Togo : C13, « Recomposition », « Grand Mouvement Citoyen de Libération National », le Faux Débat.

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Togo : C13, « Recomposition », « Grand Mouvement Citoyen de Libération National », le Faux Débat.

A mis chemin d’une lutte de libération, la surprise venue de la CEDEAO pousse le Togolais en lutte pour sa libération à un arrêt pour évaluer le chemin parcouru: qu’est-ce qui aurait pu se faire? Qu’est-ce qui a encouragé le regroupement communautaire dans sa dérive? Comment relancer la machine ? Comme ils savent bien le faire, les Togolais sont prêts à se jeter la responsabilité. Nous croyons que ce n’est pas le moment de responsabiliser qui que ce soit. Il faut en situations pareilles tabler sur les acquis de la lutte et comment les capitaliser pour renforcer le combat plutôt que de situer les torts à un moment où le chemin est encore devant. Ainsi, que ce soit dans l’opinion ou au sein de la coalition elle-même, les uns et les autres ne tarissent pas de stratagèmes. C’est alors que d’un côté, de nos indiscrétions, il se susurre dans la coalition qu’il faille demander des comptes à certains responsables pour avoir, dit-on, « vendu la lutte »; de l’autre côté, il se propose une recomposition de l’organe dirigeante du regroupement politique. Tout ceci sur fond d’une refondation de la coalition en «Grand mouvement citoyen de libération national ». Plus loin dans l’opinion, on parle d’adhésion des organisations de la société civile à la coalition.

Pour commencer par la fin, nous voudrions, de notre modeste point de vue, suggérer aux devanciers de la cause des Togolais d’éviter dans leurs démarches politiques des comportements qui peuvent nous ridiculiser de l’extérieure. A mis chemin d’une lutte, quelque soient leurs limites, vouloir remplacer des forces politiques coalisées par un mouvement citoyen peut amener des analystes avisés à se demander « quels sont ces partis politiques qui se confondent, voire se font avaler par des mouvements de la société civile ? ». Il est vrai, depuis un temps, la société civile au Togo se réveille. Elle n’est plus un instrument d’appui à la monarchie comme on l’a connue avant le vent du 19 août. Que ce soit le front citoyen Togo debout, Nubueké, CODITOGO, les différents mouvements confessionnels……, chaque organisation joue pleinement sa partition avec les moyens de bords sur un terrain d’ailleurs hostile. Avant le Togo, la société civile a joué un rôle au Burkina. Sauf qu’au Burkina, Blaise Compaoré n’a pas pu avaler sa société civile comme Faure l’a réussi entre-temps au Togo. Au Burkina, la société civile n’était pas une affaire de quelques agités derrière les réseaux sociaux. C’était une organisation méthodique et appuyée même de l’extérieur par les puissances aussi bien moralement que financièrement. Elle était portée par des artistes et autres leaders d’opinions qui avaient la voix, qui avaient déjà un monde derrière eux, qui étaient écoutés pour avoir su s’imposer à l’opinion au moment où tout était calme. La société civile au Burkina n’est pas née parce qu’une quelconque formations politiques aient lancé l’offensive contre Compaoré. C’est plutôt la société civile qui a préparé le terrain pour lancer la contestation qui a fini par renverser la dictature. C’est d’ailleurs pour cette raison que quand le dictateur en difficulté était obligé de dialoguer à la dernière minute, il n’avait que la société civile comme interlocuteur. C’était beau, ce rôle devant une Nation, mais ils ont dû se réveiller tôt. Ici, grâce au mouvement du 19 août, c’est d’abord les partis politiques qui ont pris conscience de leur devoir et se sont mis en coalition pour organiser la lutte de libération sur la base des revendications portées par les Togolais depuis cette date fétiche. Les Togolais qui se sont mis debout sont encore restés debout derrière ces revendications qui ne sont pas encore atteintes. Le peuple court encore derrière ces revendications, avec l’avantage que chaque jour se lève avec la contestation qui reçoit un appui de taille. C’est ici qu’il faut tirer un coup de chapeaux aux instances religieuses de toute obédience qui ne cachent plus leur soutien à la cause de la vérité et du bien-être de tous les Togolais. Avec le camouflet et le désaveu total réservé à la monarchie par les Togolais le 20 décembre dernier, jour du referendum le plus boycotté de l’histoire du Togo, avec l’appui ouvert des organisations religieuses, même si des coquilles vides, comme l’Union musulmane du Togo, sont encore bien assises autour de la table avec le diable, le Togolais est désormais conscient de son devoir de libération. Donc du fait que rien ne sera plus comme avant. Devant donc le jeu trouble de la CEDEAO et du régime, la situation se complique et la coalition fait un appel de pied, en renfort, aux couches de la société civile qui hésitaient à s’engager. Quoi de plus noble ?

