Le phénomène commence à inquiéter. Des rafles sont organisées dans la capitale togolaise par des éléments de la police de certains commissariats. Et contre la libération des personnes arrêtées, il serait réclamé 20.000 FCFA.
Avant cette affaire, nous avions eu vent de ce que les vendredis, des éléments de la police en patrouille font des rafles dans certains quartiers de Lomé. II y a quelques semaines, c’était la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) dont les éléments ont débarqué parmi les filles de nuit sur le terrain du Bas-fond, en face du collège St Joseph.
Selon les informations que nous avions recueillies auprès d’une des filles, elles avaient été arrêtées un vendredi soir. Et toutes celles qui désiraient recouvrer la liberté devraient s’acquitter d’une somme de 10.000 FCFA. Ce n’était que trois jours plus tard, soit le lundi qui a suivi, qu’elle a pu se faire envoyer la somme, payer et retourner chez elle. Sans aucun reçu pouvant attester que l’argent perçu pendra une direction citoyenne. Est-ce à dire qu’elle ne sortira plus pour s’adonner au plus vieux métier du monde ?
Nous avons encore reçu des informations selon lesquelles des citoyens ont été arrêtées dans les environs du quartier Atikoumé. Et tous ceux qui ne détenaient pas de pièce d’identité ont été conduits au poste de police. C’était vendredi 26 août 2022 aux environs de 20 heures. Mais pire que ce qui a été exigé des prostituées, les éléments qui ont procédé aux arrestations exigeraient de chaque personne la somme de 20.000 FCFA avant libération. Et sans aucun reçu qui prouve le caractère légal de ce qu’il convient d’appeler un racket.
Dans le cas relaté plus haut pour les prostituées comme dans celui-ci, on se demande où va cet argent et si cette façon de rançonner les populations participe à la paix sociale. Surtout que, jusqu’à preuve du contraire, seule la région des Savanes est décrétée sous un couvre-feu.Doit-on exiger de l’argent à des citoyens arrêtés sans sommation et en période d’absence de couvre-feu ? La prostitution est-elle interdite au Togo ? Loin de nous l’idée de faire la promotion de ce genre d’activité à laquelle s’adonnent certaines femmes. Mais quelle réaction aura le policier lorsqu’il est confronté devant deux situations dans lesquelles une femme est arrêtée pour vol et une autre pour prostitution?Si rançonner ces filles et des citoyens lambda qui ont eu le malheur de ne pas détenir de pièce d’identité -et Dieu seul sait que nombreux sont les Togolais qui sont dans cette situation- à hauteur de 10.000 F et 20.000 FCFA constitue la solution au mal invisible pour lequel les forces de l’ordre sont en patrouille, alors on ne peut que leur dire désolé.
Source : Liberté N°3688 du Mercredi 31 Août 2022
Source : 27Avril.com