Faure réprime dans le sang, plus de 500 togolais se réfugient au Ghana
Le Togo, pour ne pas dire le RPT-UNIR, a touché le fond. 50 ans après une gestion villageoise, le régime n’est plus défendable, il est irrécupérable dans ses méthodes et ses choix politiques. Faure Gnassingbé croit tout de même que le schéma de 2005 est encore possible. Depuis qu’il a commencé par considérer que le pouvoir dont il est détenteur est un héritage, personne de son entourage n’a pu le convaincre du contraire. Il doit commencer par s’en faire une autre idée depuis que les Togolais ont décidé de faire tomber son pouvoir dans le domaine public.
En 2005, l’opinion a été témoin de ce que Faure Gnassingbé a marché sur le sang de 800 citoyens pour sauver son lègue. Le Togo comme héritage national de son père, il y croit et ne cache pas ses convictions. Quand son père mourait, Monsieur Faure n’avait pas encore goûté aux délices du pouvoir. Mais s’il a été capable de supporter que des centaines de Togolais tombent pour le permettre d’apprivoiser le pouvoir alors qu’il ne l’a pas encore expérimenter, maintenant qu’il en a fait l’expérience, soit-elle calamiteuse, de quoi est-il capable ? Au regard des évènements qui l’ont conduit au pouvoir, ce qui se déroule présentement ressemble à un retour sur les lieux d’un crime. En attendant qu’il déroule son agenda contre le peuple pour sauver ce qu’il considère comme un héritage, témoins de l’histoire, il est de notre devoir de faire la lumière sur les grands évènements du récent passé.
Pour sauvegarder son pouvoir, monsieur le Président utilise une entreprise créée par son père, l’armée. C’est du moins ce qui se dit, l’armée est une invention d’Eyadema, semble-t-il. Et c’est en toute connaissance de cause que l’homme s’est gardé le portefeuille du Ministre de la défense en plus de ses prorogatifs présidentiels. Sur le terrain, l’armée le rend bien aux Gnassingbé en faisant usage de ce qu’elle sait faire le mieux, les méthodes de guerre. Voilà qui justifie la violence dans les répressions.
A Mango, tout a commencé le mardi 19 août 2017 par une caravane de l’opposition en prélude à la marche nationale organisée par tous les partis politiques. Le Rpt-Unir, comme à son habitude, se jette dans sa logique des contremarches. Une délégation est dépêchée de Lomé pour les besoins de la cause, de l’électricité dans l’air. Les deux marches se croisent et accouchent de violences et casses. Un jeune garçon de 09 ans, Abdoulaye Yacoubou, tombe sous des balles réelles dans les rangs de l’opposition. Son corps est transporté en martyre et exposé sur le trône royal. La nuit, vers 1h du matin, grâce aux jeunes, les corps habillés tentent vainement un assaut sur la ville.
Mais dès les premières lueurs, composés de différents corps, les militaires ont eu raison de la population et s’en prennent de la ville. C’est à balles réelles qu’ils tirent pour tenir tout le monde au respect. Lors des manifestations, on a vu par le passé, des jeunes dérailler avec des dégâts matériels pendant que les « Sodja » colmatent les brèches. Mais ici, c’est plutôt la force habillée qui déraille, les militaires sont en expédition punitive, les rôles sont renversés. C’est eux-mêmes qui cassent et brûlent. Ainsi le marché est enflammé, les magasins dont des ateliers de coiffure longeant la place du marché n’ont pu échapper à la colère des hommes en uniforme, c’était la politique des terres brûlées. Ensuite, de maison en maison, ils défoncent les portes et passent les vieux, vieilles et enfants sous les cordelettes. Ironie du sort?
Une des premières femmes de l’inénarrable Natchamba n’a pu échapper. La dame est une sage-femme en retraite. Et tenez-vous bien, cette innocente vieille contre laquelle on a défoncé la porte, est celle qui a fait au sieur Fambare Natchamba son premier enfant, elle va passer quelques nuits aux bureaux de la croix rouge locale. Les jeunes sont réfugiés dans les brousses dans l’espoir d’un retour après accalmie. Mais le siège refuse de se lever, la ville est surveillée comme du lait sur le feu, les maisons des supposés meneurs sont ciblées et violées, à défaut des jeunes, enfants, femmes et parents sont « corrigés ».
