« La crise du Covid-19 aurait pu donner un coup d’arrêt brutal aux progrès enregistrés au cours de la décennie écoulée dans le quotidien des Togolais, brisant ainsi la trajectoire de croissance du pays. La stratégie de riposte proactive développée sous l’impulsion du président Faure Essozimna Gnassingbé a permis au contraire de faire de cette crise un accélérateur de changement ». Voilà les premières lignes de la tribune signée dans Jeune Afrique par Sandra Ablamba Johnson, ministre et Secrétaire Générale de la Présidence de la République togolaise le 23 février dernier. Celle pour qui « tout a été mis en œuvre pour garantir la santé de nos concitoyens et la résilience de l’économie, permettant au Togo de s’imposer comme un des leaders de la vaccination à l’échelle régionale », en est arrivée à la conclusion (après avoir montré par le menu, et chiffres à l’appui, comment l’exécutif dont elle fait partie a géré la pandémie) que « la crise sanitaire a réhabilité le rôle protecteur de l’État et servi de levier à des politiques sociales plus efficaces et inclusives ».
Difficile de ne pas tomber sous le charme de Sandra Ablamba Johnson, on en boit presque les paroles quand elle parle, ou plutôt quand elle prend sa plume. Une plume à l’accent pourtant trop laudateur pour faire tomber dans le panneau tout esprit épris de discernement comme celui des Togolais qui ont été les premiers à essuyer les plâtres de cette crise hors du commun. « Dès mars 2020, la République togolaise s’est dotée d’un ensemble de mesures et d’outils destinés à contenir la propagation du virus, à assurer la santé et la sécurité de la population, et à créer les conditions de confiance indispensables à la poursuite d’une activité économique soutenue », dixit Sandra Ablamba Johnson à qui on peut demander quel acquis palpable l’on peut citer en exemple après une période aussi éprouvante pour le système sanitaire togolais. Pas un seul scanner. Le seul acquis a été de voir les soignants se faire aujourd’hui soigner à même le sol au Centre hospitalier universitaire Sylvanus Olympio (CHU-SO).
On se doutait qu’on nous brandirait comme un tableau de chasse le très éphémère et discriminatoire programme Novissi qui, loin d’avoir couvert les populations togolaises dans leur ensemble, a fait plus de déçus qu’il n’a sauvé de ménages. Doit-on rappeler à la ministre que Novissi, ce n’est pas les Restos du cœur ? On peut dire ce qu’on veut de nos dirigeants, mais pas qu’ils manquent de constance. Constance dans le déni, constance dans la simulation, constance dans la propagande, constance dans l’affabulation. Ce que Sandra Ablamba Johnson a délibérément passé sous silence dans sa tribune-éloge, c’est l’aggravation de la paupérisation des Togolais dont certains (elle a encore feint de l’ignorer) sont passé de vie à trépas en raison du liberticide couvre-feu imposé un temps aux citoyens qui n’ont pas les mêmes sources de revenu que ceux situés en haut de l’affiche. La ministre peut se dire « fière en tant que Togolaise, que notre pays ait su faire preuve de résilience durant ces temps difficiles, grâce à la stratégie de riposte proactive », la majorité des Togolais n’en pensent pas moins.
Source : Le Correcteur / lecorrecteur.info
Source : 27Avril.com