L’empire de la résistance populaire s’étend !

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L’empire de la résistance populaire s’étend !


« On ne fait rien de sérieux avec les chimères, mais que faire de grand sans elles ?» Dans Les chênes qu’on abat, Charles de GAULLE part de l’hypothèse que ceux qui abusent des peuples et qui ne croient qu’en la force croient toujours qu’ils demeurent éternellement maîtres par la violence et que rien ne résiste à leurs forfaits. Ils se trompent trop souvent sur leurs ennemis, parce qu’ils ont l’arrogance de les mépriser. De l’étincelle, peut surgir le brasier. A leur corps défendant, c’est aux peuples de l’allumer.

L’erreur de jugement sur les capacités infaillibles de ceux qui creusent dans leur réserve habite les idéologues de la violence. Aujourd’hui encore, on ne s’étonne guère du discours des usurpateurs qui, dans leurs exploits à rebours, ironisent le rebond de conscience nationale sur la rapine électorale qui vient de se dérouler à nouveau dans notre République en rebut avec l’assistance de la corrompue CEDEAO.

Aucune organisation régionale ou sous-régionale ne se taille une notoriété contre les valeurs d’éthique, de justice, de morale, de vérité. Aucune République ne retrouve la concorde nationale, la paix civile, la pente ascendante de sa construction par des faussetés criardes et la corruption endémique. C’est pourquoi le flux des frustrations densifie l’esprit civique et la flamme des exigences démocratiques reprend ses droits à la suite des « nominations législatives » pour une Assemblée fantoche au Togo.
La clairvoyance populaire échappe à l’étreinte de la force brutale ; elle fait son lit dans l’âme du peuple qui ne peut jamais renoncer à lui-même, à ses droits, à sa liberté. La terreur dont on a voulu couvrir les législatives du 20 décembre dernier a « transmuté » la dynamique sociale, la conscience civique, diagonalement sur toute l’étendue du territoire national et dans la diaspora. La perversité de la gouvernance du viol et du crime a ouvert un nouveau chapitre à l’esprit national désormais endurci dans la Résistance. La seule chose à laquelle les peuples sont incapables d’abdiquer, c’est la liberté de vivre leur propre histoire. Les repères auxquels ils adhèrent demeurent collés à leur âme qu’aucune manœuvre ne parvient à en réaliser une amputation.

En 1942, De GAULLE avait autant d’assurance à mobiliser les Français contre l’occupation. Comme la réprobation était si forte contre l’occupation, le déluge d’adhésion à la cause nationale provoqua une réplique plantureuse, incisive et osée. Quand les peuples sont bafoués, ils respectent intuitivement la foi en la patrie et l’énergie collective de défense de la cité se décuple.

Dans la situation présente, les Togolais retrouvent la symbiose de la réprobation contre la forfaiture et le banditisme électoral qu’ils n’ont d’autre choix que de se liguer avec les organes de promotion de la Résistance.

Espérance pour le Togo au confluent des Forces vives avec une vingtaine de regroupements de la société civile n’est-elle pas l’ancre de combat pour la dignité de notre peuple ?

A quoi sert une Assemblée nationale tout à fait factice dans ce pays au summum de l’arbitraire électoral ?

1) Les signes avant-coureurs d’une Résistance civile flambée

Le boycott sec, pur et dur des législatives tronquées auxquelles, partout, les populations spontanément se sont associées, est suffisamment annonciateur d’une nouvelle phase de la désobéissance civile et de la non-coopération d’un peuple avec le servage de gouvernance. Le dédain pour la médiocrité et les falsifications éhontées est au cœur de l’expression populaire.

Les peuples trahis, violés, violentés, spoliés, massacrés ne passent guère toute leur vie à pleurnicher sur leur sort. Ils ont une mémoire inextinguible qui alimente leurs choix, leurs actions, leurs décisions. Ils possèdent le don de la transcendance en puisant au fond d’eux-mêmes les ressources de leur sursaut libérateur. Il n’y a aucun moyen pour ceux qui ont longtemps souffert de s’accommoder à la douleur, aux horreurs. Ils n’ont que la décision de se remettre dans le sens de leur histoire, dans la marche inexorable vers la libération. C’est précisément ce que soulignait Camara Laye dans Dramous : « Souffrir, cela passe. Avoir souffert reste collé dans l’âme de l’homme et des peuples. »

Deux générations de Togolais sont sous l’emprise du clan Gnassingbé. Les entailles et les lacérations d’un ressort classique donnent une épaisseur insoupçonnée à la conscience collective totalement révulsée par un dédain plantureux qui ne s’étiole au fil des évènements. Le système détestable de gouvernance par la prédation et la rapine comporte en son propre sein, un flux d’exclus, c’est-à-dire, les germes de l’autodestruction.

