Togo, Début de Génocide à Bafilo, Mango et Tchaoudjo : Un an déjà!

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Il y a un an, presque jour pour jour, le pouvoir autoritaire incarné par Faure Gnassingbé, étouffé par la flamme de la contestation, envoya son armée tribalisée terroriser des communautés de certaines régions de notre pays bien ciblées, pour les raisons que les meneurs seuls connaissent. 12 mois après, beaucoup de familles chagrinées par la mort, le départ forcé ou l´emprisonnement injustifié de leurs proches, humiliées dans leur chair par des bastonnades et autres actes inhumains, n’ont pas fini de digérer l´incompréhensible, de faire leur deuil et continuent de se demander pourquoi tant de haine de la part de togolais contre des togolais pour le pouvoir politique.

Extraits d’articles comme rappel

«…Les bastonnades sauvages et sans raison, même dans les domiciles privés, après avoir fracassé les portes, continuent. Quand ils s´estiment satisfaits d´avoir assez affaibli ou blessé leurs victimes, nos militaires ou miliciens détruisent les biens visibles dans la chambre et dans toute la maison, emportent avec eux ce qui peut l´être: argent, bijoux, draps, rideaux, etc…. Beaucoup se demande à Mango, Bafilo et à Sokodé si nous avons à faire à des brigands de grands chemins ou à des militaires payés, habillés, armés et véhiculés par le contribuable togolais…Les petits étalages de revendeuses n´existent plus, interdits par nos vaillants soldats des FAT. Les marchés sont vides.

Les expéditions punitives ne se limitent pas seulement en ville; presque tous les gros villages sur la route de Tchamba en partant de Sokodé sont concernés: Kadambara, Kparatao (village natal de Tikpi Atchadam), Yèlivo etc…sont le théâtre de visites régulières de militaires, quelquefois en pleine nuit, pour terroriser par des tirs en l´air, des bastonnades sauvages suivies de vols de biens et d´argent dans les maisons.

Au quartier Komah, avant-hier, selon des informations que nous avons eues de témoins oculaires, un ressortissant nigérien qui gagnait son pain quotidien en tant que tailleur d´ongles ambulant aurait été battu par des militaires jusqu´à ce que mort s´en ait suivi. Le corps sans vie, traîné par les tueurs, est déposé devant une maison.

Nous apprenons aujourd’hui que le nommé Akondo Moutaka, enseignant à l´EPP de Kidèoudè près de Sokodé, résidant à Kouwawouworo, non loin de La Barrière, vient de rendre l´âme après avoir reçu des coup à la tête hier soir de la part des militaires.

À Kossombio, près du quartier « La Barrière », des militaires auraient suivi des jeunes jusque sur la montagne en brousse pour les déloger de leurs cachettes. Ils n’auraient dû leur salut qu’à un retour précipité en ville.

…Comme on le voit, nulle part, en brousse, en ville, où dans les maisons, les populations de Mango,Bafilo et Sokodé sont livrées aux exactions militaires sans défense.

…Quel est le plan des donneurs d’ordres? Assiéger militairement et en permanence l´Oti, Tchaoudjo et Assoli pour étouffer le germe de la contestation, même s’il faut pour cela aller au génocide? »

Voilà quelques passages d’articles publiés il y a un an par nos soins pour décrire l’enfer vécu par les populations de l’Oti, d’Assoli et de Tchaoudjo pendant plusieurs semaines en octobre et novembre 2017. Un enfer infligé non pas par une armée d’occupation, mais par le corps d’élite d’une armée supposée togolaise. Un an après ces douloureux évènements, les plaies à peine cicatrisées, les deuils à peine terminés, encore traumatisés, beaucoup essaient de se refaire une vie qui ne sera plus jamais comme avant.

Comment d’ailleurs pourrait-il en être autrement quand les parachutistes de l’armée personnelle des Gnassingbé, qui ont causé tant d’humiliation, tant de mort, rôdent encore, prêts à reprendre à tout moment la sale besogne contre des populations aux mains nues? En effet, même si ses positions sont devenues beaucoup plus discrètes, l’armée n’a jamais véritablement quitté Mango, Bafilo et Sokodé. Ces trois localités sont toujours surveillées comme du lait sur le feu. Des check-points sont toujours érigés aux trois principales entrées de la ville de Sokodé: au sud à Tchalo en venant de Lomé, au nord à Kidèoudè pour les voyageurs arrivant de Dapaong, et sur la route de Tchamba à Yèlivo à l’entrée de Kparatao. Malgré les mesures d´apaisement décidées de commun accord au début du dialogue inter-togolais en février 2018, Faure Gnassingbé refuse de faire lever les sièges militaires, comme il refuse de faire libérer la cinquantaine de prisonniers politiques encore détenus malgré le caractère vide des dossiers. Aujourd´hui c´est un euphémisme de parler de sièges militaires dans trois villes; il s´agit d´une militarisation à outrance du pays qu´il faut arrêter. Le traumatisme à Bafilo, Mango, et Sokodé est tel qu´à chaque apparition de jeeps militaires, de douloureux souvenirs reviennent à la surface, et les populations ne peuvent pas s´empêcher de se demander quand tout ça prendra fin; quand est-ce qu´elles pourront compter sur une armée qui sache respecter les citoyens qui l´habillent et la nourrissent, et non une armée synonyme de terreur et de destruction.

Togo, Début de Génocide à Bafilo, Mango et Tchaoudjo : Un an déjà!

Faure Gnassingbé résiste encore à la volonté populaire; rechigne à faire appliquer la feuille de route de la CEDEAO; l´acharnement et les exactions de miliciens payés par le pouvoir sur des militants de l´oppositions ont doublé d´intensité ces derniers jours. Un an après les sauvageries militaires sur des togolais des régions précitées, à qui le tour? Avant de disparaître dans la trappe de l´histoire, Gnassingbé Junior aura-t-il enfin la sagesse de revenir à de meilleurs sentiments pour au moins sortir par une porte moins petite, ou continuera-t-il à s´entêter, même s´il faut pour cela embraser le pays?

Wait and see!!!

Samari Tchadjobo
Allemagne

27Avril.com