Une bonne partie des habitants de Mango a quitté la ville pour élire domicile dans les brousses ou localités voisines. Les scènes étaient tout simplement horribles quand on sait que la délégation de l’opposition, pendant sa tournée, au chevet des populations traumatisées a été témoin du cas d’une femme qui a été mise nue et l’eau chaude qu’elle avait sur le feu a été versée dans son sexe. C’était une barbarie d’un autre âge. Fatigués d’attendre l’accalmie, dans la nuit du mercredi à jeudi surpassé, au moins 300 personnes ont trouvé refuge dans le Nord-Est du Ghana dans le district de SHEREPONI. Les arrivées ont continué et présentement, les réfugiés sont plus de 500. Si l’incendie de la place du marché était trop flagrant pour être attribuer à une formation politique de l’opposition, dans une première sortie, le ministre, par la bouche de qui le régime mange le piment dans les mauvais rôles, Yark Damehane, ferra savoir que c’est le PNP qui a tiré sur le jeune garçon de 09 ans, avant de finir par se rebiffer. La couleuvre était trop grosse pour être avalée dans l’opinion.
En 2015, dans la répression pour installer la faune, suite à la mort d’un officier, les populations ont vécu une violence analogue. Et comme pour planter le décor, un officiel disait déjà que les Togolais de Mango sont plutôt des Ivoiriens. Au regard de la violence dont les militaires ont été capables dans cette ville tout récemment, on peut se demander si ce qui ressemblait à l’époque à une mauvaise blague n’est pas présentement dans le plan de certains. La ville a été vidée de sa population, si les uns sont en attente dans les localités environnantes dans l’espoir d’un retour, les autres ont trouvé refuge sur les territoires étrangers, mais cela n’est pas encore assez pour arrêter les exactions.
Renvoyé par la violence sous le silence complice du préfet Wadja, les frères de Mango sont accueillis par un autre préfet de l’autre côté de la frontière. Avant d’arriver là, au moins 9 personnes seront mordu par les serpents pendant leur séjour en brousse, deux corps sont retrouvés dans le fleuve Oti au matin de la première répression. Les besoins de premières nécessités leur sont fournis et ils continuent par affluer. Leur ville natale, celle de leurs aïeuls, leur est invivable. Pour garder à vie son pouvoir, le plus fort des Togolais en a ainsi décidé.
Réunie à l’appel de l’opposition, la marée humaine est vite dispersée par les gaz lacrymogènes et les grenades offensives. La population réunie est quadrillée par les bérets rouges armées jusqu’aux dents. Précédemment, les mêmes forces habillées ont été envoyées faire la ronde dans les différents villages pour empêcher les populations de rallier le chef-lieu afin de participer à la marche. D’un côté, si un cordon a encerclé les populations déjà rassemblées avant de les disperser sauvagement avec l’appui des miliciens, de l’autre, des unités ont été envoyées barrer les voix d’accès au lieu du rassemblement. Ceci a entraîné des courses poursuites et les jeunes, pourchassés jusqu’aux derniers retranchements dans la brousse, sont molestés, blessés à coups de grenades avant d’être abandonnés à leur triste sort là où ils tombent.
Dans la ville, l’autre bataillon, n’a rien fait à moitié. Aidé par des taupes payées à la tâche, ils passaient de domicile en domicile pour débusquer les malheureux qui s’y cachent. Même les malades, sur leur lit, n’ont pas rencontré de clémence. C’était une descente punitive qui s’était donné les moyens pour atteindre ses cibles. Tout comme à Mango, les grenades offensives ont été largement utilisées en plus des gaz lacrymogènes qui ne semblaient plus satisfaire les militaires. Les stigmates sont là, il suffit de voir les blessés de Bafilo et de Mango pour se rendre compte que ce sont des grenades qui ont été utilisées par les militaires de Kara sous la bénédiction des responsables militaires, et des préfets Bakali et son collègue de Bafilo.
