« La liberté n’est pas l’absence d’engagement, mais la capacité de choisir » (Paulo Coelho).
Faure Gnassingbé a effectué une visite à la junte militaire au Mali le 19 janvier 2022 au moment où la CEDEAO impose un blocus au pays. C’était un déplacement incognito. Aucune communication officielle n’a été faite autour de ce voyage assez singulier. Il a fallu un tweet du confrère Serge Daniel, correspondant de RFI à Bamako, pour que l’information soit ébruitée.
Depuis deux semaines, les chefs d’Etat de la CEDEAO dont la plupart sont des pustchistes et des braqueurs d’élections, ont placé le Mali sous embargo : fermeture des frontières de tous les pays membres de la CEDEAO, suspension de toutes les transactions financières et commerciales ainsi que le gel des avoirs à la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest. Motif : le refus de la junte militaire d’organiser des élections pour remettre le pouvoir aux civils en février prochain.
C’est dans ce contexte particulier où le Mali est coupé du reste du monde -le blocus est endossé par la France, l’Union Européenne, les Etat-Unis d’Amérique- qu’intervient le déplacement du jeune président togolais à Bamako. Un texte avait même été proposé par la France au Conseil de sécurité pour adoption aux fins de soutenir ces mesures, finalement rejeté par la Russie et la Chine qui ont opposé leur véto.
Après avoir participé à faire prendre des sanctions draconiennes et scandaleuses contre le Mali, Faure Gnassingbé viole allègrement les mesures édictées par la CEDEAO, notamment la fermeture des frontières pour rendre visite nuitamment à ses amis, les autorités de la transition malienne.
A quoi joue le chef d’Etat togolais ? D’autant plus qu’il est partie prenante des sanctions illégales contre le pays de Modibo Keita. « Les actes ou décisions injustes portent la responsabilité de la non-adhésion, du non-engagement ou du désengagement », disait Didier Court. Du moment où on décide d’une mesure aussi grave comme un blocus presque total contre un pays, on doit pouvoir être en mesure de la respecter, dans la mesure où ces sanctions n’ont jamais été remises en cause par le Togo. Il n’est pas convenant qu’au moment où les frontières du Mali sont fermées par une décision supranationale, on les fasse ouvrir en cachette pour une visite nocturne.
Faure Gnassingbé était-il allé faire son mea culpa à ses amis de la Transition ? Il devrait être dans une position inconfortable pour leur expliquer comment il les soutient et au même moment, approuve les sanctions sévères et injustes prises à leur encontre.
D’ailleurs, cette visite du chef d’Etat togolais et sa position ambiguë sur la crise malienne passent mal chez certains leaders politiques, notamment les responsables du Pôle Politique de Consensus (PPC), un regroupement de partis politiques et d’associations qui fustigent son règne au long cours au Togo et le rôle sombre qu’il joue au sein de la CEDEAO.
Médard Amétépé
Source : Liberté / libertetogo.info
Source : 27Avril.com