Les fils et filles de la préfecture de l’Ogou et plus particulièrement d’Atakpamé, soutenues par des chefs traditionnels et spirituels, viennent de saisir par courrier en date du 21 juillet 2017, le préfet de la ville de ladite préfecture pour lui faire part de leur refus de célébrer avec faste et en apothéose la fête traditionnelle des ignames, communément appelée « Odon-Itsu ».
« Les insultes à l’égard du chef spirituel des Ifè, Sa Magesté IBA et leurs conséquences sur la célébration de la fête de Odon-Itsu, édition 2017 à Atakpamé ». Ainsi libellé l’objet du courrier envoyé au préfet de l’Ogou Edoh Akpako par les populations et les dignitaires de « la ville aux 7 collines ». Ces derniers, après avoir dénoncé le comportement et l’attitude des autorités togolaises qui ont conduit à la décoration du major KOULOUM N’ma Bilizim et le montage grotesque et honteux de certains individus de la localité qui n’avaient pour seul objectif que d’avilir le chef spirituel IBA, les signataires de ce courrier indiquent : « Monsieur le Préfet, nous signataires de cette présente lettre, considérons que citation comme un sacrilège, une insulte grave à la personne de Sa Majesté IBA et l’institution spirituelle qu’il incarne et cela appelle à une réparation…… » Plus loin martèle la lettre : « Monsieur le préfet, cette déclaration du 22 juin 2017 réduisant Notre Majesté IBA à un simple chef spirituel d’un petit couvent qui ne représente que sa cour montrent que les auteurs ne connaissent pas l’importance et la valeur de notre fête et ont profané du coup les esprits de l’eau « Omidoudou », des terres et des collines « Les 7 collines d’Atakpamé », de l’air, du feu, de nos ancêtres et de tous les fétiches de la préfecture de l’Ogou, et cela appelle à des réparations. »
Pour les populations de la préfecture de l’Ogou, sans des rituels dignes de ce nom et des réparations idoines, point n’est besoin que la fête traditionnelle « Odon-Itsu » soit célébrée en apothéose comme c’est le cas les années antérieures. «Monsieur le préfet, compte tenu de cette situation, il n’est pas possible de célébrer notre fête traditionnelle Odon-Itsu dans sa forme habituelle qui est couronnée par une apothéose au terrain municipal d’Atakpamé », indique le courrier. Cette nouvelle crise ainsi créée, qui provient de la décoration du major KOULOUM N’ma Bilizim et de son acolyte Messan ADANI alias « Commandant » par le chef de l’Etat Faure GNASSINGBE, prend des proportions très inquiétantes et met en mal le soi disant processus de réconciliation des fils et filles togolais, initié par le Haut Commissariat à la Réconciliation et à la Recherche de l’Unité Nationale (HCRUNN). Les signataires de la lettre au préfet de l’Ogou soutiennent que des rituels sont nécessaires. « Par conséquent, une cérémonie d’offrande des prémices de l’igname aux divinités, sera organisée au niveau du chef spirituel IBA à Atakpamé. La date et l’heure vous seront communiquées ultérieurement », indique la lettre.
Est-ce un acharnement contre le major KOULOUM ?
Pour rappel, le rapport de la Mission d’établissement des faits chargée de faire la lumière sur les violences et les allégations de violations des droits de l’homme survenues au Togo avant, pendant et après l’élection présidentielle du 24 avril 2005, rapport rendu public le 29 août 2005 révélait pour ce qui concerne le major KOULOUM N’ma BILIZIM ce qui suit : « La plupart des témoins ont désigné le major KOULOUM, comme l’auteur et le meneur des tueries commises dans la préfecture de l’Ogou. Il aurait aussi formé et armé les milices. Les informations recoupées par la Mission indiquent qu’à la suite de la destruction de son hôtel et de sa radio, le major KOULOUM aurait mené des représailles se traduisant notamment par une violence aveugle et extrême contre les responsables, les partisans de l’opposition ainsi que d’autres personnes…De nombreux témoins ont souligné également que dans la nuit du 24 au 25 avril 2005, le major KOULOUM aurait abattu six (6) jeunes qui continuaient à détruire ses biens. Par ailleurs, il aurait orchestré toutes les opérations de riposte en réaction aux violences perpétrées par des militants et des sympathisants de l’opposition ainsi que la venue des renforts venant apporter un appui pour réprimer les militants de l’opposition ».
L’on comprend aisément à la lecture de ces passages de la Mission de l’ONU, la frustration des populations de la préfecture de l’Ogou touchée par une barbarie aveugle. Et c’est ce major qui malheureusement reçoit une décoration de la part du chef de l’Etat. L’on peut se demander. Sur quel critère, le chef de l’Etat s’est-il appuyé pour décorer un tel individu qui a fait autant de tort à toute une région cherchant à se faire justice ? Ironie du sort, il est encore à l’origine des querelles qui divisent encore les fils et filles de la même localité et tout ceci se fait au cours d’une période que l’on qualifie de « processus de réconciliation » Drôle de réconciliation.
Source : Idelphonse Akpaki, La Gazette du Togo
27Avril.com