Dans une récente lettre adressée au Bureau exécutif de l’Alliance nationale de Changement (Anc), la Fédération internationale en Europe dudit parti remet en cause la position actuelle de leur famille politique. Laquelle se distance, au fil des jours, de la ligne ‘‘Ablodé’’ tracée par les pères fondateurs. Une situation qui lève un coin de voile sur la mauvaise passe que traverse le parti de Jean-Pierre Fabre depuis la dernière présidentielle de février 2020.
Le calice jusqu’à la lie pour l’ANC
Après sa perte du terrain, découlant de son score microscopique de 4% engrangés lors de la présidentielle du 22 février dernier, l’Alliance nationale pour le changement (Anc) continue sa mauvaise passe. Déjà au cœur des critiques des plus acerbes depuis lors, le parti de Jean-Pierre Fabre s’est plus mis en difficulté dans ses tentatives bien souvent maladroites de s’expliquer, en s’attaquant aux autres partis de l’opposition qu’il voit souvent de haut. À sa suprématie obsessive, s’ajoutent les conséquences collatérales du projet WACA dont la gestion, comme nous l’avons relevé dans l’un de nos récents numéros, se révèle une véritable patate chaude dans les mains du parti orange.
L’on en était à juger de l’éventualité ou non des préjugés de l’opinion sur la plausible nouvelle étiquette du parti de Fo Pi -abréviation affectueuse de Jean Pierre Fabre- par ses proches qui passerait désormais allié du pouvoir de Lomé quand, comme cerises sur le gâteau, la nouvelle couche viendra de l’intérieur de la maison orange.
Dans une lettre adressée aux dirigeants du parti, la troisième du genre, indiquent-ils, les militants de l’ANC dans la diaspora sont revenus sur les «anormalités» constatées dans les positions du parti depuis la présidentielle du 22 février dernier.
Incompréhensions et désaccords
« Si nous pouvons comprendre qu’un candidat de l’opposition soit sorti en tête de cette présidentielle, nous restons perplexes par rapport à notre communiqué affirmant que… les premières tendances électorales placent en tête les candidats du MPDD et d’UNIR», se sont indignés ces derniers qui, plus loin, se disent choqués de passer derrière un régime pourtant oppresseur et d’ailleurs massivement décrié trois ans plutôt par le peuple togolais.
Dans leur lettre, ces différentes fédérations de l’Anc dans la diaspora n’ont pas non plus apprécié la participation du parti orange aux discussions initiées par le pouvoir à travers la mise en place du Cadre de concertation nationale entre acteurs politiques (CNAP) et ensuite, son engagement à participer désormais à toutes les élections en vue dans le pays. «Au nom de quelle confiance?», s’interrogent-elles, critiquant ainsi les résolutions et recommandations faites au cours du dernier conseil national du parti.
« Nous sommes surpris qu’après l’épisode 2017-2018, l’ANC puisse encore accorder la moindre crédibilité au régime RPT/Unir au point de vouloir engager des discussions avec ce dernier. Combien de discussions, dialogues et autres concertations nous faut-il avant de comprendre une fois pour de bon, que nous faisons face à une dictature qui ne s’en ira que sous la pression d’une mobilisation massive des citoyens ?», se demandent les fédérations internationales. Et de poursuivre :«Nous pensons que dans les conditions actuelles de démobilisation et d’atomisation de l’opposition, toute discussion avec le régime doit être proscrites».
En définitive, ces contestataires légitimes et internes au parti exigent de Jean-Pierre Fabre et ses proches collaborateurs, la redéfinition d’une nouvelle ligne politique. Ceci, préconisent-ils, partant d’une analyse objective et sans concession de ce qu’ils appellent des «erreurs» et «dysfonctionnements» ayant conduit à «l’échec cinglant» du 22 février 2020 lors d’un congrès extraordinaire du parti qu’ils souhaitent imminent.
À l’analyse des évidences soulevées par ces fédérations contestataires de la nouvelle ligne politique de l’Anc, se dégage le constat d’un désaccord profond entre le bureau du parti et ses membres. Des désaccords mués en conflits d’intérêts et de positionnement nés, selon des indiscrétions, au cours même de son dernier et deuxième congrès ordinaire tenu en octobre 2019 qui a vu l’instance nationale renouvelée.
Détresse respiratoire
En réclamant la refondation de cette formation politique dont l’idéologie semble, selon les membres, se démarquer au fil des jours de la ligne dictée par les pères fondateurs, il va sans dire que l’Anc, même si on semble nier le fait, est en grande difficulté.
Et vu surtout que la nouvelle dissidence est portée par la diaspora qui se trouve le poumon financier du parti orange, l’on peut alors se permettre d’ironiser sur son sort quant à son avenir de plus en plus en pointillé. Et se positionner, dans un tel contexte morose et peu favorable, sur la ligne de départ pour les prochaines élections régionales sans aucune garantie venant du pouvoir sur la crédibilité du scrutin, avec les mêmes découpages et code électoral, s’avère bien subsidiaires pour Jean- Pierre Fabre et son parti, presque au bord du gouffre. Mieux, en détresse respiratoire !
Source : Fraternité
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Source : 27Avril.com