Il est vrai, les réseaux sociaux ont donné la parole à tout le monde, chacun derrière son smartphone peut se révéler les talents de grand journaliste, de grand analyste. Les consultants politiques même on en dénombre. Et parfois, à tort ou à raison, on considère la coalition comme une racaille où il faille remplacer X ou Y à chaque bout de champ. On finira par laisser les réseaux sociaux prendre les décisions politiques.

N’y a-t-il pas risque de procéder ainsi ?

Il est vrai, des propositions pertinentes peuvent venir des claviers de réseaux sociaux et cela aussi contribue car, comme tout regroupement, la coalition a ses hauts et ses bas. Elle n’est donc pas parfaite. Mais de tous les regroupements politiques qui se sont succédé depuis les années 90, la C14 a le mérite d’avoir tenue dans le temps. Cela est possible non pas parce que tout est parfait à l’intérieur mais parce que des gens ont accepté et acceptent encore le sacrifice.

Aussi, depuis que la CEDEAO s’est laissée apprivoisée par la dictature cinquantenaire du Togo, la cible à abattre sur le terrain politique togolais est la C14. Monsieur Faure Gnassingbé sait qu’aussi longtemps que ce regroupement reste debout, si bancal soit-il, le calumet de la résistance restera allumé. Comme elle l’a donc fait à la naissance de cette coalition, la dictature ne fera économie d’aucune énergie pour pousser le regroupement à se disloquer. Les gens pour jouer ce rôle ne manqueront pas aussi bien de la coalition que de l’extérieur et surtout sur les réseaux sociaux.

De grâce, la société civile n’arrive pas pour remplacer les partis politiques regroupés au sein de la coalition qui est un regroupement de circonstance. Si on commet cette erreur politique, ça veut dire qu’on aurait d’ailleurs donné un argument à certaines formations politiques de fuir leur responsabilité. Chaque formation politique doit se sentir désormais plus engagée et concernée que jamais par le devoir de mettre sa base debout.

Les élus du peuple issus de l’opposition qui ont été remplacés, avec les armes par les actuels députés nommés sans pudeur, ont subi un affront. Ils doivent le laver dans la sueur en faisant prendre conscience à leurs mandants du sort qui leur est réservé.

Le boycott du 20 décembre 2019 a pu démontrer aux yeux du monde que l’actuel parlement, si on peut ainsi l’appeler, est une nomination entre copains et coquins. Il appartient aux députés sortant de démontrer qu’ils ont une base électorale qu’ils peuvent mettre debout, contrairement aux députés qui viennent d’être nommés par les armes.

Amener la société civile à collaborer avec le politique dans une grande synergie, d’accord, mais ce n’est pas une fuite de responsabilité où les politiques en panne de mobilisation vont se cacher derrière un « mouvement national citoyen » pour se dédouaner de leur devoir de mobilisation. D’où chacun doit jouer au fond sa partition : leader d’opinion, leader politique, responsable religieux, organisation de la société civile, il faut éviter de se cacher derrière l’amalgame entretenu par des dénominations. Il vous souvient que du haut de sa mal-gestion, quand le RPT-UNIR met une société d’Etat en faillite, il le fait changer de dénomination au lieu de combattre le mal à la racine. C’est ainsi qu’ils se font bonne conscience au lieu de changer de gestion pour éviter la récidive. Evitons de les ressembler.

