L’une des rares occasions pour se prononcer sur l’état de la nation reste indubitablement la fête de l’indépendance. Au Togo, Faure Gnassingbé pratique le mutisme jusqu’au bout. Pour ce 61ème anniversaire de l’indépendance du Togo, il est encore resté muet.
Les activités marquant la célébration de l’indépendance du Togo sont officiellement terminées. On note simplement qu’au cours de ce 61ème anniversaire, une série d’inaugurations a été faite par les autorités. Il y a eu également la ranimation de la flamme du monument d’indépendance et le défilé militaire et civil avec le couronnement de la gent féminine par le saut en parachute de Julienne Kondi. Cette vidéo qui a fait le tour des réseaux sociaux est peut-être la seule satisfaction des Togolais lors de cet événement. Ce qu’il manquait aussi au tableau de la célébration de cet anniversaire, c’est le discours officiel du chef de l’Etat.
Nous le disions dans notre précédente parution, Faure Gnassingbé était annoncé devant les députés pour son discours, par plusieurs médias, mais ne s’y est pas rendu. Qu’il se rende à l’Assemblée nationale ou pas, n’est pas le problème. Eviter des copains et copines que l’on a installés et avec qui l’on partage de nombreuses choses n’est pas un crime. Le problème, c’est que pour un pays comme le Togo, les occasions pour entendre le chef de l’Etat se prononcer sont rares. En dehors des campagnes électorales des présidentielles, Faure Gnassingbé ne parle presque pas. Le 27 avril était donc l’occasion à ne pas manquer. Cette allocution manquée devrait être l’opportunité pour lui de s’exprimer et de présenter la situation du pays sur les plans économique, sanitaire, politique, social…et évoquer les perspectives. Sous d’autres cieux, cette adresse à la nation se fait plusieurs fois dans l’année.
Il est donc normal de se demander pourquoi Faure Gnassingbé s’est refusé de prononcer son discours. Sûrement qu’il n’a pas de temps à consacrer à ses compatriotes envers qui il ne se voit pas redevable. Et pour cause, durant ce mois d’avril 2021, le numéro 1 togolais ne s’est pas du tout privé de pratiquer son sport favori qu’est le voyage. Il était aperçu tantôt à Paris, tantôt au Niamey, tantôt à Ndjamena, pour des rencontres qui ne touchent pas directement à la vie des Togolais. A Paris, c’était pour un entretien avec le président français Emmanuel Macron, histoire de confirmer sa position de grand combattant du terrorisme aux côtés de la France. Au Niger, il a assisté à l’investiture du nouveau président, Mohamed Bazoum. Au Tchad, il a participé aux obsèques de l’ex-dictateur Idriss Deby Itno, mort dans des conditions troubles. Faure Gnassingbé avait du temps pour ces événements dont les retombées pour le Togo ne sont que dans l’imaginaire de ceux qui y croient.
Pendant tout ce temps passé à sillonner les pays, il aurait pu instruire ses collaborateurs de lui préparer un discours sur l’état du pays. Certains diront qu’il voyage dans l’intérêt de son pays. Mais gouverner autrement, c’est d’abord rendre compte. Et dans cette période de crise sanitaire, il était indispensable que Faure Gnassingbé s’exprime. Non pas parce que les Togolais veulent l’entendre, mais pour répondre aux nombreuses interrogations que suscite sa gestion du pays. En cette période de covid-19 et de crise politique, il ne devrait pas manquer cette occasion solennelle que lui donne l’histoire du pays.
Malgré les critiques, nous sommes tentés de trouver une excuse au chef de l’Etat. Peut-être voudrait-il éviter un énième fiasco. Non pas parce qu’il ne parlerait pas un français académique. Non plus parce qu’il aurait une voix semblable à celle d’un président voisin du Nigéria. On a souvenance des sorties presque souvent ratées de Faure Gnassingbé et de ses propos qui le suivent partout comme son ombre. Parfois même, on se demande ce qui a été dit durant le discours tant il est creux et d’une platitude implacable.
De son vivant et en 38 ans de pouvoir, Gnassingbé Eyadema ne manquait aucunement les discours à l’occasion du 27 avril. Sur cet aspect, Faure Gnassingbé devrait copier sur son géniteur. Quand on a du respect pour ses compatriotes, on ne se tait pas un 27 avril.
G.A.
Source : Liberté
Source : 27Avril.com