Réglée jusque-là en sourdine, la crise qui secoue le diocèse de Kpalime est aujourd’hui connue de tous. S’insurgeant contre leurs affectations qu’ils jugent «punitives», trois prêtres dudit diocèse à savoir le Révérend Père Yves Paul Azaglo de la paroisse St Joseph de Koudjravi, le R. Père Gerson Gale de la paroisse St Joseph de Assahoun Fiagbe et le Rev Père Daniel Gbadji sans Paroisse, s’en prennent frontalement à leur Père Évêque, Monseigneur Benoît Alowonou, puis à la conférence des Évêques du Togo (CET) qu’ils jugent partisane, dans sa position sur la crise.
Attention… La fronde !
L’ambiance est morose, voire délétère au sein de l’église de Dieu réunie au sein du diocèse de Kpalime. Une décision d’affectation prise en 2016 par Mgr Benoît Alowonou est mal appréciée par les trois prêtres concernés. Sauf que ces derniers, dans leurs protestations franchissent le rubicon en s’en prenant ouvertement à l’autorité du Père Évêque. Une sorte de fronde aux allures d’une rébellion jusque-là rare au sein de l’église catholique.
En effet, les Pères Yves Paul Azaglo, Daniel Gbadji, Alexandre Annibri et Gerson Gale n’ont pas caché leurs frustrations vis-à-vis de la décision prise, il y a bientôt près de deux ans déjà par Mgr Benoît Alowonou. Mais depuis lors, en vue de régler, en toute diplomatie et discrétion cette guerre ouverte entre le groupe des quatre prêtres syndicalistes et l’Evêque de Kpalime, plusieurs missions ont été dépêchées à Kpalime par la hiérarchie de l’Eglise. Du Nonce Apostolique à l’Archevêque Métropolitain de Lomé, Mgr Denis Amuzu-Dzakpa, en passant par les Évêques Nicodeme Barrigah et Jacques Anyilunda. Malheureusement, hormis le Père Alexandre Anibri qui a accepté s’exécuter, les trois autres continuent, de plus belle, leur fronde, à travers des actes et propos déshonorants à l’encontre de celui qui préside la Conférence des Évêques du Togo (CET). Le pire de ces scenarii aura été le scandale créé par les prêrtes frondeurs, le mercredi saint (mercredi 28 mars), en pleine messe à la Cathédrale de Kpalimé.
Le rubicond franchi
Devant les allégations diffamatoires hors de toutes proportions, révèle la CET dans son communiqué en date du 6 avril dernier, la Conférence des Evêques du Togo a dépêché, le mercredi 21 mars 2018, cinq (05) Evêques à Kpalimé pour rencontrer tous les prêtres de ce diocèse. Mais c’est après que le Clergé de Kpalime ait fait aux Évêques de sa tristesse que, poursuit la CET, le comble se passa. «C’est suite à la lecture de ce message que les violences et troubles que nous avons évoqués plus haut ont commencé à l’initiative étrange de trois (03) prêtres ».
Et de poursuivre : « Le Père Yves Paul AZAGLO en premier, puis le Père Gerson GALE et le Père Daniel GBADJI se sont accaparé tour à tour du micro pour lancer des propos scandaleux vis-à-vis de l’Evêque, pour se départir du message qui venait d’être lu, et inviter les fidèles à faire en sorte que la Messe Chrismale n’ait pas lieu : un désordre scandaleux et sacrilège a maintenu l’assemblée pendant près d’une heure avant que le calme ne revienne. Les 3 prêtres auteurs des troubles sont restés ostensiblement assis à leur place au moment où les 90 autres prêtres présents renouvelaient, debout devant l’Evêque, leurs promesses sacerdotales », explique le communiqué.
Douleur et révolte des Évêques
Une situation malencontreuse qui a suscité émois, stupéfaction et désapprobation au sein de l’Eglise, jusqu’au plus haut niveau. Après avoir exprimé leur douleur et indignation face aux inconduites de ces trois prêtres contestataires, la Conférence des Évêques du Togo y est allée de ses recommandations. « Face à la situation qui prévaut dans le diocèse de Kpalimé, la Conférence des Evêques du Togo recommande à son pasteur propre, Mgr Benoit ALOWONOU, de prendre des mesures prévues par le Code du droit canonique en de pareilles circonstances ». Puis elle exhorte ensuite les, prêtres, religieux, religieuses, fidèles laïcs et tout homme et toute femme de bonne volonté à continuer de vivre dans la foi et l’obéissance. Mais surtout «à aimer l’Eglise et à la servir, à aimer son prochain et à travailler à protéger la dignité de toute personne humaine».
La résistance des «frondeurs»
Mais loin de fléchir, les «pères frondeurs» dans leur réaction, disent être prêts à assumer toutes les conséquences découlant de leur insubordination. «Nous sommes alors prêts à assumer toutes mesures canoniques… à notre endroit jusqu’au Golgotha », ont- ils répliqué.
Voilà une attitude plus qu’étonnante au regard du statut moral et éthique qu’incarne un prêtre dans la société. On se serait attendu à ce que ces prêtres, qui proclament dans leur dernière déclaration qu’ils «assumerons toujours, quoi qu’il advienne, la mission à eux confiée, lors de leur ordination presbytérale, comme Prêtres de Jésus-Christ auprès du peuple de Dieu», rebroussent chemin, juste en respect des valeurs d’humilité, de discipline et d’unité qui symbolisent le corps du Christ. Mais non !
L’ombre d’un retour de Satan !
Le trio est allé jusqu’à annoncer des jours sombres pour toute la Communauté catholique togolaise « ces mesures canoniques que prendra Mgr Alowonou à notre endroit seraient simplement un motif d’éloignement et tout entêtement de Mgr Alowonou à aller dans ce sens, ne serait que suicidaire et fatale pour toute l’Eglise au Togo » ont-il averti, avant de souligner « nous sommes chez nous dans le grand KLOTO et nous y serons pour toujours. Nos frères et nos sœurs sont et seront toujours aussi avec nous pour le bien du grand Kloto ». Une façon de montrer qu’ils ont des soutiens bien ancrés dans la communauté catholique du Kloto et même autour du prélat Alowonou dans leur défiance.
Une posture qui rappelle vachement à un feuilleton similaire qu’a connu feu Mgr Julien Mawulé Kouto, alors évêque d’Atakpamé de la part de sa communauté au point de le contraindre à la démission le 1er Mars 2006.
Il faut reconnaître que cette deuxième crise populaire qu’enregistre la Communauté catholique des plateaux montre qu’il y a là ou au sein de cette Communauté catholique en général un problème de fond qu’il faut vraiment appréhender pour mieux le gérer.
Source : Fraternité No.266 du 11 avril 2018
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