C’est une préoccupation quotidienne des usagers des routes et des riverains qui ne cessent de dénoncer le système de balayage des rues de la capitale. Encombrement des rues à des heures de pointe, balayage en plein jour, poussière sur les passants et les vendeuses aux abords des rues, voilà le triste spectacle qu’offrent les personnes souvent affectées au balayage des rues par les sociétés qui les emploient.
Dans tous les pays au moment, la mise au propre des rues se fait tard dans la nuit lorsque les voies sont libérées par les usagers. Mais au Togo, un pays atypique, c’est en plein jour que cette tâche s’accomplit, le plus souvent au risque des employés. Face à ce désordre organisé qui, au bout du compte, ne participe en rien à nettoyer la ville de Lomé récemment désignée comme l’une des capitales les plus sales de la région, il est plus que nécessaire de s’inviter dans les méandres de ce réseau pour déceler les magouilles qui s’y déroulent.
Trois entités publiques se chargent de la propreté du Grand Lomé, c’est-à-dire la commune et ses environs, avec des sommes astronomiques pour un travail généralement mal fait. La Mairie de Lomé, avec un budget de presque 6 milliards de FCFA, la Délégation spéciale de la préfecture du Golfe, avec un budget de 5 milliards de FCFA et enfin l’ANASAP, avec une dotation de plus de 6 milliards de FCFA par an, sont les trois structures chargées de maintenir les rues de la capitale propres. De ces trois structures, les projecteurs seront dans un premier temps braqué sur la mairie de Lomé. En l’absence d’élections locales depuis 30 ans, ce sont les présidents de Délégations spéciales qui occupent les mairies du Togo, et ceci, en violation de la loi. Cela fait donc plusieurs années que le Contre-Amiral Fogan Adegnon est aux commandes de la ville de Lomé, tout comme un officier supérieur qui a déjà bouclé plus de 8 ans à la DST (Direction des Services techniques), avec tout le corolaire de favoritisme, de corruption, de népotisme etc.
Chaque année, la mairie de Lomé lance un appel d’offres ouvert pour attribuer des lots pour le balayage des rues de la capitale. Ce processus qui semble à vue d’œil correcte, est un vaste réseau de détournement d’argent public avec des entreprises qui sont en réalité des sociétés écrans. La preuve, dans l’appel d’offres ouvert ( AAOO) N° 46/ML/DST/2015 dont la Rédaction s’est procuré copie, il est clairement dit dans les exigences en matière de qualification ce qui suit : Disposer de ressources humaines et matérielles essentielles pour l’entretien de la plage, de la place de l’indépendance et de balayage des voies bitumées et pavées de la ville ( balayeuses mécaniques en bon état de fonctionnement, une camionnette ou un camion en bon état de fonctionnement, brouettes, balais …) ; disposer de liquidités ou d’une ligne de crédit d’un montant égal au moins à 0,5 fois l’offre financière du soumissionnaire ; avoir réalisé durant les trois (03) dernières années un chiffre d’affaires au moins égal à 0,5 fois l’offre financière du soumissionnaire ; fournir les pièces administratives citées dans les DPAO.
Mais les premiers responsables de la mairie passe outre le premier critère d’éligibilité pour accorder des marchés à des entreprises qui ne disposent pas de moyens matériels, notamment les camions balayeurs et autres. De plus, ce sont les mêmes entreprises qui décrochent toujours les mêmes marchés avec des rues qui sont à peine entretenues. Nous publions en fac-similé les offres notifiées le 5 avril 2016, pour permettre à l’opinion d’avoir une idée des tronçons attribués, les montants et à chacun de se faire une idée des combines qui se déroulent.
Le refus des élections locales depuis des années fait l’affaire des présidents des délégations spéciales et des réseaux qui se sucrent sur le dos des populations. Un autre dossier sur la Délégation spéciale de la préfecture du Golfe, avec son réseau de balayage, les propriétaires des entreprises qui décrochent les marchés, situera davantage l’opinion sur l’urgence de l’organisation des élections locales.
Source : L’Alternative No.617 du 02 juin 2017
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