Il y a 17 mois, se déclenchait une crise sociopolitique au Togo. Une crise qui a mis à mal, les activités économiques de plusieurs concitoyens et exacerbé la précarité aux quatre coins du pays. C’est donc avec appréhension que plusieurs togolais sont entrés, mardi 1er janvier dernier, dans la nouvelle année, avec notamment cette interrogation : Que leur réserve 2019 ?
Le 19 août 2017 a débuté au Togo, de nouvelles manifestations contre le régime de Faure Gnassingbé. Assoiffés de réformes, les togolais sont descendus dans la rue non seulement pour les réclamer mais aussi crier leur ras-le-bol face à la détérioration du pouvoir d’achat et le fossé de plus en plus grand entre les plus riches et les plus pauvres. En effet, selon une enquête du Centre de recherche et de sondage d’opinions (CROP), 85% des togolais souhaitent les réformes constitutionnelles et institutionnelles. S’agissant de la situation économique et sociale, selon les conclusions d’un autre sondage réalisé par l’Institut Prospective et Sécurité en Europe (IPSE), les avis sont divisés en trois tiers entre ceux qui estiment l’évolution positive, ceux qui pensent que rien n’a changé et enfin les derniers qui assurent que les choses se sont détériorées. Les deux dernières catégories représentes environ 50% des sondés.
Ainsi donc, une grande partie de la population active n’est pas contente de la gestion des affaires de la cité par le régime actuel. Et les choses ne semblent pas s’améliorer. Si depuis quelques années déjà, la situation économique du pays est devenue préoccupante, elle s’est sensiblement dégradée avec la crise d’août 2017. Et ce, même si les autorités politiques tentent de démontrer le contraire. En effet, d’après les derniers chiffres de la Chambre du commerce et de l’industrie du Togo, au moins 70% des entreprises togolaises ont vu leurs chiffres d’affaires chutés de 25 à 50% à cause de la crise. « Quand vous n’avez pas confiance, vous ne savez ce qui va se passer demain, c’est difficile pour vous de dépenser. Vous préférez garder l’argent sur vous en pensant à demain plutôt que d’acheter des biens et services aujourd’hui. C’est ce qui peut expliquer le fait que les gens préfèrent garder l’argent sur eux – ne sachant pas trop de quoi demain sera fait », a confié l’économiste Komlanvi Ahiakpor au site dw.com.
Mais clopin-clopant, l’organisation des élections législatives du 20 décembre 2018 semble «mettre un terme à la crise », comme l’a souligné récemment un membre du parti au pouvoir. Et pour cause, selon lui, la nouvelle configuration de l’Assemblée Nationale enlève aux leaders contestataires du pouvoir de Lomé « toute légitimité pour représenter le peuple». Toutefois, il faut noter que les leaders réunis au sein de la Coalition désormais des 13 partis politiques n’est pas de cet avis. C’est dans ce mélimélo politique que les togolais ont accueilli la nouvelle année avec des questionnements plein la tête.
Que réserve 2019 ?
La nouvelle année a commencé sur la fin de l’an 2018. En effet, pendant que les nouveaux parlementaires ont pris place au sein de l’hémicycle mardi 08 janvier dernier, la C14 annonce une manifestation sous la bannière d’un mouvement citoyen le 12 janvier prochain.
Les agitations de l’opposition et une partie des Togolais ne semblent pas toucher le Président de la République qui, dans un message de vœux posté sur les réseaux sociaux, affiche une certaine sérénité. « A tous nos compatriotes au Togo et ailleurs, ainsi qu’aux amis du Togo, je souhaite une bonne et heureuse année 2019…Puissent nos efforts conjugués se poursuivre en cette nouvelle année dans la sérénité et un mieux-être de nous tous », a écrit Faure Gnassingbé. D’un autre côté, Sani Yaya, le ministre de l’Economie et des Finances tente d’être optimiste face à la situation économique. Lors d’une réunion tenue en décembre 2018, le ministre de l’économique table sur une accélération de la croissance économique pour 2019. Le rythme annuel de croissance devrait s’accélérer à 4,8% en 2018 (contre 4,4% en 2017), sous l’impulsion des performances attendues dans tous les secteurs d’activité, dans un contexte de faible inflation et de consolidation budgétaire, a indiqué M. Yaya. Il s’est félicité de l’accroissement des créances sur l’économie, porté par le dynamisme des activités des banques et des systèmes financiers décentralisés. Le taux de financement de l’économie est ressorti à 43% du PIB au 30 septembre 2018, soit toujours le plus élevé taux des pays de l’UEMOA. Les privatisations envisagées de la BTCI et de l’UTB devraient contribuer à doter le secteur bancaire de plus de capacités de financement de l’économie, a précisé le ministre.
Contrairement au gouvernement, certains togolais pensent que 2019 sera une année charnière surtout à un an des élections présidentielles. «Aujourd’hui, sans les réformes politiques, personne ne sait de quoi demain sera fait. Il y a trop d’incertitude pour prédire quoi que ce soit. Nous sommes dans une situation assez fragile et donc tout peut s’envenimer à tout moment. Ce qui fait que les gens, notamment la classe moyenne qui devrait porter la croissance économique sont réticents à investir », explique Firmin, étudiant en Economie avant d’ajouter que «pour redonner confiance à ce monde et permettre aux plus défavorisés de retrouver un brin de sourire, j’espère que cette année sera celle des belles surprises pour le peuple togolais ». « Pour ma part, j’espère que 2019 apportera au peuple togolais du répit face à la situation socioéconomique et politique. Que les hommes politiques se décident en fin à mettre un terme à leurs sempiternelles querelles pour penser réellement au bien être des Togolais», a conclu Tassivi, commerçante.
Source : Fraternité
27Avril.com