On dirait que l’armée est en guerre contre un pays étranger. Les bérets rouges après avoir violés les maisons et brutalisé les habitants endommagent les engins roulants. Les jeunes tabassés se voient dépouiller de ce qu’ils ont en poche avant d’être libérés. Ce fut le cas de ce jeune jeté par-dessus bord d’un camion militaire. Après l’avoir molesté alors qu’il est revenu clandestinement de la montagne pour prendre ses vêtements, les militaires le transportaient à la prison civile de Kara quand ils se sont rendu compte qu’il avait 10000 Fr en poche. Ils le retirent ses sous et lui jette de leur camion en déplacement comme un colis.
A Bafilo donc, c’était la chasse aux jeunes comme à Mango. Cette tranche d’âge de la population a passé la nuit dans la montagne mitoyenne à la ville à la merci du froid et des reptiles venimeux. Toute la ville est quadrillée de bérets rouges. Comme ils l’ont fait à leur guise à Sokodé, ils passent de maison en maison pour «corriger» enfants, vieillards et jeunes qui n’ont pas eu le courage de demander exile dans la brousse. Quand ils finissent de faire leur volonté, ils empêchent parfois aux défenseurs des droits de l’homme de récupérer certains blessés pour l’hôpital.
Les militaires encerclent les quartiers, frappent les populations et une fois fatigués, ils se reposent dans les grands carrefours de la ville avant de choisir la prochaine cible sous prétexte qu’ils ont reçu un coup de caillou par ici ou par là. Bafilo, c’est le chef-lieu de la préfecture d’Assoli. C’est là que le centre de santé de la localité, construit depuis 1949, a fonctionné dans un piteux état jusqu’à tout récemment avant d’être remplacé par un centre de soins approximatif qui, d’ailleurs, ne pourra même pas prendre en charge les blessés de la dernière répression. Cette ville coloniale est restée un gros village et malgré les fraudes électorales qui font la loi à chaque élection, la population est restée inébranlable dans sa quête de liberté.
Sokodé, l’épicentre de la folie militaire
Là, depuis le 19 Août, chaque jour écrit son histoire. Tout ce que vivent les deux autres villes sœurs est déjà expérimenté ici. Le 21 septembre dernier, suite à la dispersion de la marche, une pluie viendra départager les jeunes et les militaires alors que le bras de fer venait de commencer, les dégâts sont limités ce 21 par la faveur de cette pluie.
Mais depuis un temps, cette ville traverse, et Dieu seul sait pour combien de temps encore, des moments critiques. C’est à Sokodé que, à entendre les témoignages, des jeunes arrêtés par des militaires ce 21, ont été obligés de boire de l’eau des égouts avec l’arme pointée sur eux. C’est aussi dans cette ville que, suite aux descentes musclées pour les perquisitions des domiciles, même des couteaux d’usage ordinaires ont été récupérés comme trophées de guerre. C’est aussi là que même des animaux n’ont pas échappé aux balles réelles des militaires armées contre une population qui a commis le crime de manifester pacifiquement. Tout comme le reste des Togolais, de Sokodé, Bafilo à Mango, les peuples écrivent leur histoire, balles réelles, grenades d’assaut, gaz lacrymogènes contre mains nues. Les villes ont déjà enterré des morts, les blessés, c’est une ribambelle. Dieu seul sait combien de jeunes sont encore obligés de rester hors des cités par crainte des représailles ciblées.
Face à ce désaveu total, que reste-t-il au chef ?
Monsieur Faure Gnassingbé est désormais seul contre tous. Toutefois, il est toujours scotché à son trône. Il estime que les contestataires vont s’essouffler pour qu’il reprenne le poil de la bête. Après coup, ses « sécurocrates » vont affaiblir les dérangeurs et meneurs de la fronde actuelle et la vie continue. Les contextes ont changé et le temps ne joue plus pour cet espoir. Même au cœur de la révolution contre Blaise Compaoré, il a eu le mérite d’avoir le soutien ouvert de quelques chefs d’Etat de la sous-région, même si ces soutiens ne serviront à grand-chose.
Monsieur Faure a la chance d’être le président tournant de la CEDEAO. Mais depuis que sa veste est emportée par la colère des populations, aucun chef d’Etat ne plaide sa cause. Tout le monde observe, les seules voix qui se sont faites entendre ne plaident pas pour sa chapelle. Le Bénin aurait déjà adressé un rapport confidentiel à la France pour que le cas du Togo soit pris au sérieux afin que Faure laisse le pouvoir. Le Bénin craint une crise humanitaire si l’entêtement du prince doit déboucher sur une vague de réfugiés comme on le constate déjà vers le Ghana.
