Pour avoir licencié un de ses cadres, Ecobank Togo risque gros. Dans
ce premier numéro d’articles consacrés aux licenciements érigés en règle
depuis l’arrivée de Mamady Diakité à la tête de cette institution
bancaire il y a quatre ans, nous allons nous intéresser au cas de
l’ex-chef de Division des Opérations, licencié pour une affaire à peine
compréhensible et qui est pendante devant la justice togolaise.
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C’est une affaire qui remonte à juillet 2018. Eugène Codjo Tamakloé,
alors chef Division des Opérations à Ecobank Togo, revenait de son congé
de travail. Poste qu’il n’occupera plus jamais, puisqu’à partir de
cette date, sa hiérarchie lui a simplement notifié par mail, sa
nomination au poste d’Agent du Contrôle des Opérations. Une vraie
dégringolade pour celui qui avait déjà occupé ce poste depuis son
arrivée dans la boîte en 1991 jusqu’à sa nomination au poste de chef
Division des Opérations en 2016. La cause ?
Selon nos informations, le chef d’une des Agences d’Ecobank Togo se
serait volatilisé avec une importante somme d’argent alors qu’il était
parti en congé. Une situation que la direction impute au chef Division
des Opérations dont dépendent les Agences de la banque. Une accusation
assez surprenante dans la mesure où ce dernier était parti en congé au
moment des faits qui sont restés d’ailleurs sans suite à ce jour. Qui
avait assuré l’intérim du chef Division des Opérations au moment où
celui-ci était en congé ? Si les malversations financières dont on
accuse le chef d’Agence qui aurait disparu sont fondées, alors ce serait
par les négligences de l’intérimaire.
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Le caractère abusif du licenciement
Ce changement de poste n’était pas du goût du sieur Tamakloé qui,
d’après des témoins rencontrés à Ecobank Togo, se serait plongé dans un
état de dépression qui l’aurait obligé à être hospitalisé avec des repos
médicaux jusqu’en décembre 2018. Un nouveau poste que le concerné n’a
jamais accepté jusqu’à ce jour. En effet, la nomination à ce nouveau
poste constitue une modification substantielle du contrat de travail qui
liait les deux parties au regard de l’article 75 du Code du Travail
qui dispose que « toute modification de caractère individuel
apportée à l’un des éléments du contrat du travail, doit au préalable,
faire l’objet d’une notification écrite à l’autre partie. Lorsque la
modification est substantielle et qu’elle est refusée, la rupture du
contrat est imputable à la partie qui en a pris l’initiative ».
Une disposition légale renforcée par la Convention Collective des
Banques, des Etablissements Financiers et des Assurances du Togo qui
dispose en son article 21 que « toute modification
substantielle de caractère individuel apportée à l’un des éléments du
contrat du travail notamment portant sur la rémunération, le lieu de
travail, le contenu de poste, doit au préalable faire l’objet d’une
notification écrite au travailleur. Lorsque la modification doit
entraîner pour celui-ci une diminution des avantages dont il bénéficie
et qu’elle n’est pas acceptée, elle équivaut à un licenciement abusif du
fait de l’employeur ».
Fort de toutes ces dispositions juridiques, Eugène Tamakloé a tout
simplement refusé son nouveau qui le rétrograde 25 ans en arrière et qui
le prive substantiellement de plusieurs avantages dus à son rang de
chef Division des Opérations.
Bras de fer judiciaire et diplomatie de couloir
A l’heure actuelle, une procédure judiciaire est même engagée contre
Ecobank Togo représentée par son directeur général, Mamady Diakité. Les
dommages et intérêts à verser à l’ancien chef Division des Opérations
pourraient être à plusieurs milliards de FCFA, laissant dire que la
banque risque presque son capital social qui est de 10 milliards de
FCFA.
Contacté par notre rédaction, le successeur de Binta Touré Ndoye préfère laisser « la justice faire son travail ». « J’espère
que vous travaillez sur la base de documents authentiques et que vous
n’allez pas tomber dans le mensonge. Moi, je ne suis pas juriste ; je
préfère laisser la justice faire son travail », nous a-t-il répondu au téléphone.
Une conciliation a été proposée aux parties en conflit par la justice
mais peine perdue! Le directeur général d’Ecobank se défend d’avoir
licencié le sieur Tamakloé estimant qu’il ne lui a jamais adressé de
courrier de licenciement. Or, au regard des articles 75 du Code du
travail et 21 de la Convention Collective des Banques, des
Etablissements Financiers et des Assurances du Togo susmentionnés, il
s’agit bel et bien d’un licenciement à caractère abusif, M. Tamakloé ayant refusé le changement du contenu de son poste initié par son directeur général.
Eugène Tamakloé a-t-il été oui ou non chef Division des Opérations d’Ecobank Togo ? Quels sont les documents qui l’attestent ? Après le déclenchement de la procédure judiciaire, pourquoi la direction générale d’Ecobank a-t-elle adressé un courrier à M. Tamakloé lui demandant de reprendre son poste de chef Division des Opérations? Quelle a été la réaction de la direction générale d’Ecobank Togo envers le sieur Tamakloé traduisant de facto la reconnaissance du caractère abusif de son licenciement ? Quid de la diplomatie de couloir pour un règlement à l’amiable ? Combien de licenciements y a-t-il eu depuis que l’ancien directeur général de Banque Atlantique Bénin a pris les commandes d’Ecobank Togo ? Mamady Diakité dont le mandat arrive à terme, joue-t-il la montre? Nous y reviendrons.
Source: courrierdafrique.net
Source : Togoweb.net