De notre humble avis, on ne peut pas à l’heure actuelle tout jeter sur la tête de la coalition. Elle n’est pas née pour revendiquer une quelconque élection législative. C’est la monarchie et sa CEDEAO qui ont déplacé le débat vers leurs élections. C’est en cela qu’il faut saluer le fait que, malgré l’insistance de certains, la coalition ait tout récemment refusé de saisir quelque cour constitutionnelle que ce soit afin d’un quelconque recours pour quelques élections que ce soit. Quand on n’a pour totem le chien, on ne se plaint pas du fait qu’il ait été mal cuit.

A moins qu’ils soient en mission pour une révolution du palais afin de volatiliser la coalition, au temps chauds où étaient ceux qui accusent présentement certains leaders d’avoir trahi la lutte ? Une lutte de libération ne se trahit pas en un jour comme on vendrait un coq en quelques minutes dans un coin du marché. La trahison dans une lutte politique, c’est un ensemble de comportements qui se construisent de jour le jour et qui aboutit à un résultat. Si un ou deux individus, soient-il des devanciers, ont pu trahir une lutte dans un regroupement à 14 où on traite d’égal à égal, c’est qu’ils ont eu des appuis et complicités. Donc frères de la coalition, arrêtez d’amuser la galerie et pensez à comment achever la lutte. Les traitres, tout le monde les voient, ils existent, mais laissons l’histoire s’occuper d’eux, aucun traitre n’échappe à l’histoire. Il y a eu des moments dans la coalition où il fallait prendre des décisions salutaires, ou refuser des offres risquées. L’évidence crevait les yeux et on n’était pas obligé de sortir des universités politiques pour savoir politiquement ce qui arrange ou n’arrange pas les Togolais. Mais un ou deux formations politiques se sont braquées derrière des positions incohérentes. La grande surprise, c’est que presque tout le monde s’aligne derrière elles comme des moutons de panurge. Ainsi, la majorité incohérente laisse une ou deux formations politiques isolées derrière leur position qui pourtant s’avère la vraie. Et des situations de ce genre, où ceux qui défendaient la bonne cause étaient obligés d’avaler les couleuvres, se sont répétées. Aujourd’hui, ces mêmes individus, qui par leur silence ou leurs alignements automatiques incohérents derrière des positions indéfendables voir suspects, ont été complices, veulent jouer les saints en criant au sorcier dans la maison, de grâce. S’il y a des gens qui, de par leurs convictions politiques, se sentent mal à l’aise à la coalition, ils sont libres de partir. Le MCD de Me Tchassona vient de quitter le regroupement, c’est un choix. La solution n’est pas derrière le remplacement de quelqu’un ou quelqu’une à la tête de la coalition. La solution c’est de se dire la vérité quand on discute des sujets politiques de sortie de crise. Eviter de suivre des individus ou parce qu’on est proche de X ou de Y, ou parce que, étant donné que la proposition, si pertinente soit-elle, vient de telle, je dois prendre le contre-pied, où encore, suivre des gens parce qu’on vient de la même zone. Défendez ou combattez les idées parce qu’elles sont bonnes ou mauvaises. Mais sachez que le peuple vous observe désormais. Pour le 12 prochain, la coalition appuyée par la société civile, doit travailler à mettre tout le pays debout au lieu de se perdre à déplacer le débat. Mieux, les honorables députés de l’opposition qui viennent d’être remplacés par les députés nommés par Faure Gnassingbé et ses officiers supérieurs, armes à lunettes à l’épaule, doivent en toute logique, chacun, retourné être devant la marche de ce 12 janvier devant la population qui a fait de lui un député. C’est de cette façon qu’ils peuvent démontrer qu’ils sont différents des députés nommés par des arrangements politiques d’une monarchie en fin de règne.

Abi-Alfa

Source : Le Rendez-Vous No.336 du 08 janvier 2019

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