Pour Patrice Talon, l’instabilité de la monnaie nigériane ne rassure pas une économie béninoise déjà pas trop au point, s’il faille y ajouter une vague de refugiées politique, la situation ne sera pas facile à gérer. Le président béninois va dans quelques heures en discuter avec Macron qui, à son arrivée, s’était d’ailleurs donné deux cibles : les fils aux « Papa », le Gabon et le Togo. D’après nos indiscrétions, le prince a déjà reçu un coup de fil de Macron. Que se sont-ils dit ? Ce n’est pas le moment d’en parler. Aucun pays africain ne dit rien, toutes les puissances européennes s’ouvrent tous les jours aux manifestations des Togolais de l’étranger contre Faure. Ce silence est un désaveu que ne comprennent que des dirigeants intelligents. Monsieur Faure compte sur les bons offices d’un Ibn Chambaz, un escroc à col blanc toujours au secours des dictatures en difficulté.
Aux côtés de Chambas, Faure utilise présentement son demi-frère, Patrick Bolouvi. Lui, c’est le représentant de HAVAS Médias. Il vient de lui affecter un jet privé avec de l’espèce trébuchante pour corrompre les réseaux corruptibles en Europe. En succédant à son père, le prince a promis aux uns une gestion transitoire afin de passer la main, aux autres des reformes pour normaliser le pays, nulle part ces promesses faites aux chefs d’Etat n’ont été tenues.
A supposer même que le peuple s’essouffle dans ses contestations, quelle légitimité politique reste-t-il encore à monsieur le président ? Malgré les moyens d’Etat mis à sa disposition, il ne peut pas mobiliser un quartier alors que l’opposition mobilise dans toutes les villes du pays et la diaspora. Même l’argent qui nourrissait les marches du RPT-UNIR n’est plus une solution, ni au pays moins encore dans la diaspora. La diaspora a vomi le prince, même si des cadres ont présentement financé un prétendu festival aux USA à l’attention de la diaspora tem aux USA. Cette diaspora dénonce déjà la présence du chef Salissous des Tem vivant à Lomé.
Sur un plan diplomatique, monsieur Faure et sa clique doivent désormais mesurer leurs déplacements pour ne pas se voir humilier par la colère des togolais de l’étranger. Essoufflés par une économie en agonie et une dictature qui pourchasse ses enfants, les Togolais sont beaucoup sortis. Actuellement ils sont devenus un souci pour la dictature. Au pays, le régime est contesté comme jamais. Que reste-il alors à un chef, pigeon voyageur, qui doit désormais marcher comme sur les œufs et choisir ses lieux de visite? Décidément, la mouche trop prétentieuse se fait toujours enterrer avec le cadavre.
Quand nous martelions dans nos écrits, depuis des années, que le régime en place est un système à vie qui n’a pas l’intention d’opérer quelque alternance que ce soit au sommet de la République, certains croyaient que c’était notre avis. Depuis que le phénomène Atchadam est né, et que l’opposition a changé de fusil d’épaule, les évènements donnent raison à nos analyses. Les pages de l’histoire, depuis 2005, se succèdent et refusent de se ressembler, mais s’ils ont un dénominateur commun, c’est le sang. Si ce sang a coulé en 2005 pour inventer une monarchie, il coule cette fois-ci pour y mettre fin. L’opinion devient de plus en plus avertie que les Togolais sont en face d’une machine politique qui ne fait l’économie de rien pour survivre. Autrement, il est difficile de comprendre ce qui se passe au Togo.
Le Togo est une République où, par la faveur d’une patience maladive, une famille, pour ne pas dire un maillon d’une famille, s’est accaparée d’un bien qui appartient à 7 millions d’âmes depuis 50 ans, soit deux générations. La famille a imprimé ses marques, elle a assis ses méthodes, elle a formaté l’opinion par rapport à ses intérêts, mais elle n’a pas pu faire oublier à la même opinion que la République est un bien en partage. Le reste des Togolais, après l’occasion ratée de 2005, ne veulent pas laisser passer la nouvelle dynamique insufflée par Tikpi Salifou Atchadam depuis le 19 Août dernier. Est-ce parce que le Togolais a assez subit le martyres, est-ce parce que le nouveau porte-parole, Tikpi Atchadam, dans son humble mais imposante posture d’homme d’Etat est particulier ? Une chose est certaine, depuis les indépendances, le peuple n’a jamais été autant unanime contre un régime politique au Togo.
