Togo / Démission du gouvernement Victoire Dogbe: Va-t-on reconduire les ministres improductifs en poste depuis 17 ans?

0
292
victoire dogbe

La Première ministre, Victoire Tomégah-Dogbé, a présenté le 21 mai 2024 la démission du gouvernement au Président Faure Gnassingbé, conformément aux usages républicains. Une démission attendue depuis la connaissance des résultats des législatives et régionales du 29 avril.

Trois ans, sept mois et vingt-six jours passés à la primature qui n’auront pas permis à bien des Togolais d’y voir plus clair quant à la mise en application des prétendus plans de développement d’un pays savamment mis en coupe réglée par un régime trop rompu à l’exercice du pouvoir à vie pour daigner offrir le minimum syndical à la majorité des citoyens. Cette démission va-t-elle pour autant sonner la fin d’une ère, d’une gouvernance hors-sol, désaxée ? Ou bien le régime (plus que cinquantenaire) va encore une fois se faire un malin plaisir de déshabiller saint Pierre pour habiller saint Paul ? Prendre les mêmes et recommencer ? A voir ce que Gnassingbé et compagnie ont de tout temps réservé aux populations, il n’y a pas lieu de s’enthousiasmer outre mesure pour une démission qui n’en sera, in fine, pas une.

On prend les mêmes et on recommence ?

Dans la foulée de la démission de la première femme à exercer cette fonction de Premier ministre, Faure Gnassingbé a sans surprise félicité l’intéressé pour «la qualité du travail accompli au service de la nation» . Le gouvernement va continuer, le temps de nommer un nouveau gouvernement, d’assurer le traitement des affaires courantes. Grand bien lui fasse.

On pouvait ponctuer cette annonce par un « ce n’est pas trop tôt » sans pour autant verser dans l’excès, à voir le boulet que cette équipe de jean-foutre a représenté pour les Togolais dans leur majorité. Que va-t-on maintenant servir aux Togolais, après que la soupe Victoire Dogbé bue jusqu’à la lie ? Les Togolais vont-ils encore avoir droit à une équipe de bras cassés tout juste bonne à dilapider les fonds publics, ou vont-ils avoir affaire à des gens aussi bien sérieux que soucieux de l’avenir du pays ? Rien n’est moins sûr. Il y a de fortes chances qu’on ne change pourtant pas l’équipe qui perd.

Faure Gnassingbé, coutumier du fait, a en tout cas donné de bonnes raisons de ne pas croire au fait qu’il va changer de braquet en termes de gouvernance. Suffit de voir la brochette de Premiers ministres qui ont successivement officié sous sa coupole, sans qu’ils aient pu faire de l’ambition d’un Togo développé une réalité.

Arrivé au pouvoir en 2005 à la mort de son géniteur, Faure Gnassingbé a mis en musique plusieurs gouvernements. Edem Kodjo, Me Yawovi Agboyibo, Komlan Mally, Gilbert Houngbo, Arthème Séléagodji Ahoomey-Zunu, Selom Komi Klassou et Victoire Dogbe.

Mais aussi paradoxal que cela puisse paraître, aucun de ces Premiers ministres, pas plus que les gouvernements qu’ils ont eu à cornaquer, n’a pu combler les attentes des millions de Togolais toujours aussi assoiffés de bien-être, d’alternance, de bonne gouvernance.

Faire se succéder près d’une dizaine de chefs de gouvernements, et encore durant quatre mandats, sans réussir le pari de satisfaire aux besoins les plus basiques des couches les plus défavorisées, voilà la marque de fabrique d’un système fossilisé qui continue de s’imposer aux citoyens au mépris de toute élégance politique. Faure Gnassingbé, c’est ce poisson pourri par la tête qui, par voie de conséquence, a pourri tout l’appareil gouvernemental. Résultat, ses créatures font comme lui. Les gouvernements successifs auraient-ils d’ailleurs pu faire autre chose que calquer leur façon de gouverner sur celle de leur créateur ? Que peut réellement apporter de bénéfique un Chef de l’État qui se cramponne au pouvoir malgré la faillite flagrante dans la gouvernance du pays, qui fait changer la constitution au gré de ses humeurs et qui décide de quand prend fin une république et quand en commence une autre, toujours selon ses humeurs ?

Bien des ministres ont si bien pris exemple sur le prince, qu’ils sont aujourd’hui indéboulonnables dans l’appareil exécutif. On ne peut pas faire de gouvernement sans eux, même s’ils sont payés pour se tourner les pouces. Va-t-on les reconduire pour pérenniser l’essor de la médiocrité, valeur cardinale des Gnassingbé ? Le pire est malheureusement loin d’être derrière les citoyens.

Source : Le Correcteur / lecorrecteur.info

Source : 27Avril.com