Nous sommes à une phase de notre histoire qui n’accepte plus les accommodements forcés et les couvertures d’accompagnement pour des faussetés criardes dans les affaires publiques. Les traficotages exaspèrent notre peuple qui se porte sur le podium du mérite et de la vérité. L’insurrection de la conscience populaire est d’un niveau qui n’a plus de repli ni de répit. C’est pourquoi la supercherie de la CEDEAO dans la résolution de la crise n’a emballé personne. Au contraire, elle a poussé à un cran de réactivité l’opinion nationale que l’Organisme sous-régional est proprement à l’étroit aujourd’hui dans un rebond de responsabilité citoyenne. Les peuples qui demeurent dans le combat de libération ont l’inspiration infaillible de multiples voies et leurs échecs deviennent des passerelles pour mieux se redresser. Ils n’abdiquent pas à leur propre combat tant que leurs réclamations demeurent entières. C’est la CEDEAO qui s’est fourvoyée sur sa propre feuille de route en flétrissant ce qui lui reste comme honneur et dignité. Dans Une si longue lettre, la Sénégalaise Mariama Bâ nous enseigne désormais que « L’appétit de vivre tue la dignité de vivre ».

Face à l’évènement, les peuples qui ont du caractère n’ont recours à personne, mais à eux-mêmes. On peut notablement constater que les Forces Vives, Espérance pour le Togo, les partis politiques en C14, le peuple Togolais et la diaspora sont dans un élan revitalisé pour reprendre à la base l’engagement populaire saboté, torpillé par une connivence cruelle de la CEDEAO dont le comité de suivi et une clique de chefs d’Etat ne sont guère au-delà du soupçon. Dans cette situation de démolition d’une étape du combat de la libération de notre pays, le cœur est toujours à la flamme de l’adversité sans s’émousser, et c’est là l’essentiel. Rien n’est joué, tout est à rebâtir dans la conviction de l’action populaire des hommes intègres, disponibles et rompus à l’épreuve. Du reste, le poème de Rudyard Kipling est une incitation. Quelques vers suffisent à nous remplir collectivement de fierté pour la promptitude des actions nouvelles programmées.

« Si tu peux voir détruire l’ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir
Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir ; (…)
Si tu peux supporter d’entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter les sots,
Et d’entendre mentir sur toi leurs bouches folles
Sans mentir toi-même d’un mot ;(…)
Tu seras un homme, mon fils. »
Que nos leaders demeurent des hommes ; le reste appartient à la souveraineté active de notre peuple.

2) Une autre phase de la responsabilité civique

Aucune lutte dans l’histoire des peuples n’est lisse, sans aspérités, sans douleur, sans trahison. Les pantins de l’histoire en quête de strapontins font partie du panorama désolant du combat de libération où qu’il se déroule. La France sous l’occupation a connu ses «collabos», de grandes trahisons. Il en est de même en Afrique du Sud sous l’apartheid. Partout où l’homme veut se faire acheter il trouve des preneurs. Tout le monde n’a pas le niveau de représentation de la différence spécifique de l’homme. La dignité humaine s’effiloche lorsqu’elle s’introduit dans le circuit de la marchandise par avidité du gain.

Fort heureusement, dans le combat de libération des peuples, les contingents de la fierté nationale font les plus gros bataillons. La mobilisation générale des Togolais de la société civile, de l’Eglise, des Imams, des pasteurs, de la diaspora, des partis politiques en C14 contre les législatives de duperie politique ne peut laisser libre cours aux parachutés d’une prestidigitation de nomination à l’Assemblée nationale. Un hémicycle fantoche est une falsification du pouvoir conféré aux représentants de la population. Comment faire mentir un peuple pour gagner son adhésion à la forfaiture?

Le Mouvement Forces Vives, Espérance pour le Togo a le devoir de se déterminer par rapport à ce nouveau coup de force électoral autant que la Coalition des 14 partis de l’Opposition, la C14 dans l’ignoble tour de nomination des députés sans aucune base de suffrages. L’écharpe d’honneur et de référence de la puissance de délégation de pouvoir ne peut pas être le torchon de la honte qui laisse indifférentes les populations.

La flamme de l’adversité populaire doit se transformer en un cratère volcanique sur les pavés de nos villes le 12 décembre prochain conformément à l’article 150 de notre Constitution. Le peuple, dans son libre jugement, a le pouvoir de décider souverainement par-delà les arrangements et les habillages immoraux dont il ne sait pas donner le moindre aval, la moindre caution.

Nous sommes attachés en tant que peuple à la liberté, aux valeurs, au mérite, à la justice sans lesquels nous ne pouvons répondre à la condition humaine. Une Assemblée fantoche dépourvue de légitimité n’est que légèreté et insouciance trop peu qualifiée pour prétendre légiférer au nom du peuple. La politique de rapine et d’usurpation en permanence finit sa course dans la conscience en insurrection de la population. Quand un peuple refuse d’être prisonnier de l’inertie et du fait accompli, il n’échappe plus à son destin.

Par notre force de rebond, nous avons la latitude de reprendre notre puissance incisive et massivement, parce que nous avons les armes infaillibles de la transcendance populaire pour confondre les usurpateurs, les pauvres accompagnateurs de l’imposture. Face à l’événement, ce sont les peuples eux-mêmes qui sont à la pointe du changement. Le mauvais destin ne peut être l’histoire singulière des Togolais contre leur volonté.

Nous devons nous en tirer à bon compte à la seule condition d’être fous sur les valeurs auxquelles nous adhérons totalement. Une autre page est possible dans la fermeté de notre rejet plantureux. Notre orgueil national doit être ciré par notre décision de liberté. « Les choses les plus belles sont celles que souffle la folie et qu’écrit la raison », nous apprend André GIDE dans son Journal.

Source : www.icilome.com