De Berlin, à New-York en Passant par les pays africains, les Togolais de l’extérieur sont d’accord qu’il faut bouter les rescapés des Gnassingbé qui gèrent le reliquat du pouvoir et vider le plancher. Quand Eyadema s’est éteint, son premier ministre, annonçant sa mort, a parlé de « catastrophe nationale ». Oui, pour une catastrophe, c’en était une, elle n’a épargné personne. Cette annonce portait un aveu d’échec puisqu’en 38 ans d’un règne sans partage, c’est d’une catastrophe qu’Eyadema a pu laisser aux Togolais. Si les habitants ont effectivement endurée la transition politique, du père au fils, comme une catastrophe, les Gnassingbé, de leur côté, continuent par subir la scission en leur sein comme « une catastrophe » familiale.
Quand le monsieur est mort, puisqu’« un bien mal acquis ne profite pas », chaque héritier a commencé ses calculs. Les camps se sont formés, le clan est divisé. « In fine », les uns sont devenus bons pour la prison, les autres se cherchent avec un quotidien incertains. Désormais, les seules Gnassingbé, « de pure sang », sont ceux qui ont su faire totalement allégeance à celui qui est désigné pour gérer l’héritage. Ce n’est pas à nous de vous dire que la détention de Kpatcha Gnassingbé n’est pas seulement une affaire de coup d’Etat, mais elle est aussi et surtout une affaire d’héritage.
Rock Gnassingbé avait tout dit à demi-mot lors du procès Kpatcha. Monsieur Faure Gnassingbé a refusé de faire partager au reste du rejeton l’héritage parental. Il a fallu que, sur demande de certains ayant-droits, les feux Bongo et Kadhafi interviennent pour que le gardien de la manne s’oblige à lâcher quelques miettes au profit des autres. Quelques moments après, un des Gnassingbé est au centre de ce qu’on a appelé « conspiration contre la République ». Depuis cet épisode qui a conduit monsieur Kpatcha en détention, les Gnassingbé sont devenus aphones sur leur héritage, chacun regarde le plus fort. Kpatcha Gnassingbé est détenu depuis 08 ans; officiellement pour une accusation qui ne convainc que les accusateurs.
Depuis cette triste passe entre les Gnassingbé, tout comme les Togolais ont gouté à leur catastrophe en 2005, la fratrie vit sa « catastrophe ». Mieux, les Togolais qui savent lire les évènements ont commencé par se dire qu’un chef d’Etat qui n’a pas su gérer, d’une façon impartiale, un simple héritage pour une famille, soit-elle un rejeton de 100 bénéficiaires, ne saura gérer, avec équité, un patrimoine appartenant à une République de 7 millions d’âmes.
Si pour avoir été trop regardant pour un héritage parental des frères de sang ont mérité le bagne, qu’est-ce qui empêche le plus fort de la République d’envoyer la majorité des Togolais, qui contestent sa gestion, au cimetière, soient-ils d’innocents enfants. Oui, et il s’en donne les moyens. C’est ainsi que, depuis que l’opposition a trouvé un nouveau souffle à travers l’arrivée du PNP avec des revendications plus tranchées, Faure Gnassingbé pour qui la raison du plus fort est toujours la meilleure utilise les gaz, les armes à balles réelles et en caoutchouc, les machettes et autres gourdins, puis tout récemment les grenades offensives pour réprimer les Togolais qui ne supportent plus de le regarder gérer la Patrie tel qu’il le fait avec l’héritage de son père. C’est la loi de la nature, un individu peut garder pour longtemps, un bien appartenant à une ou deux personnes, mais pas pour toujours, et quand ce bien est une propriété de toute une population, ça se complique davantage.
Faure Gnassingbé s’accroche pour sauver quel bilan ?
Le Togo est malade d’une gestion tétraplégique. La mauvaise gestion est légion. Gangrené par une gestion familiale, tous les secteurs d’activité du pays sont malades. Les informations et scandales financiers que les médias, souvent, publient et qui ressemblaient à une calomnie, sont sortis des secrets d’Etat.
