Le commun des citoyens les attendait le plus tôt possible à la Commission électorale nationale indépendante (CENI) pour remettre de l’ordre dans le processus électoral. Mais l’entrée en fonction des huit (08) délégués de la Coalition de l’opposition n’est pas pour aujourd’hui. Tout porte à croire à la mise à exécution d’une combine par l’attelage pouvoir RPT/UNIR-UFC. Pendant ce temps, le processus devrait être poursuivi unilatéralement…
Séance parlementaire de confirmation reportée sine die
Le vendredi 5 octobre dernier, il devrait y avoir une séance plénière à l’Assemblée nationale consacrée à l’examen de la liste et de la confirmation des représentants de la Coalition de l’opposition à la CENI. Ils sont huit (08) à avoir été désignés, conformément à la seconde réunion, le 23 septembre dernier, du Comité de suivi de la mise en œuvre de la feuille de route de la CEDEAO. Faut-il le rappeler, les sièges se répartissent comme suit : cinq (05) pour l’opposition parlementaire dont trois (03) pour l’Alliance nationale pour le changement (ANC), un (01) pour le Comité d’action pour le renouveau (CAR) et un (01) pour l’Alliance des démocrates pour le développement intégral (ADDI) ; deux (02) pour l’opposition extra-parlementaire représentée par la Convention démocratique des peuples africains (CDPA) et le Parti national panafricain (PNP) et un (01) pour le Front citoyen Togo Debout coopté au titre de la société civile.
Ce vendredi, la liste devrait être « étudiée, validée ou amendée par les députés », nous apprend republicoftogo. Mais la séance a été ajournée sans explication officielle et surtout reportée sine die. Certaines sources avancent ce début de semaine pour la voir tenir, mais aucune date n’a été officiellement donnée pour l’abriter. La fixation de la nouvelle date est donc tributaire de la volonté exclusive du pouvoir, et il faut redouter qu’il ne se presse nullement pour le faire.
Forcer une place à l’UFC
Officiellement, disions-nous, aucune raison n’a été avancée pour motiver ce report de la séance. Mais personne n’est dupe, derrière cet ajournement se cachent des manœuvres pour tailler une place à l’Union des forces de changement (UFC). Le parti de Gilchrist Olympio avait déjà inauguré la polémique. Nous redoutions cela dans la parution N°2767 du 02 octobre 2018 sous le titre : « CENI : L’UFC se rebiffe et décide de maintenir son représentant / Embouteillage, pagaille et chaudes empoignades en perspective » et écrivions : « Au-delà de l’embouteillage (sic) qui va se créer en termes de représentants de l’opposition parlementaire à la CENI, il faut redouter l’ouverture d’un autre front au sein de cette institution. « Voici ce qui pourrait se passer : le pouvoir va prendre fait et cause pour l’UFC et on va passer du temps à se quereller autour de cette question, juste pour faire de la diversion. Le régime fera tout pour lui tailler un poste de représentant dans les rangs de l’opposition parlementaire. L’enjeu, cette voix unique de l’UFC va faire pencher la balance du côté du pouvoir lors des votes, même si le président de la CENI venait à être un étranger, comme le requiert l’opposition (…)», prédit un observateur avisé ».
Il y a eu des développements. Le Président de l’Assemblée nationale est en train de jouer un « rôle trouble » dans cette affaire. Dama Dramani s’illustre en effet en démarcheur de cette place pour l’UFC au sein des 8 représentants de la Coalition de l’opposition. Selon les informations de sources crédibles, il aurait joint à cet effet la Présidente du Groupe parlementaire UFC, Mme Isabelle Ameganvi pour plaider cette cause. La réponse de cette dernière était que la question a été tranchée par le Comité de suivi de la feuille de route au cours d’une rencontre avec une délégation de l’UFC. Feignant que c’est la tête du représentant à la CENI, le tonitruant Jean-Claude Homawoo qui ne plairait pas, Dama Dramani serait revenu à la charge pour demander si c’était possible de le changer par un autre membre de l’UFC. La réponse de son interlocutrice fut la même, un non catégorique. Des indiscrétions font par ailleurs état, dans cette dynamique, de tentatives du parti de Gilchrist Olympio de marchander le retrait de son représentant à la CENI contre espèces sonnantes et trébuchantes en guise de dédommagent tacite. Une sorte de chantage donc.
Gagner du temps et continuer unilatéralement le processus
Après le report de la séance de vendredi, aucune autre date n’a été avancée, disions-nous, pour cet examen attendu de la liste des représentants de la C14. Tout dépendra donc du bon vouloir du pouvoir RPT/UNIR qui contrôle le Parlement, et il n’a aucune raison de se presser parce que l’attente lui profite. Mais tout répond à un plan secret mijoté pour gagner du temps.
La validation de la liste des délégués de la C14 n’est pas gagnée d’avance. Le pouvoir devrait, à cette éventuelle séance, essayer à nouveau de l’amender et tailler une place à l’UFC. Et il faudra compter avec l’opposition farouche de Mme Isabelle Ameganvi et du Groupe parlementaire UFC et redouter plusieurs séances de discussions ou plutôt de disputes entre la majorité et l’opposition parlementaire, des blocages…
Après l’éventuelle validation de la liste, il faudra aux nouveaux membres prêter serment devant la Cour constitutionnelle et acter leur entrée en fonction. Ici aussi, la fixation de la date dépendra des humeurs d’Aboudou Assouma. Et ce n’est pas gagné d’avance. C’est depuis le 23 septembre dernier que le Comité de suivi de la mise en œuvre de la feuille de route de la CEDEAO a tenu sa seconde réunion et ordonné la recomposition équitable de la CENI, la définition d’un nouveau chronogramme, etc. Mais quinze (15) jours après, on attend toujours l’effectivité de ces mesures. Pour un scrutin que le pouvoir tient absolument à tenir le 20 décembre prochain et pour lequel il ne devrait pas perdre une seule minute, c’est assez cocasse comme rythme imprimé.
Cette attente aura simplement l’effet de retarder la prise de service des délégués de la C14 au sein de la CENI. C’est le régime qui a beaucoup à perdre de leur entrée en fonction. Leur présence est importante pour évaluer les actions entreprises unilatéralement jusque-là par le biais de Kodjona Kadanga et reprendre le processus au complet de façon consensuelle. Et pendant tout ce temps que l’on va perdre autour de cette question de l’UFC à la CENI, le régime va continuer les préparatifs de la même façon, unilatéralement. Le recensement électoral lancé de façon solitaire arrive à son terme dans la zone 1. Selon le chronogramme élaboré, s’en suivra le traitement des données avant le lancement de l’opération dans la seconde zone du 17 au 24 octobre prochain concernant les régions du nord du pays. En attendant donc que cette polémique inutile ne soit réglée, le pouvoir foncerait davantage dans les préparatifs.
Tino Kossi
Source : Liberté
27Avril.com