le boulevard circulaire. Elle nous a répondu en ces termes ; « Les eaux sont épurées et contrôlées avant le rejet. La Clinique est dotée d’une mini station d’épuration des eaux usées. Si vous voulez des éléments de réponse, merci de venir à la clinique rencontrer le responsable cet après-midi à 17h ».

Godson K.

Source : Liberté N°3173 du Mardi 23 Juin 2020

Source : 27Avril.com