Grâce aux rapports répétés du FMI, tous les Togolais savent désormais que leur pays ne connait pas les quantités de phosphates qui sortent des frontières. Pour cause, une famille a fait des ressources du sous-sol un bien personnel qu’elle gère comme une boulangerie. Un individu, soit-il un chef d’Etat, pour sa sécurité a remis la gestion du premier minerai togolais aux Israéliens contre sa sécurité. Grâce aux interventions du ministre des finances au parlement lors du vote du budget en cours, les Togolais savent que la comptabilité du premier minerai du pays, le phosphate, ne verse aucune ristourne au trésor publique depuis trois ans. Les infrastructures d’extraction de ce minerai datent de l’époque coloniale. La grogne sociale est permanente, les revendications pour un minimum de sécurité sur les lieux de travail sont souvent restées lettre morte et le plus grand héritage que l’entreprise de phosphate a laissé aux générations futures est la dette publique.
En un mot, les Togolais ont creusé la terre pour vendre, ils n’ont pas acheté le territoire sur lequel ils creusent cette terre car disent-ils, c’est un bien national, mais ils ont fait faillite. Le port autonome de Lomé, le seul port en eaux profondes de la sous-région, malgré ses avantages naturels est devenu l’ombre de lui-même. Rien ne marche dans ce secteur, les faits parlent d’eux-mêmes. La quasi-totalité des entreprises publiques sont en faillite, même dans les secteurs juteux où l’Etat n’a pas de concurrents, l’on s’est arrangé à endetter la République. La dette publique fait le double du budget national, tout ce que le pouvoir public gère tombe en faillite. Partout où l’Etat a passé, il a endetté les générations futures, la corruption est le vice le mieux toléré dans l’administration.
Le Togolais a perdu sa fierté, le citoyen ne peut plus dire avec fierté « je suis Togolais », le peuple a perdu cette fierté citoyenne. La population veut récupérer ses valeurs, elle veut être fière de son pays comme le Ghanéen, le Burkinabé ou le Sénégalais. Le Togo est en berne dans toutes ses dimensions, son économie, sa santé, son éducation, tous les secteurs névralgiques. Nous le disions depuis des lustres, tout comme une boutique ou une forge mal ‘’coachée’’, la République est en faillite, les premiers responsables ne sont capables d’aucun miracle économique.
Même sur le plan moral, le compteur est au rouge, tous les voleurs de la République sont recyclés et remis en selle. 12 ans de règne n’ont pas suffi à Faure pour offrir aux Togolais le plaisir d’avoir une première dame. Du coup, lors des rencontres officielles aucun de son entourage ne peut venir avec son épouse. Quelle valeur morale on véhicule au sommet ? Le peuple a beaucoup enduré et il dit en fin que « ça suffit ».
Le bilan, il est tout simplement triste, mais le régime fait le pied de grue. Seul contre tous, monsieur Faure compte sur une partie de son armée, un cercle d’officiers à qui il a ouvert tous les privilèges et les trafics pour qu’ils s’enrichissent indûment afin de lui garantir la survie. Là où on ne peut plus compter sur l’armée, on utilise les milices. Elles sont financées par un homme et une femme de l’entourage immédiat. C’est deux individus sont des anciens responsables de grandes régies financières. Ils sont les bras financiers des jeunes désœuvrés, des anciens militaires et autres zélés armés de gourdins, de machettes et autres pour intervenir là où la force régulière ne peut pas s’afficher.
A lire la violence qui se banalise dans la gestion des manifestations pacifiques, tout est réuni pour se demander si les gens sont lucides dans leurs agissements. On se rappelle de ce tristement célèbre Ernest Gnassingbé. Cinq ans avant sa mort, il tirait sur tout ce qui lui résiste, une voiture dédouble la sienne, ses sbires descendent le conducteur et le fessent. Même les chefs traditionnels, il torturait. L’opinion croyait que c’était un officier méchant. Mais c’était, en réalité, un fou habillé qui mourra en état de folie.
Abi-Alfa
Source : Le Rendez-vous 316 du 03 octobre 2017
TogoActualité.com
Analyse profonde aussi douloureuse que vraie.
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