- «…Nous les kabyès avons la lourde responsabilité de sauver notre pays le Togo du chaos que lui imposent Faure Gnassingbé et son groupuscule plus cupides que patriotes.» Olivier Amah en septembre 2020.
Olivier Poko Amah, cet officier de l´armée togolaise en rupture de ban, n´est plus à présenter. Ancien éléve de l´école militaire de Tchitchao; ayant ensuite passé par l´école d´officiers de Bouaké en Côte d´Ivoire, il sera titularisé sous-lieutenant en 1993. En 2005 à la mort d´Éyadéma, en sa qualité de gendarme et commandant des forces de maintien d´ordre à Lomé, il refuse de faire réprimer les manifestants pour la conservation du pouvoir. On l´affecte alors à l´intérieur du pays, et là tout va vite. Devenu commandant en 2007, il est accusé de tentative de coup d´état en 2009. Arrêté puis détenu d’abord au secret pendant 18 mois par la garde présidentielle, et ensuite 12 mois à la gendarmerie, il sera jugé par une cour spéciale qui reconnaîtra son innocence. Malgré le fait qu’il fût innocent, il sera condamné à 24 mois de prison puis radié de l’armée.
C’est lors d’une manifestation du CST (Collectif Sauvons le Togo) le 24 mai 2013 qu’il crée l’évènement qui le conduira une deuxième fois en prison; ce jour-là, il donna une interview où il dénonça ces lieux de torture comme la gendarmerie, où il déplora que les autorités politiques aient fait en sorte que l’armée et le peuple se regardent en chiens de faïence, et où il demanda à l’armée de prendre ses responsabilités. Olivier Amah fut arrêté et déporté à la prison de Mango le 30 mai 2013. Libéré sous la pression des organisations de défense des droits de l´homme, sentant sa vie en danger, le bouillant kabyè de Pya réussit à prendre la clé des champs en septembre 2014.
Voilà brièvement racontée l´histoire de cet oiseau rare appelé Olivier Amah. L´armée togolaise se définissant par l´impitoyable terreur en son sein contre les récalcitrants, il n´est pas donné à n´importe qui d´y avoir son point de vue personnel, surtout si ce point de vue touche le pouvoir des Gnassingbé. Être de l´ethnie kabyè et surtout de Pya équivaudrait à un crime de lèse-majesté que d´être opposant au régime et militer pour un changement de politique au sommet de l´état. Une insulte impardonnable à tous ces nombreux compatriotes de l´ethnie kabyè démocrates qui souffrent au même titre que tous les autres Togolais des conséquences de la mauvaise gouvernance politique. Malgré la terreur, malgré les suspicions, malgré le danger encouru d´être enlevé et assassiné à tout moment, comme il est malheureusement de coutume au Togo, Olivier Amah avait tenu tête, en disant haut et fort ce que beaucoup au sein de la grande muette murmurent.
Et c´est ce qui lui vaut aujourd´hui toutes ces tracasseries, tout cet acharnement sur sa personne. Il y a quelques mois, nous alertions à travers un article sur les menaces de mort qui sont proférées contre lui. Bien que loin de son pays, Olivier Amah est obligé de prendre des précautions dans sa vie de tous les jours; car on ne sait jamais d´où et quand un malheur pourrait arriver. On est jamais trop prudent quand on connaît, comme Olivier Amah, les méthodes utilisées par ceux qui sont à vos trousses. Non contents de lui faire subir toutes ces tracasseries psychologiques en le menaçant d´attenter à sa vie, ils s´en prennent aujourd´hui à ses biens. Dans la nuit de vendredi à samedi, sa maison située dans la localité de Pya, son village natal, fut saccagée. Portes enfoncées, grilles des fenêtres arrachées; dans la cuisine et au salon tout est mis sens dessus-dessous; les dégâts sont malheureusement plus importants que les images en notre possession. Selon les témoins sur place, et pour ceux qui douteraient encore, il s´agit bel et bien d´un acharnement politique contre un opposant qui dérange. Rien ne fut emporté; ce qui nous éloigne de l´hypothèse d´un cambriolage classique. Les destructeurs inconnus avaient une mission: détruire et laisser un message.
De tels actes barbares d´une autre époque, aujourd´hui contre Olivier Amah, ou ailleurs contre tout autre opposant au régime Gnassingbé, ne doivent plus appartenir au paysage politique dans notre pays le Togo. La libération de tous les prisonniers politiques sans exception, le retour en toute liberté de tous les exilés politiques, la démocratie, l´alternance régulière au sommet de l´état, le partage équitable des richesses du pays entre toutes les filles et tous fils de ce pays; voilà ce qu´il faut pour qu´au Togo, le mot «peur», pour des raisons politiques disparaisse à jamais.
Samari Tchadjobo
Allemagne
Source : icilome.com