Togo-David Kpelly ” Camarade Jean-Paul Oumolou, je suis fatigué, mais pour toi je me relève”

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Camarade Jean-Paul Oumolou, je suis fatigué, mais pour toi je me relève

Jean-Paul ! Depuis hier matin, j’ai cherché des mots pour dire ma colère, mais je n’en ai pas trouvé. Et j’ai compris que ce qui m’anime depuis la nouvelle de ton arrestation brutale à Lomé où tu es en vacances n’est pas de la colère, mais une profonde lassitude qui me prive de mots.

Cher ami, toi et moi on n’a pas toujours été d’accord sur nos approches de la lutte pour la libération de notre pays contre la tyrannie. Et dans nos discussions privées, nous ne mâchons pas les mots pour nous le dire.

Tu m’as toujours reproché d’être trop conciliant et laxiste, voire lâche avec une certaine partie de notre opposition, de ne pas clairement faire un choix. Et moi, j’ai riposté, à chaque fois, que je te trouvais trop impulsif et radical dans tes choix, trop virulent contre certains de nos frères combattants.

Mais en réalité, tu parais impulsif parce que tu es vrai, radical parce que tu es droit, excessif dans tes approches parce que tu es honnête. Quand tu fais un choix, tu l’assumes publiquement et jusqu’au bout, en y mettant tous les moyens, tout ton être, en affrontant toutes les conséquences.

Et c’est pour cela que je t’ai toujours respecté, même quand, dans tes interventions publiques, tu t’attaquais sans réserve à certaines personnes que je trouve très méritantes dans cette lutte.

Cher ami, depuis hier, disais-je, je n’ai pas pu trouver de mot pour dire ma colère, parce que je ne suis pas en colère. Je suis juste las. Las de ce pays qui jour après jour sort un peu plus de mon cœur. Las de ces hommes que je n’ai même plus la force de haïr. Je suis las, cher Jean-Paul, de toutes ces douleurs, humiliations et outrages qu’on nous inflige sans raison.

Mais pour toi, devant ton kidnapping, on ne saurait rester ni amorphe ni silencieux. Parce que tu es l’un des symboles de la persévérance et de la détermination dans ce combat éreintant que mène notre peuple depuis trois décennies, toi qui, déjà étudiant, as connu la prison d’Eyadema pour tes convictions que tu n’as jamais reniées, même en vivant en Suisse, loin du Togo.

Grand frère Jean-Paul, pour toi, je ne resterai pas assis. Je me lève donc. Maintenant.

Source : icilome.com