Le week-end dernier était particulier dans la préfecture de l’Avé. La localité a célébré dans l’allégresse « Avézan », la fête traditionnelle. Cependant, ce moment de communion n’est pas partagé par tout le monde. Ando, un canton de l’Avé s’estime exclu des projets de développement et assiste impuissant à l’exode de plus en plus massif de sa jeunesse.
C’est le canton de Badja qui a eu l’honneur d’accueillir l’édition de cette année. Avézan est organisée de façon rotative entre les villages ou cantons qui composent la préfecture de l’Avé. Pour l’occasion, le comité d’organisation s’est attelé à marquer d’un sceau particulier la manifestation. On peut retenir, entre autres passages et intermèdes, celui très remarqué des Asanfo. Mais loin des retrouvailles et de l’ambiance festive, le village d’Ando ne jouit pas d’infrastructures de base qui puissent lui permettre d’amorcer son développement à l’instar des autres cantons. En tout cas, c’est le sentiment qui anime ses habitants. Ils se disent déçus des nombreuses promesses de développement de leur milieu et qui ne sont jamais réalisées. Et ils le font savoir à l’autorité locale.
« Monsieur le Préfet de l’Avé, vous n’êtes pas sans savoir que le canton d’Ando est l’un des cantons les plus peuplés et des plus vastes de votre préfecture dont le chef-lieu Andopemé n’a bénéficié d’aucune infrastructure de l’État depuis son érection en canton en 2010. Ando ne dispose d’aucune infrastructure pouvant aider à amorcer son développement », adressent-ils à l’autorité administrative. En effet, selon la population, le canton ne dispose pas d’écoles primaires et secondaires. A cela, mentionne-t-elle, s’ajoute le manque de « case de santé et d’unité de soins périphériques ». Et c’est au regard de tout cela qu’Ando s’estime même oublié de la cartographie du Togo puisqu’il ne bénéficie pas des projets de développement, notamment en infrastructures comme certains cantons de l’Avé.
La précarité qui règne dans ce canton est imputable en partie aussi aux hommes politiques avec leurs promesses démagogiques. Pour les natifs d’Ando, les politiques surfent sur la pauvreté du milieu en promettant beaucoup de choses, mais qui ne sont jamais réalisées. « Toutes les promesses faites par les responsables socio-politiques de notre préfecture sont restées des paroles de séduction. La dernière qui est celle du projet d’électrification de certains villages de la préfecture dont Ando selon vos promesses, frise l’injure à l’intelligence de nos populations », déplore la population. Des promesses qui avec le temps, font grossir les désillusions et poussent les jeunes à migrer vers d’autres horizons qui leur semblent prometteurs.
En effet la jeunesse désemparée se laisse gagner par l’exode. Les jeunes quittent le village pour le Ghana voisin. Cette situation en rajoute à la frustration des habitants qui assistent impuissants à l’émigration de la couche en âge de travailler. Cette couche active de la population se fait voler par le voisin ghanéen et Ando se meurt petit à petit, faute d’infrastructures et de véritables projets de développement. Il y a donc urgence à voler au secours de ce canton visiblement « entièrement à part » de la préfecture de l’Avé avant qu’il ne soit trop tard.
Il faut aussi relever que cette situation que vit Ando est illustrative d’un malaise profond qui se nourrit de l’indifférence des autorités locales. Un tel délaissement de ce canton ne peut durer, et c’est ce qui a motivé les habitants à saisir leur interlocuteur le plus immédiat. « Nous appelons votre sens du devoir à œuvrer le plus rapidement possible, au rétablissement de l’équilibre infrastructurel entre Ando et les autres chefs-lieux de canton de la préfecture ». Toutefois, ils rappellent qu’ils ne sont pas uniquement guidés par le souci de modernisation de leur chef-lieu, mais aussi de le doter d’ « infrastructures de base pour permettre à ses huit cent habitants et aux populations des villages environnants de se sentir chez eux».
Source : L’Alternative
27Avril.com